Au sein de la culture lettrée qui est la nôtre, il semble que la littérature soit d'emblée associée à l'écrit. Aussi, les manifestations contemporaines de la littérature orale sont-elles souvent laissées pour compte par les études littéraires, voire dévaluées par l'institution. Or, à une époque où l'on observe une importante résurgence de l'oralité en littérature, il apparaît d'autant plus pertinent de se pencher sur ses nouvelles formes, qui relèvent tout autant de la tradition que d'une modernité caractérisée par l'interdisciplinarité et l'évolution technologique. Dans la mesure où le développement des cultural studies, à la lumière d'une définition extensive de la culture, nous permet de nous intéresser à des pratiques qui n'appartiennent pas à la"haute culture", nous avons pris pour objet le mouvement de slam, qui participe précisément de cette résurgence contemporaine de l'oralité et qui émane, de surcroît, d'une culture"d'en bas". C'est, plus particulièrement, son actualisation québécoise qui constitue le coeur de ce mémoire, bien qu'il ait semblé nécessaire d'en dresser un portrait plus large, vu la méconnaissance relative du phénomène. C'est en 2006 que le mouvement - qui a pris racine au milieu des années 80 aux États-Unis - s'est installé dans la culture francophone du Québec, notamment sous l'impulsion de sa popularisation en France. Il y acquiert rapidement un visage pluriel, fondé sur une ambiguïté quant à la définition même du terme"slam" : s'il désigne à la base un mouvement poétique et social, de même qu'un cadre particulier structurant la pratique de la poésie performée (le slam de poésie), il en vient rapidement à être assimilé à un style, du fait de sa récupération par la culture de masse. Dans un premier chapitre, nous nous attardons à l'histoire du mouvement, ainsi qu'à son évolution aux États-Unis et en France. Dans un deuxième chapitre, nous en retraçons la brève histoire au Québec, avant de dégager les caractéristiques propres de son ancrage québécois. Dans un troisième chapitre, nous analysons la couverture journalistique du slam au Québec, ainsi que sa relation complexe avec l'institution littéraire, et terminons par l'analyse de quatre oeuvres québécoises qui se réclament du slam sans pourtant en adopter le cadre original, afin de cerner leur positionnement en regard du mouvement, de même que les enjeux de la diffusion de l'oralité qu'elles mettent au jour, à l'époque de sa reproductibilité technique.
Identifer | oai:union.ndltd.org:usherbrooke.ca/oai:savoirs.usherbrooke.ca:11143/5680 |
Date | January 2011 |
Creators | Jeukens, Sophie |
Contributors | Boisclair, Isabelle |
Publisher | Université de Sherbrooke |
Source Sets | Université de Sherbrooke |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Mémoire |
Rights | © Sophie Jeukens |
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