Etude comparative de l’organisation des traités de grammaire arabe médiévaux, cette thèse met en relief les enjeux théoriques, polémiques et pédagogiques de la taxinomie. Les incertitudes quant à la constitution historique de la tradition grammaticale arabe ayant conduit les chercheurs à se focaliser sur la période fondatrice, notamment sur le Kitāb de Sībawayhi, nous avons voulu apprécier à sa juste valeur cet autre aspect moins étudié quoique capital dans le processus de disciplinarisation de la grammaire arabe : le rôle de la taxinomie. En effet, alors que les premiers traités de grammaire n’adoptent pas de plan fondé sur une logique grammaticale claire, se met en place à partir du IV ͤ/X ͤ siècle, sous l’influence méthodologique des logiciens, une classification de la matière linguistique en vue de représenter l’articulation conceptuelle de la théorie. Ce courant taxinomique, dominant entre les IV ͤ/X ͤ-VI ͤ/XII ͤ siècles, témoigne d’une perception plus synthétique de la théorie grammaticale, autant qu’il contribue à en établir la cohérence. Notre point de départ est le Uṣūl d’Ibn al-Sarrāğ (m.315/928), instituteur d’une présentation organisée des données visant à refléter la théorie, notamment les modélisations du marquage casuel, question centrale en grammaire arabe. Ses divisions de la syntaxe par catégories de mots, puis du chapitre du nom par cas et de celui du verbe par modes représentent le modèle formel de la rection, et la hiérarchie des fonctions au sein des rubriques casuelles tend à manifester une modélisation sémantique de chaque cas autour d’une valeur fondamentale. Les successeurs d’Ibn al-Sarrāğ, tel Abū ʿAlī l-Fārisī (m.376/987), améliorent cette organisation dans le sens d’une plus grande univocité de la modélisation sémantique, fondée sur le rôle prédicatif ou non prédicatif des éléments marqués par les cas, ou encore sur leur fonction au sein de la phrase verbale, et dans le sens d’une meilleure cohérence de cette modélisation avec le modèle rectionnel, où le verbe est régissant de base. Le Mufaṣṣal de Zamaḫšarī (m.538/1144) constitue l’apogée de la coïncidence entre organisation des rubriques et articulation conceptuelle de la théorie, et au sein de celle-ci, entre modèles formel et sémantique du marquage casuel. A partir du VII ͤ/XIIIe siècle se développent de brefs opuscules grammaticaux, telles la Alfiyya d’Ibn Mālik (m.610/1274) ou la Ağurrūmiyya d’Ibn Ağurrūm (m.722/1323), dont les présentations s’inspirent de classifications antérieures divergeant du courant alors dominant : succession pratique visant à faciliter l’apprentissage grammatical, comme dans le Ğumal de Zağğāğī (m.347/959), ou représentation plus axée sur le modèle formel de la rection, comme dans la Muqaddima d’Ibn Bābšāḏ (m.469/1077). Ce courant taxinomique nouvellement dominant favorise une transmission pédagogiquement efficace du savoir grammatical. / This thesis about the organization of medieval Arabic grammatical treatises highlights the theoretical, polemical and pedagogical issues of the taxonomy. The uncertainties about the historical constitution of the Arabic grammatical tradition led researchers to focus on the founding period, especially on the Kitāb of Sībawayhi. We wanted to highlight this other, less studied, but capital aspect in the process of disciplinarisation of Arabic grammar: the role of taxonomy. Indeed, while the first grammatical treatises do not adopt a clear plan based on grammatical logic, a classification of linguistic data which represents the conceptual articulation of the theory is developed from the IV ͤ/X ͤ century, under the logicians’ methodological influence. This taxonomic current, which is dominant between the IV ͤ/X ͤ-VI ͤ/XII ͤ centuries, reflects a more synthetic perception of grammatical theory, as it helps to establish its consistency. Our starting point is the Uṣūl of Ibn al-Sarrāğ (m.315/928), the first grammarian who set an organized presentation of data to reflect the theory, especially the modeling of case marking, a central question in Arabic grammar. Dividing the syntax by parts of speech, then the chapter of the noun by case marks and the chapter of the verb by modal marks he represents the formal model of “government”, according to which case marks and modal marks result from the action of some elements in the statement on others, and the hierarchy of functions within the cases’ chapters tends to show a semantic modeling of each case from a basic signification. The successors of Ibn al-Sarrag, among them Abū ʿAlī l-Fārisī (m.376/987), improve this organization in the direction of greater uniqueness of semantic modeling, founded on the predicative or non predicative role of the case marked elements, or on their function within the verbal sentence, and in the direction of better consistency of this modeling with government’s model, where the verb is the basic operator. The Mufaṣṣal of Zamaḫšarī (m.538/1144) presents a maximal coincidence between organization of data and conceptual articulation of the theory, and within the latter, between the formal and semantic models of case marking. From the VII ͤ/XIII ͤ century short grammatical treatises are developed, such as the Alfiyya of Ibn Mālik (m.610/1274) or the Ağurrūmiyya of Ibn Ağurrūm (m.722/1323), whose presentations are based on previous classifications diverging from the first dominant current : practical succession to facilitate grammatical learning, as in the Ğumal of Zağğāğī (m.347/959), or classification more focused on the formal model of government, as in the Muqaddima of Ibn Bābšāḏ (m.469/1077). This taxinomic current lastly dominant promotes a pedagogically effective transmission of grammatical knowledge.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2014PA030083 |
Date | 22 October 2014 |
Creators | Viain, Marie |
Contributors | Paris 3, Guillaume, Jean-Patrick |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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