L'érosion du système westphalien est devenue un *lieu commun* du discours contemporain et de la littérature savante sur les métamorphoses de l'État, de la souveraineté, de la guerre, du territoire, etc. S'inscrivant dans cette brèche, ce mémoire met le curseur sur le rôle des acteurs territoriaux non-étatiques dans la fragmentation de la souveraineté et la segmentation du territoire, à travers l'étude des territorialités émergentes qui décrivent un seuil d'indétermination entre des formes politiques pré-westphaliennes et westphaliennes. L'avènement post-westphalien, en réalité, confond parfois ses traits avec des formes politiques pré-étatiques et des techniques de gouvernement pré-westphaliennes. Sur un premier versant, l'étude des guerres intraétatiques post-guerre froide dans le Sud global a permis de diagnostiquer une prolifération d'entités territoriales non-étatiques, ces *hétérotopies de l'État* territorial westphalien, doublement symptomatique de la saillance de l'enjeu territorial. D'une part, l'émergence de ces formes ontologiquement hybrides, parfois mimétiques et souvent antagoniques, trahit la faiblesse de la greffe de l'importation de l'État westphalien dans le Sud global. D'autre part, la genèse de ces entités émergentes dans des contextes de guerre de déconsolidation des États postcoloniaux plaide en faveur d'une lecture contingente de la thèse belliciste de la formation de l'État de Charles Tilly. Le MNLA au Mali, le PYD en Syrie et Al Shabaab en Somalie ont fait l'objet de l'étude de cas multiple ayant permis d'établir que la puissance performative des toponymes et les vertus pharmacologiques de la guerre -- c'est-à-dire qu'elle est le *pharmakon* de l'État (à la fois son *poison* et son *antidote*). Sur un autre versant, au creux des *actes de discours* des acteurs territoriaux non-étatiques, une relation positive a été nouée entre la mobilisation discursive de toponymes et la prégnance de l'enjeu territorial dans les théâtres de conflits étudiés. La performativité hétérotoponymique a permis de lier l'effectuation discursive du toponyme et le champ des pratiques politiques, à travers les modalités de l'appropriation, de la conquête et du contrôle de territoires que les acteurs non-étatiques parviennent à soustraire à l'empire des États du Sud global en échec de monopole souverain. / The erosion of the Westphalian system has become a *commonplace* in contemporary discourse and scientific literature on the metamorphoses of the State, sovereignty, war, territory, etc. In accordance with this rupture, this dissertation focuses on the role of territorial non-state actors (TNSAs) in the fragmentation of sovereignty and the segmentation of territory, through the study of emerging territorialities which describe a threshold of indetermination between pre-Westphalian and Westphalian political forms. Indeed, the post-Westphalian world sometimes confuses its characteristics with pre-state political forms and pre-Westphalian governing techniques. On the one hand, the study of post-Cold War intra-state conflicts in the countries of the Global South has made it possible to diagnose a proliferation of territorial non-state entities (TNSEs). These *heterotopias* of the Westphalian territorial states are doubly symptomatic of the salience of the territorial issue since the end of the great world wars. Firstly, the emergence of these ontologically hybrid forms, sometimes mimetic and often antagonistic, betrays the weakness of the imported Westphalian state into the global South. Secondly, the genesis of these emerging entities in contexts of war of deconsolidation of postcolonial states pleads in favor of a contingent reading of the bellicist theory of state formation by Charles Tilly. The MNLA in Mali, the YPD in Syria and Al-Shabaab in Somalia were subjected to the multiple case study that established the *performative power* of toponyms and the *pharmacological virtues of war* -- namely as the state's *pharmakon* (both *poison* and *antidote*). On another side, amid the *speech acts* of non-state territorial actors, a positive relationship has been established between the discursive mobilization of the territory and the significance of the territorial issue in the studied theaters of conflicts. The heterotoponymic performativity made it possible to link the discursive effectuation of toponymy to the field of political practices, through the modalities of appropriation, conquest and control of territories that non-state actors subtract from the empire of States of the global South in failure of sovereign monopoly.
Identifer | oai:union.ndltd.org:LAVAL/oai:corpus.ulaval.ca:20.500.11794/141884 |
Date | 22 May 2024 |
Creators | Mouhamadou, Ibrahim Radjouloul-Salame |
Contributors | Lasserre, Frédéric, Campana, Aurélie |
Source Sets | Université Laval |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | COAR1_1::Texte::Thèse::Mémoire de maîtrise |
Format | 1 ressource en ligne (xii, 129 pages), application/pdf |
Coverage | Pays en voie de développement., Mali., Syrie., 1991- |
Rights | http://purl.org/coar/access_right/c_abf2 |
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