Œuvre majeure de l'historiographie communale, la Nuova cronica de Giovanni Villani constitue un passage obligé pour qui entend se plonger dans l'histoire de la Florence médiévale. Marchand, homme d’État et chroniqueur, son auteur incarne la figure du popolano grasso florentin. Narrant en treize livres l'histoire de sa cité et du monde, de ses origines jusqu'à 1348, elle a laissé plus d'une centaine de manuscrits, a participé à faire du toscan la langue des Italiens et a inspiré une bibliographie foisonnante. Cette thèse s'intéresse à un aspect largement ignoré de cet ouvrage, à savoir le rapport de l'auteur à l'histoire de son temps, en se focalisant sur les trois derniers livres couvrant les années 1326-1348. Période de mutations politiques et de bouleversements économiques, mais aussi de profonde effervescence culturelle, ces années marquent un tournant dans l'histoire communale : la Nuova cronica révèle à cet effet toute la richesse de ce premier Trecento florentin. L'étude de la chronologie de composition du texte laisse apparaître un délai très resserré entre les événements et leur retranscription. Cette quasi-contemporanéité de l'histoire pèse sur les outils et les méthodes de l'historien, qui doit revoir ses canaux d'information, renouveler ses sources et réinterpréter ses cadres explicatifs. Parallèlement à la mobilisation des réseaux marchands, l'étude des sources témoigne d'un usage intensif des documents d'archives, qui participent à créer une mémoire des institutions communales. L'analyse des cadres interprétatifs montre l'importance de la sensibilité religieuse du chroniqueur, une religion civique, qui teinte son récit d'une forte dimension moraliste et édifiante et lui donne parfois l'allure d'une somme d'exempla laïcs ou d'un manuel de vertus civiques. L'aspect exceptionnel des derniers livres de la chronique réside toutefois dans la fenêtre qu'ils ouvrent sur la culture des grands marchands florentins de ce début de XIVe siècle : à travers l'étude de deux aspects de cette culture, celle théologique et celle scientifique, il nous est donné à voir la capacité d'appropriation, par un laïc moyennement lettré, d'une large parcelle de la culture savante, constituant à cet égard un véritable exercice de vulgarisation et de médiation culturelle. / As a major work of communal historiography, Giovanni Villani's Nuova cronica is a milestone for whoever intends to immerse themselves into the history of medieval Florence. Merchant, statesman and writer, the author embodies the figure of the Florentine popolano grasso. Narrating in thirteen books the history of both his city and the world, from its origins to 1348, the chronicle has left more than one hundred manuscripts, contributed to making Tuscan the language of Italians, and has inspired an abundant bibliography. This thesis focuses on a largely ignored aspect of this book, namely the relationship the author has to the history of his time, focusing on the last three books covering the years 1326-1348. Those years were a period of important political and economic change, as of deep cultural liveliness, and marked a turning point in the communal history: the Nuova cronica reveals the prosperity of this early Florentine Trecento. The chronology of the writings shows a particularly small time span between the events and their transcription: this has its consequences on both the tools and methods of the historian, who is therefore required to re-study his information channels, renew his sources and reinterpret the explicative frameworks. In addition to relying on merchant networks, the study of the sources reveals an extensive use of archive documents, which create a memory of communal institutions. The analysis of the interpretive frameworks of history attests of the importance of the author's religious mindset; this paints his historical narrative with a strong moralistic and uplifting dimension, sometimes giving it the appearance of a sum of secular exempla or a manual of civic virtues. However, the remarkable aspect of the last books lies in the way they open new perspectives into the culture of the great Florentine merchants of this time. Through the study of two aspects of this culture, theological and scientific, the capacity of a moderately literate secular man to capture a large part of scholar culture is revealed. This makes the chronicle a true work of vulgarization which builds a link between different levels of culture.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2015LYO20152 |
Date | 28 November 2015 |
Creators | Rabiot, Jeremie |
Contributors | Lyon 2, Gaulin, Jean-Louis |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | English |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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