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Vulnérabilité de la population haïtienne face aux changements climatiques : cas des producteurs de riz de la commune de Fort-Liberté de 2010 à 2020

Cette étude porte sur la vulnérabilité de la population haïtienne face aux conséquences des changements climatiques. En effet, elle cherche à comprendre la construction de la vulnérabilité socio-économique des producteurs de riz de Fort-Liberté et la manière dont l’État est impliqué pour rendre possible cette construction. Elle s’efforce de décortiquer le contexte d’exposition de la population haïtienne, celle de Fort-Liberté, en particulier, face aux conséquences des changements climatiques associés aux paramètres politiques, socio-économiques, environnementaux, géopolitiques et historiques auxquels les producteurs locaux sont confrontés depuis plus d’une décennie. En donnant la priorité au processus de construction de la vulnérabilité décrit par le modèle de PAR de Ben Wisner (2004), l’accent est mis sur les diverses conséquences d’application du programme d’ajustement structurel (PAS) en Haïti. Conceptuellement, l’étude convoque les discussions controversées sur le développement du concept de vulnérabilité en précisant son évolution épistémique en rapport à la notion du risque. La distinction est clairement faite sur ce que veut dire la vulnérabilité du point de vue des naturalistes, des promoteurs des sciences sociales et les structuralistes. Son sens physico-social a été aussi développé par rapport aux enjeux multiformes qu’engendrent les changements climatiques dans les pays moins avancés, même s’il partage d’importantes similitudes avec les paradigmes classiques et sociaux de la vulnérabilité.
Dans le cadre de ce travail, nous avons utilisé les techniques de recherche liées aux groupes de discussion et des entretiens individuels. Dans les deux cas, les entretiens conduits ont privilégié les approches directive et semi-directive. Pour mieux décortiquer les informations, nous avons d’abord effectué une analyse documentaire suivie d’une analyse de contenu liée aux données de terrain. En termes des résultats, nous sommes parvenus à comprendre que les producteurs agricoles de Fort-Liberté sont très exposés aux divers effets néfastes des changements climatiques, notamment de fortes pluies et des périodes de sécheresse répétées. Depuis l’année 2010, la culture rizicole des producteurs de Fort-Liberté enregistre d’importantes baisses de rendement, dans la mesure où, hormis la présence de nouvelles maladies ravageuses, presque toutes les principales rivières alimentant les plantations de riz dans cette commune sont aujourd’hui à leur niveau d’étiage le plus sévère et enregistrent rarement de pluies intenses inondant les espaces habitables et culturaux des producteurs. L’exposition des producteurs aux changements climatiques est exacerbée par l’ampleur du désengagement de l’État à travers les institutions politiques et sociales à protéger ou à accompagner les producteurs dans leurs activités agricoles entre autres. Le désengagement de l’État ne fait que créer des espaces pour une nouvelle forme de développement et de gouvernance qui s’appuie sur une importance accrue des ONG internationales où leur implication dans le secteur du riz ne fait que renforcer celles qui constituent déjà un énorme levier économique en laissant les producteurs dans leur état initialement marginal. Le plus important à cerner dans cette étude, c’est que la problématique de la filière de riz à Fort-Liberté se situe aussi dans le rapport de pouvoir entre les pays occidentaux, notamment entre les États-Unis et Haïti annulant les tarifs douaniers protégeant les productions nationales, le riz en particulier. C’est ce qui explique la transformation du marché de riz des producteurs de Fort-Liberté mais aussi leur cadre de vie. C’est pourquoi la plus grande majorité des producteurs interrogés soutiennent, hormis les aspects qui seront abordés dans le cadre de ce travail de recherche, que l’un des plus grands problèmes de la filière résulte de la concurrence déloyale entre le niveau de production de riz national et la présence de riz étasunien sur le marché haïtien. / This study focuses on the vulnerability of the Haitian population to the consequences of
climate change. It helps to understand the construction of the socio-economic vulnerability
of rice producers in Fort-Liberté and the way in which the State is involved in making this
construction possible. In part, it unravels the context of exposure of the Haitian population,
particularly that of Fort-Liberté, to the consequences of climate change associated with the
historical political or geopolitical parameters that local producers have faced for over a
decade. Focusing on the vulnerability construction process described by Ben Wisner's
(2004) PAR model, the focus is on the various consequences of the application of the
structural adjustment program (SAP) in Haiti. Conceptually, the study also sheds light on
the controversial discussions on the development of the concept of vulnerability by
clarifying its epistemic evolution in relation to the notion of risk. A clear distinction is
made between what vulnerability means from the point of view of naturalists and social
science proponents. Its physical-social meaning has also been developed in relation to the
multifaceted challenges posed by climate change in less developed countries, even though
it shares important similarities with the classical and social paradigms of vulnerability.
Methodologically, we used focus group research techniques and individual interviews. In
both cases, the questions asked were, among others, directive and semi-directive in nature.
In order to better dissect the information, we first conducted a documentary analysis
followed by a content analysis linked to the field data. In terms of results, we can
understand that the agricultural producers of Fort-Liberté are very exposed to the various
harmful effects of climate change, particularly heavy rains and repeated droughts. Since
2010, the rice crop of Fort-Liberté farmers has experienced a significant drop in yields,
insofar as, apart from the presence of new devastating diseases, almost all of the main rivers
feeding the rice plantations in this commune are now at their most severe low-water levels
and rarely record intense rainfall that floods the farmers' living and cultivation areas.
According to the objectives set by the research, the exposure of producers to climate change
is exacerbated by the extent to which the State, through its political and social institutions,
has disengaged from protecting or accompanying producers in their agricultural and other
activities. The disengagement of the state has created more and more space for the
emergence of the Western mode of development based generally on the practices of nongovernmental organizations, where their involvement in the rice sector only strengthens
those who already have enormous economic leverage by leaving producers in their initially
marginal state. The most important thing to understand in this study is that the problem of
the rice sector in Fort-Liberté also lies in the power relationship between western countries,
particularly between the United States and Haiti, which cancels the customs tariffs
protecting national production, particularly rice. This explains the transformation of the
rice market of the producers of Fort-Liberté and also their living environment. This is why
most of the producers interviewed maintain, apart from the aspects listed above and in the body of the work, that one of the greatest problems in the sector is the unfair competition
between the level of national rice production and the presence of US rice on the Haitian
market.

Identiferoai:union.ndltd.org:umontreal.ca/oai:papyrus.bib.umontreal.ca:1866/32329
Date10 1900
CreatorsPierre, Jacquelin
ContributorsMartin, Patricia
Source SetsUniversité de Montréal
Languagefra
Detected LanguageFrench
Typethesis, thèse
Formatapplication/pdf

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