L'écotourisme est souvent perçu comme une panacée capable de concilier le développement économique, la protection de l'environnement et le bien-être des communautés autour des aires protégées des pays en développement. La réalité sur le terrain est cependant tout autre, car son caractère complexe, politique et transcalaire est trop souvent négligé lors de la mise en œuvre des interventions. Le but de ce projet de recherche est de jeter un nouvel éclairage sur le développement de l'écotourisme dans les aires protégées des pays du Sud à travers une analyse critique des pratiques et des discours qui lui sont associés. Adoptant un cadre conceptuel dérivé de l'écologie politique, nous avons cherché à comprendre comment l'écotourisme affecte l'accès aux ressources naturelles pour différents acteurs sociaux. L'approche méthodologique s'appuie sur une étude de cas essentiellement qualitative qui s'attarde à un projet spécifique amorcé à Chi Phat, dans une forêt protégée des Cardamomes, au sud-ouest du Cambodge. Elle fait appel à l'analyse documentaire et discursive, à l'observation participante ainsi qu'à plus de 80 entretiens semi-directifs auprès d'acteurs clés. Nos résultats montrent d'abord qu'en matière d'écotourisme au Cambodge, il y a absence de lignes directrices claires et on observe très peu de collaboration, et ce, à tous les niveaux. Cela n'est pas étranger au fait que le gouvernement actuel accorde en général la priorité au développement devant la conservation. Ensuite, le projet d'écotourisme permet à Wildlife Alliance de justifier le maintien de la forêt protégée. Cette ONG se démarque par ailleurs des autres organisations au pays par son approche plus musclée. Le pouvoir dont elle jouit et les résultats qu'elle obtient sur le terrain tiennent en sa capacité à mobiliser, en temps opportun, l'ensemble des moyens disponibles pour contrôler l'accès. Globalement, nous pouvons affirmer que les principaux acteurs qui voient leur accès aux ressources naturelles touché négativement sont les paysans. Finalement, nous proposons deux ajouts au cadre conceptuel, soit la considération de l'aspect géographique de l'exclusion et l'introduction de modalités d'exclusion, qui permettent à notre avis une analyse plus juste de la situation. / Ecotourism is often seen as a panacea for reconciling economic development, environmental protection and well-being of communities around protected areas in developing countries. However, the reality on the ground is different, because its complex, political and transcalar character is too often overlooked in the implementation of interventions. The purpose of this research project is thus to shed new light on the development of ecotourism in protected areas of the less developed countries through a critical analysis of practices and discourses that are linked to it. Adopting a theoretical framework derived from political ecology, we sought to understand how ecotourism affects access to natural resources for different social actors. The methodological approach is based on a qualitative case study that focuses on a specific project initiated in Chi Phat, located next to a protected forest in south-western Cambodia. It uses literature review, discourse analysis, participant observation as well as more than 80 semi-structured interviews with key actors. Our results show first that there are no clear guidelines for ecotourism development in Cambodia, and we observe very little collaboration at all levels. This is not unrelated to the fact that the current government is generally prioritizing development over conservation. Then we showed that the ecotourism project allows Wildlife Alliance to justify the existence of the protected forest. This NGO also stands out in the country by its more radical approach to conservation. The power it has and the results it obtains on the ground come from its ability to mobilize, in a timely manner, all available means to control access. Overall, we can say that the main actors whose access to natural resources are adversely affected through the ecotourism project are local farmers. Finally, we propose two additions to the conceptual framework, namely the consideration of the geographical aspect of access and exclusion, and the introduction of degrees of exclusion, which allow a more accurate analysis of the situation.
Identifer | oai:union.ndltd.org:umontreal.ca/oai:papyrus.bib.umontreal.ca:1866/11637 |
Date | 08 1900 |
Creators | Tardif, Jonathan |
Contributors | André, Pierre, De Koninck, Rodolphe |
Source Sets | Université de Montréal |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Thèse ou Mémoire numérique / Electronic Thesis or Dissertation |
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