Lors de la victorieuse campagne d’Italie (1796-1797), qui a lieu dans le cadre des guerres révolutionnaires françaises (1792-1802), un nombre important d’objets précieux est saisi pour être transporté à Paris, nouvel épicentre autoproclamé de la culture et du savoir européens. La liste des objets à déplacer est longue, variée et prestigieuse. Des outils d’agriculture, des minéraux, des livres rares, des traités de science, des semences, des partitions de musique, des spécimens végétaux et, surtout, des monuments de l’Antiquité et des tableaux de la Renaissance, sont appelés à garnir les institutions de la capitale française. Ce grand coup de filet est souligné par la tenue d’une fête à Paris les 9 et 10 thermidor an VI (27 et 28 juillet 1798), nommée l’Entrée triomphale des objets de sciences et d’arts recueillis en Italie.
Pour atteindre leur nouvelle destination, les objets saisis sont soumis à la contingence du voyage. Ils traversent des montagnes, des routes, des ports, des mers, des fleuves, des canaux, des rues et des boulevards. Le trajet se fait sur des chariots, dans la paille ; les objets d’art sont enfouis à l’intérieur de caisses goudronnées, scellées et marquées du sceau officiel de la République. Même s’ils sont cachés et hors de lieux traditionnellement étudiés par l’histoire de l’art, les objets d’Italie jouissent, durant cet intervalle, d’une grande visibilité par le biais des journaux qui suivent avidement les aventures des convois qui traversent des lieux instables et des territoires accidentés. Qui plus est, le déplacement s’effectue sur un fond d’instabilité sociale et de crises politiques, alors que le régime du Directoire (1795-1799) peine à asseoir sa légitimité et que la Contre-Révolution se manifeste dans le résultat des élections législatives.
En puisant dans un cadre théorique croisant les mobility studies, les material studies, les études sur le nationalisme et l’histoire des émotions, cette thèse démontre que le transit entre Rome et Paris devient une épopée mettant en récit les contours d’une identité française en quête d’unité. En effet, le transfert des objets d’Italie est un levier d’édification nationale qui mobilise des thèmes au fondement du sentiment patriotique, comme la supériorité civilisationnelle, le savoir-faire technique et l’ascendance morale. Trois grands moments sont à l’étude : le moment des saisies, le moment du transport et le moment de la célébration. / During the victorious Italian Campaign (1796-1797) that took place during the French Revolutionary Wars (1792-1802), a significant number of precious objects were seized and transported to Paris, the new self-proclaimed epicentre of European culture and knowledge. The list of objects was long, varied, and prestigious. Agricultural tools, minerals, rare books, scientific treatises, seeds, musical scores, plant specimens, and above all, monuments from antiquity and Renaissance paintings, were amassed for the purpose of gracing the institutions of the French capital. On 9 and 10 Thermidor year VI (27th and 28th of July, 1798), the convoy was paraded through the streets of Paris in a celebration titled l’Entrée triomphale des objets de sciences et d’arts recueillis en Italie (the triumphal entry of objects of the sciences and arts collected in Italy).
En route to their new destination, the precious objects were subjected to the contingencies of the voyage. Buried in sealed and tarred crates marked with the official seal of the Republic and piled onto straw-filled carts, they journeyed over mountains, on roads, through ports, across seas, and down rivers, canals, streets and boulevards. Although the objects were hidden and kept far from areas traditionally studied by art history, they received wide coverage in newspapers that avidly chronicled the convoy’s adventures through volatile areas and rugged terrain. What is more, the journey took place against a backdrop of great social unrest and political crises, while the regime of the Directory (1795-1799) struggled to establish its legitimacy and the Counter-Revolution rose in the wake of the legislative elections.
Drawing on a theoretical framework bridging mobility studies, material studies, nationalism studies, and the history of emotions, this dissertation demonstrates that the transit between Rome and Paris became a narrative epic that outlined a French identity in search of unity. In fact, the objects’ transit from Italy became a lever of national edification that mobilized the themes that are the basis of patriotic sentiment, such as civilizational superiority, technical knowledge, and moral ascendancy. Three major moments will be studied: the seizure of the objects, their transportation, and the moment of celebration.
Identifer | oai:union.ndltd.org:umontreal.ca/oai:papyrus.bib.umontreal.ca:1866/25578 |
Date | 08 1900 |
Creators | Reinhardt, Chanelle |
Contributors | Contogouris, Ersy |
Source Sets | Université de Montréal |
Language | fra |
Detected Language | French |
Type | thesis, thèse |
Format | application/pdf |
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