La légende de la fondation de Prague par la prophétesse Libuše et, à sa mort, de la rébellion des femmes de Bohême contre l’autorité masculine au cours d’une sanglante « guerre des filles » a subi dans la première moitié du XIXe siècle, au moment de la redécouverte des mythes fondateurs dans les pays d’Europe centrale, un processus de réécritures en langues tchèque et allemande, visant à assigner à ces personnages féminins leur place dans l’œuvre de construction nationale. La réception différenciée des légendes de la fondatrice et des amazones dans les littératures du romantisme et du Biedermeier définit ainsi la configuration des rapports entre les problématiques du genre et celles de l’émancipation nationale dans la période qui s’étend des guerres napoléoniennes au printemps des peuples de 1848. La circulation de ces motifs entre plusieurs traditions littéraires détermine différents types de féminité selon la culture nationale de l’écrivain et selon l’usage interne ou externe qui en est fait dans la construction des nations européennes : à travers le romantisme, le personnage de l’amazone devient emblématique de la Bohême à l’étranger, tandis que Libuše s’impose comme un symbole national dans la société tchèque évoluant sous le régime de Metternich d’après le Congrès de Vienne. A son tour, cette typologie de la féminité qui naît de la détermination politique de la représentation littéraire permet de saisir les enjeux particuliers de l’émancipation des femmes dans le contexte d’une redéfinition générale des formes étatiques et des appartenances linguistiques et ethniques. / The legend of the Founding of Prague by prophetess Libuše and, at her death, of the rebellion of Bohemian women against masculine authority in a bloody „Maidens‘ War“, underwent in the first half of the 19th century, when the founding myths of Central European countries were being rediscovered, a process of rewriting in the Czech and German languages, the aim of which was to grant these feminine characters their own place in the act of nation-building. The differentiated reception of the legends concerning the Foundress and the Bohemian amazons in the literatures of the Romantic and the Biedermeier periods thus defines how the issues of gender and national emancipation are being shaped in the era that stretches from the Napoleonic Wars to the 1848 Springtime of the Peoples. The circulation of these motifs in distinct literary traditions determines different types of femininity, depending on the writer’s national culture and on the use of that culture, either internal or external, that is being made in the building of European nations; with Romanticism, the character of the amazon becomes an emblem of Bohemia abroad, while Libuše establishes herself as a national symbol in the Czech society of the post-Congress of Vienna Metternichian regime. This typology of femininity, born from the political determination of literary representations, enables us in its turn to grasp the specific issues of women’s emancipation in the context of a general redefinition of state structures and linguistic, as well as ethnic, affiliations.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2018SORUL060 |
Date | 01 June 2018 |
Creators | Boutan, Jean |
Contributors | Sorbonne université, Galmiche, Xavier, Laudin, Gérard |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text, Image |
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