Cette thèse interroge la transmission de l’expérience de l’inondation en rapport avec les contextes, situations et supports à partir desquels les souvenirs prennent forme et perdurent potentiellement. Sont questionnés plus spécifiquement les rôles des objets du quotidien et des artefacts mémoriels dans la construction et à la transmission de l’expérience de l’inondation. Pour répondre à cet objectif, cette thèse s’inscrit dans un champ conceptuel en psychologie sociale qui étudie la pensée sociale en contexte. Cette approche permet d’étudier l’élaboration des connaissances et leur transmission en étroite relation avec les contextes sociaux, temporels et spatiaux. Ce développement théorique permet de concevoir une approche dynamique et contextualisée des processus mémoriels. La théorie des représentations sociales est mobilisée puisqu’elle investigue la familiarisation comme un processus se réalisant en fonction des catégories signifiantes propres à la culture et à la mémoire des groupes. Afin de saisir l’objet de recherche à travers différents prismes et de confronter plusieurs points de vue sur l’expérience de l’inondation, deux méthodes sont utilisées. La combinaison d’entretiens de recherche avec des personnes ayant vécu une ou plusieurs inondations et d’une analyse de presse via la méthode Alceste, permet l’examen des savoirs mobilisés dans la représentation et dans la transmission de l’inondation, en tant qu’objet social et/ou expérience vécue. L’analyse des résultats montre que les objets sont les instruments d’une négociation de l’expérience, entre mémoire et oubli. Les artefacts mémoriels présents dans l’espace social résultent de cette négociation. Ils rappellent un événement tout en lui donnant une forme précise, contrôlée. L’événement est transformé que ce soit dans son récit ou dans son inscription spatiale pour revêtir une forme acceptable et conventionnelle. Ces objets peuvent soutenir la mémoire de l’événement et être au service de l’oubli des expériences. Tandis que cette objectivation graphique lisse la pluralité des expériences, les objets du quotidien offrent un interstice malléable entre l’oubli et la mémoire, un espace de négociation mémorielle. Ils servent de support à la narration tout autant qu’ils livrent une certaine représentation de l’événement. Leur sélection, sous-tendant des comparaisons ou des différenciations avec d’autres expériences d’inondation, permet de transmettre l’expérience vécue comme ancrée dans et selon des catégories existantes, tout en maintenant la singularité du vécu. Cette forme de transmission, articulant traces mémorielles et traces matérielles lors de la transmission d’une expérience correspond à un schéma admis et existant dans le contexte social et culturel. / This thesis investigates the transmission of flood experience in relation to the contexts, situations and entities based on which memories take shape and potentially persist. The role of everyday objects and memory artifacts in the construction and transmission of flood experience are specifically investigated. To meet this purpose, the present work falls within the conceptual field of social psychology, studying social thinking in context. This approach enables the study of the development of knowledge and its transmission in relation to social, temporal and spatial contexts. This theoretical development implements a dynamic and contextual approach to the study of memory process. Social representation theory is fundamental to this work because it investigates familiarization as a process based on creating significant categories depending on the culture and collective memory of the group. Two methods are used to capture different aspects of the object of research and compare multiple perspectives on flood experience. The combination of the research interviews of people who have experienced one or more floods and media analysis - using ALCESTE - allows the analysis of the knowledge used in the representation and transmission of the flood as a social object and/or an experience. The results show that objects are tools of the negotiation of the experience, between forgetfulness and memory. The memory artifacts in the social space are the result of this negotiation. They recall an event giving it a precise and controlled shape. The event is thus transformed into a story and its spatial inscription to have an acceptable and conventional form. These objects can support the memory of the event and serve the forgetfulness of experiences. While graphic objectivation attenuates the plurality of experiences, everyday objects provide a malleable gap between forgetfulness and memory, a space for memory negotiation. They serve as a support for the narration and, at the same time, offer a specific representation of the event. Their selection, underlying the comparison and differentiation with regards to other flood experiences, allows the transmission of past experience as if it was grounded into, and depending on, existing categories, maintaining at the same time the singularity of the experience. This way of transmission, linking together material and memory traces during the transmission of an experience, corresponds to an accepted and existing pattern well spread into the actual social and cultural context.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2014LYO20073 |
Date | 24 September 2014 |
Creators | Levasseur, Elodie |
Contributors | Lyon 2, Haas, Valérie |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
Page generated in 0.0023 seconds