Les études académiques récentes sur l'influence de l'opinion publique sur les interventions militaires dans les démocraties occidentales concluent pour la plupart que l’opposition du public n’a pas empêché le président de faire usage de la force. Ces études se concentrent souvent sur le choix d'intervenir dans un conflit donné et omettent d'analyser les ajustements apportés à l'intervention elle-même du fait de l'opinion publique. Cette étude tente au contraire de montrer qu'on ne peut comprendre l’influence de l'opinion publique si l'on se limite à la décision d'intervenir et n’étudie pas les décisions connexes liées à la conduite et à la réussite d'une intervention: le choix des moyens humains et financiers, les objectifs, la stratégie de communication. La littérature scientifique actuelle omet également de dévoiler la manière dont l'exécutif tente de gérer la contrainte de l'opinion publique et comprendre ainsi quelle est sa véritable marge de manœuvre vis-à-vis de celle-ci. En effet, l’opinion publique et la présidence s’influencent mutuellement : le président est souvent contraint de trouver un compromis entre les objectifs politiques et militaires désirés et ce que le public est prêt à accepter. En incluant l'impact de l'opinion publique sur la mise en œuvre des opérations militaires, cette recherche conclut que le public américain a eu une influence majeure sur le degré d'engagement, les objectifs et la durée des interventions militaires de l'après Guerre froide. Notre étude s’appuie principalement sur des entretiens avec des responsables politiques impliqués dans le processus décisionnel ayant conduit à l’usage de la force après la Guerre froide. Ce processus décisionnel sera analysé à travers cinq études de cas. / Recent qualitative studies of the relationship between public opinion and U.S. foreign policy put decisions into the following two categories: the President tends to lead or to follow public opinion; public opinion influences decision-making, constrains the decision, or has no impact. These studies typically research the initial decision to intervene, but fail to examine the subsequent decisions to sustain and win a war: financial and human means, conduct, objectives, duration, and communication. I argue that these elements of a winning strategy are impacted by concerns with public support at home. The impact of public opinion on the decision whether to use force is better understood when analyzing the compromise between the perception of anticipated public opinion and the necessities of a military campaign. Public opinion impacts the strategy, the timing, and length of an intervention, and inversely, those elements impact the anticipated public opinion and ultimately the decision to use force or choose a different course of action. The president can expect to influence public opinion and raise the acceptability of an intervention through various means. As a consequence, there is a back-and-forth process between anticipated public support for a given intervention and the consideration of the use of force. Contrary to the current literature, which tends to conclude that the president enjoys a substantial margin for maneuver, an analysis of post Cold War cases of interventions, limited interventions, and military escalations shows that anticipated public opinion limited the president's margin for maneuver and influenced not only the decision to intervene but also the military strategy and in the end, the result of the intervention. These findings contradict the realist paradigm for which only the structure of the international system matters and domestic politics are irrelevant in the study of international relations.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2014IEPP0014 |
Date | 28 April 2014 |
Creators | Dieck, Hélène |
Contributors | Paris, Institut d'études politiques, Cohen, Samy |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | English, French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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