Cette recherche entend analyser les productions eschatologiques byzantines et arabes rédigées pendant les deux premiers siècles après la naissance de l'Islam. L'expansion soudaine des troupes islamiques, a été interprétée par les Chrétiens d'Orient surtout selon une optique apocalyptique; une grande partie des sources en grec et en syriaque compte l'invasion soudaine des Arabes parmi les signes de la fin des temps. Dans la narration eschatologique la conquête arabe devient une tribulation éphémère avant la victoire finale du bien; cette vision de l'histoire fournit ainsi des éléments d'espoir et d'encouragement à la résistance des Chrétiens assujettis. À cette fin, les conquêtes musulmanes ont été assimilées à des figures eschatologiques de la précédente production apocalyptique juive et chrétienne: leur avènement a été perçu comme une punition pour les péchés des Chrétiens, et ainsi les caractéristiques des bêtes apocalyptiques ou quelles des hordes de Gog et Magog ont été attribuées aux nouveaux conquérants. Les événements choquants de ces années ont été ainsi inclus dans une vision sotériologique, et dé-historicisés par la médiation fondamentale mise en œuvre par le discours apocalyptique. Les prophéties d'affranchissement ont en outre développé une figure messianique "nationale" et humaine: le «Dernier Empereur», le souverain grec vainqueur des Arabes avant la descente de Jésus Christ. De même, entre les conquérants musulmans, après la chute soudaine des Sassanides, la production eschatologique a été consacrée à la représentation apocalyptique de l'ennemi byzantin: des pics de pression eschatologique sont détectables dans les oeuvres eschatologiques musulmanes en même temps que les deux sièges de Constantinople de 674-678 et 717-718; un grand nombre des traditions (aḥādīth) a été dédié à la prédiction de la chute de la ville; souvent dans la tradition eschatologique musulmane la conquête de Constantinople est le dernier événement avant le jugement final, ou le prélude au royaume chiliastique du Mahdī, le souverain juste décrit dans la grande production des aḥādīth musulmane. Les craintes d'une campagne de reconquête byzantine ont été sublimées dans les traditions musulmanes, qui représentent cet événement comme une fitna (tribulation) temporaire avant la victoire de l'Islam; dans ce cas également, par conséquent, la peur de l'ennemi est annulée par la dé-historicisation religieuse, qui donne un nouveau sens aux événements par l'intermédiaire du discours apocalyptique. La principale collection de traditions eschatologiques musulmanes est le Kitab al-Fitan (Livre des tribulations) de Nu'aym b. Hammad rédigé avant l'année 844. Cette collection, qui comprend plus de deux mille traditions séparées par chapitre, est l'une des rares œuvres de collection organisée par une division thématique, et est probablement la plus ancienne parmi celles qui existent aujourd'hui. J'ai effectué une traduction des principales narrations eschatologiques contenues dans cette œuvre. / In my research I analyse the eschatological productions, both Christian and Muslim, written in the two centuries after the birth of Islam. In works such as the Syriac apocalypses of Pseudo-Methodius and Pseudo-Ezra the sudden expansion of Muslim troops was mainly perceived by Eastern Christians as an apocalyptic trial, a sign of the End of Time. On the Muslim side, the main eschatological aḥādīth collection, the Kitab al-Fitan by Nu’aym b. Hammad (d. 844) shows the existence of a vital apocalyptic production which rose in correspondence to times of internal and external strife. The first part of my work deals with the use of these apocalyptic texts as historical sources, by analysing the so-called ‘vaticinia ex eventu’ (the genuine historical narrations concealed in the eschatological texts by the use of pseudonymia and isnad backdating) to shed light on some of the main events of the Arab-Byzantine conflict (e.g. the still debated chronology and size of the Arab sieges of Constantinople). In a second part I survey some of the main themes common to both of these eschatological productions (such as the depiction of the enemy, the development of messianic figures, the role of Jerusalem in the end-time, etc.); the use of a comparative perspective bears a fundamental theoretical contribution, by highlighting the presence of direct references between the different traditions, but also by underlining the common processes of eschatological production and development. Some other remarks deal with the contemporary use of these traditions, made by both Muslim and Christian fundamentalists, who look for a “prophesied roadmap” to read the current world events.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2018PSLEP048 |
Date | 21 November 2018 |
Creators | Furlan, Francesco |
Contributors | Paris Sciences et Lettres, Università degli studi (Padoue, Italie), Amir-Moezzi, Mohammad Ali, Cremonesi, Chiara |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | Italian |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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