À l’aube de la Contre-Réforme, on exigea des prélats de vivre plus sobrement et de tempérer leur passion pour l’art et l’architecture. Malgré cela, de nombreux palais furent construits, rénovés et décorés avec faste. Le rôle des palais et de leurs décors dans la mise en scène du pouvoir a été bien démontré, mais peu d’attention a été portée à la fonction dévotionnelle de ces demeures, pourtant destinées aux plus hauts membres du clergé. Cette thèse de doctorat propose la première synthèse des pratiques de dévotion privée des cardinaux à Rome entre 1550 et 1610 à partir de l’étude du mécénat de leurs palais. L’analyse des chapelles domestiques et des studioli des palais Salviati alla Lungara, Altemps, Farnese à Caprarola, del Drago à Bolsena et de la villa d’Este à Tivoli montre l’importante préoccupation des cardinaux pour leur Salut et le rôle de l’art pour susciter, au sein de la demeure, une méditation sotériologique. Ces observations permettent de suggérer que ces exercices se déroulaient non seulement dans les chapelles, mais aussi dans des pièces traditionnellement identifiées comme des studioli. Nous proposons plutôt de les désigner comme des ermitages ou romitori et de les considérer comme des lieux tout aussi importants que les chapelles dans l’élaboration de la piété domestique des cardinaux post-tridentins.
À travers les thèmes de la Passion du Christ, de la vie de la Vierge ou des vertus cardinales et théologales, les fresques qui ornent ces espaces furent utilisées comme des outils de contemplation spirituelle du mystère de la Rédemption. L’inclusion de copies d’images miraculeuses ou d’« objets de substitution », au sens qu’ont donné à cette expression Alexander Nagel et Christopher Wood (2010), garantissait en outre aux cardinaux la vie éternelle en échange des prières effectuées dans les pièces où les icônes étaient exposées. Cette admission au paradis était également mise en scène par le déplacement physique ou métaphorique du cardinal dans les logge peintes de verdure ou les jardins des palais. Plus qu’une simple analyse des œuvres et des pièces singulières, cette thèse établit des relations entre les différents espaces des palais, de manière à montrer que le comportement dévotionnel privé des cardinaux dans la Rome de la Contre-Réforme était envisagé comme un parcours spirituel, dans lequel l’art occupait un rôle fondamental. / At the dawn of Counter-Reformation, prelates of the Roman Church were required to live more
simply and to moderate their enthusiasm for art and architecture. Nonetheless, many palaces were
built, renovated and decorated with pomp by these same prelates. The role of art and architecture
in staging the power has been well demonstrated, but less has been said about the devotional
function of houses owned by important clergymen. This thesis proposes the first synthetic study of
cardinals’ private devotional practices in Rome between 1550 and 1610 by looking at the patronage
of their palaces. The analysis of the domestic chapels and studioli of the Salviati alla Lungara and
Altemps palaces in Rome, the Farnese palace in Caprarola, the Del Drago palace in Bolsena, and
the Villa d’Este in Tivoli demonstrates the important concern of the cardinals for their salvation
and the role of art to arouse soteriological meditation within their domestic spaces. This careful
examination allows us to propose that these devotional practices were carried out not only in the
chapels, but also in rooms traditionally identified as studioli. Rather, we propose to designate them
as hermitages or romitori, and to attach to them the same importance as the chapels in the daily
piety of the post-Tridentine cardinals.
The frescoes decorating these devotional spaces depicted the themes of the Passion of Christ, the
life of the Virgin and other biblical figures, and of the cardinal and theological virtues, serving as
tools for spiritual contemplation of the mystery of Redemption. The inclusion of copies of
miraculous images or “substitute objects”, as proposed by Alexander Nagel and Christopher Wood
(2010), further guaranteed the cardinals eternal life thanks to the prayers carried out in the spaces
where the icons were exhibited. This admission to paradise was also occasionally staged by the
physical or metaphorical movement of the cardinal towards the logge painted with greenery or the
palace’s gardens. Thus, more than a simple analysis of singular works or rooms, this thesis
establishes a relationship between the spaces of the palaces to show that the cardinal domestic
devotional behavior was then viewed and organized as a spiritual journey, in which art played a
fundamental role.
Identifer | oai:union.ndltd.org:umontreal.ca/oai:papyrus.bib.umontreal.ca:1866/26269 |
Date | 07 1900 |
Creators | Caron-Roy, Fannie |
Contributors | Ribouillault, Denis |
Source Sets | Université de Montréal |
Language | fra |
Detected Language | French |
Type | thesis, thèse |
Format | application/pdf |
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