Découvert dans les années 1970 sur le site palafitte aujourd’hui immergé du Crêt de Châtillon (lac d’Annecy, Haute-Savoie, France), le four de Sévrier, daté de l’âge du Bronze, est considéré comme un des plus anciens fours de potier d’Europe occidentale. Il incarne l’arrivée d’une nouvelle technologie qui marquera la disparition progressive des modes de cuisson en fosse ou en meule en usage depuis l’invention de la poterie. En cette fin de l’âge du Bronze l’acmé de l’art céramique, représenté par les productions de poteries fines, pouvait donc être lié à l’utilisation d’un tel dispositif. Le caractère unique de cette construction en argile, de dimensions modestes et à parois étonnamment minces, réside dans sa conception modulaire et portable. La découverte publiée en 1975 (Bocquet et Couren 1975) recueille aussitôt un échoeuropéen et près de quarante ans après, elle reste pratiquement sans équivalent. L’utilisation de fours de potier à l’âge du Bronze, dans un contexte occidental, demeure pourtant une question ouverte et depuis les années 80, l’interprétation avancée pour le four de Sévrier alimente régulièrement ce débat. L’objectif de cette thèse de doctorat est de porter un nouveau regard sur cet objet de référence quelque peu voilé par sa célébrité et réexaminer les hypothèses fonctionnelles non encore étudiées. Après une présentation du contexte et de l’historique de la découverte, un premier volet aborde différents aspects de l’objet archéologique: sa morphologie, sa conception, sa restauration, son comportement lors d’expérimentations de cuissons de céramiques, ses traits singuliers qui le rapprochent ou le distinguent des fours de potiers plus tardifs ou des structures d’argile à parois fines diversement interprétées. Notre analyse du four de Sévrier comporte trois volets : a) l’inventaire du matériel découvert sur le Crêt de Châtillon et l’intégration éventuelle d’éléments non pris en compte dans la reconstruction, b) une analyse archéométrique (minéralogie des argiles) portant sur les tessons du four et sur des argiles des gisements situés à proximité du Crêt de Châtillon. Une analyse des changements de phases des argiles cuites en fonction de l’intensité de la température, c) l’évaluation de la température minimale et maximale subie par le four afin de confirmer ou exclure certaines utilisations. L’analyse fonctionnelle du four aborde, en premier lieu, l’hypothèse privilégiée, celle consacrée à la cuisson des poteries. Une méthode expérimentale comparative permet de préciser les avantages et inconvénients de différents procédés de cuisson de poteries noires et cherche à évaluer l’apport technologique supposé avoir été introduit par le four de Sévrier. D’autres alternatives sont abordées, en particulier la fonction culinaire. Cette interprétation est confortée par la découverte d’inédits indices d’usages observés lors de cette étude sur des matériels similaires de même époque et provenance. L’inventaire des structures comparables constitue un autre volet de cette recherche. Elle témoigne de l’usage courant des structures de cuisson en argile de faible épaisseur aux âges du Bronze et du Fer. Leur diffusion géographique s’étend des Balkans à l’Espagne et de la Grande Bretagne à la Grèce. Le recensement d’une famille large et multiforme de dispositifs portables en argile à vocation domestique nous permet de poser les bases d’une typologie et de proposer un scénario d’évolution et d’influences entre des régions parfois très éloignées. / This study focuses on a unique archaeological finding from the Crêt de Châtillon, a late Bronze Age lacustrine village situated on a now submerged island in Lake Annecy (Haute-Savoie, France). The Sévrier kiln is considered to be one of the oldest pottery kiln in Western Europe. Over the years it has become internationally known and still forms the basis of research projects and experiments relating to Bronze Age ceramic technology. It embodies the arrival of a new technology that would mark the gradual disappearance of the open fire or pit firing modes that had been used since the invention of pottery. As such, the acme of ceramic art which marks the end of the Bronze Age, may therefore be related to the use of such a device. The uniqueness of this clay building of modest proportions and surprisingly thin walls, lies in it modular and portable design. The discovery, published in 1975 (Bocquet and Couren 1975) soon received a valuable feedback in Europe and nearly forty years later remains virtually unparalleled. However, the use of pottery kilns in the Bronze Age in a Western context remains an open question. Since the 1980s, several arguments will gradually undermine this interpretation. The purpose of this study is to take a fresh look at this inescapable object, somewhat veiled by its celebrity and review functional hypotheses hitherto not studied. After describing the background and the history of the discovery, we discuss various aspects of the archaeological kiln: morphology, design, restoration, use, experimentations and singular features that approximate or distinguish this furnace from later pottery kilns or thin-walled clay structures wich have been variously interpreted. This analysis of the kiln of Sévrier has been threefolds: (a) an inventory of the findings from the Crêt de Châtillon and a discussion about the integration of many components excluded from the reconstruction ; (b) archaeometric analysis (clay mineralogy) of the kiln and the clay deposits located near the site and (c) identification of the changing phases in clays, subjected to high temperatures and determination of the temperature experienced by the furnace. The functional analysis, reviews different hypotheses : (a) pottery firing : a comparative experimental method that aims to highlight the benefits and disadvantages of different processes to produce black pottery. The purpose is to underscore the technological contribution assumed to have been introduced by the Sévrier kiln. (b) Other functional alternatives will be discussed, especially the culinary function. This interpretation is supported by the discovery of unprecedented indices discovered during this study. The inventory of comparable structures is another aspect of this research. The relatively widespread use of such thin-walled clay structures during the Bronze and Iron ages is highlighted. Their geographical distribution extends from the Balkans to Spain and from Great Britain to Greece. The census of a multiform family of domestic portable clay ovens allows us to propose a new typology and a scenario of diffusion between regions sometimes very remote, completes this new outlook and draw new perspectives for the research.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2012LYO20096 |
Date | 24 October 2012 |
Creators | Coulon, Jean |
Contributors | Lyon 2, Desbat, Armand |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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