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Étude expérimentale des effets de l'alcool et de l'excitation sexuelle en matière de coercition sexuelle

Thèse réalisée en cotutelle avec l'Université Européenne de Bretagne - Rennes 2 / Alors que plusieurs auteurs ont souligné l’existence d’un contexte social relativement permissif pour expliquer l’ampleur de la coercition sexuelle dont sont victimes les femmes, cette thèse a privilégié un niveau d’analyse individuel. De concert avec une perspective interactionniste somme toute classique, il a alors été proposé que des facteurs situationnels puissent contribuer à actualiser des facteurs de risque individuels et, par ce biais, précipiter le passage à l’acte.
L'objectif général de cette thèse était ainsi d'étudier expérimentalement les effets de l'alcool et de l'excitation sexuelle sur la perception du consentement et les intentions comportementales d'utiliser des stratégies coercitives pour avoir une relation sexuelle. Plus exactement, et afin d’étudier les effets de l’alcool sur la perception des intentions comportementales exprimées par une femme, un plan expérimental inter-participants a permis de répartir aléatoirement 150 participants, issus de la population générale, dans une condition Avec alcool ou dans une condition Sans alcool. La concentration d’alcool dans le sang visée était de 0,8 g/L (2,22 ml de vodka à 40 % par kg). Par la suite, les participants étaient à nouveau répartis aléatoirement dans l'une des deux modalités du facteur Excitation sexuelle, soit Avec excitation sexuelle et Sans excitation sexuelle. Un plan factoriel inter-participants 2x2 a alors permis d'étudier les effets de l'alcool et de l'excitation sexuelle sur le temps de latence pour indiquer qu'une femme n'est plus intéressée par avoir une relation sexuelle, ainsi que sur les intentions comportementales d’utiliser des stratégies coercitives non-violentes et de commettre un viol.
Pour ce qui est de la perception des intentions comportementales, les résultats, obtenus à l’aide d’analyses de variance mixte, indiquent qu’il existe une difficulté à percevoir correctement une absence de consentement lorsqu’elle n’est pas exprimée avec suffisamment d’intensité. Toutefois, cette difficulté est indépendante des effets de l’alcool, dans la mesure où elle se manifeste aussi bien chez les hommes qui ont consommé de l’alcool que chez ceux qui n’ont pas consommé d’alcool. Pour ce qui est de l’identification d’une absence de consentement sexuel, les résultats, obtenus à l’aide de modèles de régression linaire multiple et de régression de Cox, indiquent qu’il existe un effet de l’alcool, mais que cet effet est modéré par les distorsions cognitives. Toutefois, si la consommation d’alcool contribue, chez les individus présentant des distorsions cognitives au-delà d’un certain niveau, à différer l’identification d’une absence de consentement sexuel, elle ne l’empêche pas. Enfin, les résultats, issus de modèles de régression linéaire multiple et logistique multiple, indiquent que l’effet de l’alcool sur les intentions comportementales d’utiliser des stratégies coercitives est également modéré (et conditionné) par le niveau de distorsions cognitives. Plus exactement, malgré la perception d’une absence de consentement sexuel, notamment lorsqu’elle est exprimée avec suffisamment d’intensité, les individus qui présentent un niveau particulièrement élevé de distorsions cognitives sont plus à risque d’utiliser des stratégies coercitives non-violentes en l’absence d’alcool, mais sont également plus à risque de commettre un viol lorsqu’ils ont consommé de l’alcool.
Par ailleurs, les résultats indiquent que notre manipulation de l’excitation sexuelle pourrait avoir, au moins partiellement, échoué. De nouvelles études apparaissent ainsi nécessaires afin de comprendre le rôle éventuel de l’excitation sexuelle dans la perception du consentement et les intentions comportementales d’utiliser des stratégies coercitives pour avoir une relation sexuelle.
Alors que ces résultats ouvrent la voie à de nouvelles recherches afin de mieux comprendre les processus et mécanismes par lesquels l’alcool peut, chez certains individus, contribuer à expliquer la coercition sexuelle, des implications pratiques peuvent également être proposées. Ainsi, si les résultats relatifs à la perception du consentement soutiennent l’importance de programmes de prévention primaire, voire situationnelle, les résultats relatifs aux intentions comportementales d’utiliser des stratégies coercitives soulignent que des programmes de prévention secondaire apparaissent également comme un élément indispensable d’une politique efficace de prévention de la coercition sexuelle. / While a relatively permissive social context has been argued to explain the extent of sexual coercion against women, this dissertation has favored an individual level of analysis. In accordance with a classic interactionist perspective, situational factors have been proposed to contribute to trigger individual risk factors and, therefore, precipitate sexual coercion.
The overall objective of this dissertation was to experimentally study the effects of acute alcohol intoxication and sexual arousal on the perception of consent and on behavioral intentions to use coercive strategies to have sex. More precisely, a between-subjects design was used to study the effects of acute alcohol intoxication in men on their perception of a woman’s behavioral intents. The 150 participants, recruited from the general population, were thus randomized either in a condition With alcohol or in a condition Without alcohol. The targeted blood alcohol content was 0,08 % (2,22 ml of 40% alcohol-by-volume Absolut vodka per kg of body weight). Then, participants were once again randomized in one of the two levels of “Sexual arousal” factor: a condition With sexual arousal and a condition Without sexual arousal. A 2x2 between-subjects factorial design was thereby used to study the effects of acute alcohol intoxication and sexual arousal on the latency to indicate that a woman is no longer interested in having sex as well as on the behavioral intentions to use non-violent coercive strategies and to commit rape.
First, in regards to the perception of a woman’s behavioral intents, the results of mixed ANOVAs indicate that there exists a difficulty in correctly perceiving an absence of consent if it is not expressed with sufficient intensity. However, this difficulty is independent of the effects of alcohol consumption, as participants in both conditions express this difficulty. Secondly, for the identification of an absence of sexual consent, results of multiple linear regressions and Cox regression indicate that alcohol consumption does have an effect, but this effect is moderated by cognitive distortions. Moreover, if alcohol consumption contributes to postpone the identification of an absence of sexual consent in participants with a higher level of cognitive distortions, it does not ultimately hinder it. Finally, results of multiple linear and multiple logistic regressions indicate that the effect of alcohol consumption on behavioral intentions to use coercive strategies to have sex is also moderated (and conditioned) by the level of cognitive distortions. Despite the fact that participants ultimately correctly perceive an absence of sexual consent, those with a higher level of cognitive distortions are more likely to use non-violent coercive strategies to have sex if no alcohol is consumed and, are also more likely to commit rape when they consume alcohol.
Moreover, results indicate that our experimental manipulation of sexual arousal may have partially failed. New studies appear necessary in order to better understand the potential role of sexual arousal on the perception of consent and on behavioral intentions to use coercive strategies.
While these results pave the way for new research in order to better understand the processes and mechanisms by which acute alcohol intoxication may help to explain sexual coercion in some individuals, practical implications must also be considered. While results related to the perception of consent support the relevance of primary and situational prevention, results related to behavioral intentions to use coercive strategies to have sex highlight the need for secondary prevention in order to develop an effective policy for sexual coercion prevention.

Identiferoai:union.ndltd.org:umontreal.ca/oai:papyrus.bib.umontreal.ca:1866/18445
Date07 1900
CreatorsBenbouriche, Massil
ContributorsGuay, Jean-Pierre, Testé, Benoit
Source SetsUniversité de Montréal
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
TypeThèse ou Mémoire numérique / Electronic Thesis or Dissertation

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