Ce mémoire vise à montrer l'imbrication de trois dimensions de la recherche de terrain en linguistique : la description des faits, l'investissement sur le terrain, et la réflexion théorique, de façon à développer une approche pluridimensionnelle de la variation. Les trois parties du mémoire correspondent à ces trois dimensions. Le concept de variation permet de considérer la langue non seulement hétéroclite par essence, mais surtout caractérisée par une multiplicité de façons de dire. La discussion menée sur la variation de la langue (chapitres 1, 2 et 10 à 12) s'appuie sur la maitrise préalable de la description linguistique en situation de contacts de langue (chapitres 3 à 5 et 11 à 12) et sur une méthodologie soignée de recueils de corpus oraux transcrits et documentés (chapitres 6 à 9). La première partie, Descriptions dans un français, comporte cinq chapitres qui peuvent se regrouper en deux sous-parties. Les chapitres 1 et 2 posent quelques bases théoriques qui positionnent les analyses qui suivent. Ils procèdent à une approche de la représentation de la variation, générale, puis en référence à quelques auteurs. Plusieurs notions et catégories sont remises en cause ou discutées, comme celle de langue considérée comme un ensemble de variétés structurellement constituées. D'autres notions sont adoptées, en vue d'une plus grande utilité opératoire : aire communicative ou linguistique, représentation, réseau, fonctionnalisation, innovation, métissage. Les chapitres 3, 4 et 5 traitent de syntaxe et de descriptions syntaxiques. Dans ces chapitres, les discussions portent sur les méthodes de description des faits (centrage sur les formes vs appréciation de leurs utilisations et fonctions), sur l'exemple, sur les comparaisons, sur la façon de regrouper les faits. La deuxième partie, La recherche de la variation / méthodologie de l'enquête, traite de la méthodologie de l'enquête uniquement par rapport à mes expériences de terrain. Les chapitres 6 et 7 examinent la difficulté et les possibilités de maintenir des relations étroites entre terrain et corpus. Le chapitre 8 examine ensuite les relations entre le chercheur et le terrain, les enquêtés et l'enquête. Le chapitre 9 rassemble quelques expériences concernant la construction proprement dite des données. La méthodologie défendue est celle appelée " écologique ", qui prend en compte les interactions des locuteurs dans leur environnement à plusieurs niveaux, avec une forte implication des chercheurs à toutes les étapes de l'enquête. La troisième partie, Des explications pour la variation ?, présente des réflexions sur des approches de la variation qui vont au-delà des descriptions de formes. Dans le chapitre 10 sont proposées des explications à la variation, du côté du locuteur. Le chapitre 11 montre que le contact des langues n'est pas un embarras pour la recherche théorique générale, ni même un phénomène excentrique parmi ceux qui touchent la variation. Le chapitre 12 tente l'intégration de quelques phénomènes bien circonscrits, et analysés auparavant, dans des processus linguistiques généraux : grammaticalisations en discours, réanalyses, fonctionnalisations liées à la subjectivation, érosions et syncrétismes phonologiques. La conclusion revient sur la métaphore écologique et remet au premier plan la difficulté de tenir compte des divers ordres dans lesquels se situent les mêmes faits, ce qui semble être un point commun aux sciences qui ont trait au vivant, en particulier à l'humain.
Identifer | oai:union.ndltd.org:CCSD/oai:tel.archives-ouvertes.fr:tel-00766908 |
Date | 14 September 2012 |
Creators | Boutin, Béatrice Akissi |
Publisher | Université de Nanterre - Paris X |
Source Sets | CCSD theses-EN-ligne, France |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | habilitation ࠤiriger des recherches |
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