Le présent travail met en lumière la dialectique des relations entre mémoire et politique par l’étude des processus de construction, négociation, diffusion, adoption et reproduction des représentations du passé soviétique dans la Russie postsoviétique. S’appuyant sur la multitude de sources hétérogènes véhiculant les représentations du passé soviétique, le travail révèle les raisons et les mécanismes de l’évolution de la mémoire du passé soviétique en Russie, ainsi que son rôle politique et social. Le travail démontre que la mémoire du passé soviétique a joué un rôle important dans la légitimation symbolique du pouvoir de Boris Eltsine et de Vladimir Poutine et dans la construction identitaire de la société russe postcommuniste, tout en soutenant le glissement progressif de la Russie vers un régime autoritaire. En effet, malgré des oppositions marquées entre les différents régimes politiques qui se sont succédé, la tradition d’un usage politique du passé perdure, le passé soviétique restant un enjeu de pouvoir majeur en Russie. Aussi bien à la fin de l’époque soviétique qu’au début des années 2000, le passé national a été entièrement réinterprété et reconstruit. Toutefois, la mémoire collective du passé soviétique représente également un cadre contraignant qui limite les choix institutionnels et les décisions du pouvoir. Dans la mesure où la mémoire est porteuse de références politiques, économiques et sociales, elle crée des effets de dépendance au sentier, favorisant la reproduction de schémas de fonctionnement politiques, économiques et sociaux hérités du passé soviétique. / The present work lays the emphasis on the dialectic relations between memory and politics by studying the processes of construction, negotiation, broadcasting, adoption and reproduction of the representations of the Soviet past in post-Soviet Russia. Based on various and heterogeneous sources conveying the images of the Soviet past, this work throws light upon the reasons and the mechanisms of the evolution of collective memory in the Soviet past as well as its political and social role. This work argues that the memory of the Soviet past played an important role in symbolically legitimating Boris Yeltsin's and Vladimir Putin's regimes as well as in forging post-Soviet identity, while strengthening the gradual shift toward an authoritarian regime. Despite numerous oppositions between the successive political regimes, making a political use of the past is an enduring tradition, the Soviet past remaining a major issue for those in office in Russia. Both in the late Soviet era and the early years 2000, the national past was entirely reinterpreted and reconstructed. However the collective memory of the Soviet past is also a binding framework restricting the institutional choices and the political decisions of political actors. Since collective memory is the expression of political, economic and social references, it produces path dependency effects, thereby fostering the reproduction of political, economic and social frameworks deep-rooted in the Soviet past.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2014PA020019 |
Date | 02 June 2014 |
Creators | Morenkova, Eléna |
Contributors | Paris 2, Chevallier, Jacques |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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