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"In nomine sanctae et individuae Trinitatis". Débats théologiques et enjeux politiques dans le royaume franc à la veille du couronnement impérial de l'an 800.

Cette étude tend à étayer deux hypothèses :
1. La dévotion chrétienne à la Trinité Dieu un en trois Personnes doit sa fortune en Occident continental à la promotion qui lui a été réservée par l'Eglise carolingienne sous l'influence d'Alcuin.
2. Les débats théologiques à forte connotation trinitaire de la fin du 8e siècle, la querelle des images, la condamnation de ladoptianisme et la défense du filioque ont retenu lattention de Charlemagne, lont sensibilisé au danger que représentaient les divergences doctrinales pour lunité politique du royaume et lont finalement convaincu dassumer personnellement une part de la mission de prédication dévolue aux clercs.
Ce travail se veut une histoire de la théologie franque ; une synthèse qui mette en exergue la subtile influence de la connaissance de Dieu sur la politique internationale de la fin du 8e siècle. Il propose une mise au point sur la place réellement dévolue au roi des Francs dans les débats théologiques et dans la propagation de la doctrine chrétienne à lheure de lunification du royaume, ainsi quune analyse des conséquences politiques et ecclésiologiques de l'adhésion franque à la position doctrinale de lévêque de Rome.
Lenquête menée sur le rôle dévolu à Charlemagne dans les débats théologiques souvre sur un retour aux fondements religieux de la monarchie carolingienne. Au vu des conclusions les plus récentes relatives à lhistoriographie franque de la seconde moitié du 8e et du premier quart du 9e siècle, cette étude tend à rejeter catégoriquement lidée du sacre de Pépin par Boniface en 751. Elle propose de voir dans lonction conférée, en 754, par le pape Etienne II à Pépin et à ses deux fils la symbolique dune protection spirituelle accordée à la veille dun départ en campagne contre les Lombards. Les actes des conciles carolingiens attestent quaucun roi des Francs ne se prononça en matière doctrinale avant la dernière décennie du 8e siècle. Charlemagne ne peut revendiquer le titre de théologien ; jamais, dailleurs, il na prétendu être lautorité doctrinale de lOccident. Largement influencé par Alcuin, il sest, néanmoins, peu à peu imposé comme un roi prédicateur (rex praedicator).
La chronologie de la querelle adoptianiste met en exergue linterpénétration des trois débats théologiques dès la fin de lété 792. Ces controverses éclatèrent à la veille de lan 800 qui devait, selon les calculs de Bède le Vénérable, coïncider avec lavènement du « Temps de lEglise » fixé en lan 6000 (AM). Ce contexte millénariste a probablement contribué à exacerber les querelles. Contrairement à ce qui a longtemps été affirmé, ladoptianisme ne peut être assimilé à lhérésie du patriarche dAntioche Nestorius qui, au début du 5e siècle, distinguait deux Personnes dans le Christ. Ladoptianisme est une tentative de sauvegarde du monothéisme trinitaire. Les théologiens espagnols de la fin du 8e siècle portaient laccent sur lhumanité du Christ, qualifié dadopté, comme instrument de la Rédemption, en distinguant la mission de lHomme-Jésus de celle du Verbe. Les Francs et la papauté nont pas compris ou pas voulu comprendre que, dans ce modèle christologique, les termes adoptivus et adoptio n'ont pas d'équivalence avec ceux d'assumptus ou d'assumptio. Ils ont refusé dadmettre que le terme adoption désigne le résultat de la kénose fait que le Verbe se soit vidé de sa divinité pour se remplir dhumanité plutôt que la création dun lien artificiel de filiation.
Cette recherche concède au concile de Ratisbonne (792) une place bien plus grande que celle qui lui est traditionnellement réservée dans lhistoire tant politique que religieuse du royaume franc ; sans le synode de Ratisbonne, celui de Francfort (794) naurait pu être ce quil a été : le haut lieu de la manifestation des compétences des théologiens carolingiens.
La méthode de réfutation des hérésies utilisée en Francia durant la dernière décennie du 8e siècle révèle lattachement des théologiens carolingiens à la tradition scripturaire, patristique et conciliaire garantie par lautorité romaine. Ces querelles témoignent du souci de Charlemagne dimposer son Eglise parmi les plus hautes instances doctrinales en soulignant toute la faiblesse de linterprétation orientale ou byzantine des écritures. Le roi entendait incontestablement affranchir définitivement lEglise franque de lautorité théologique de lempereur dOrient, seul domaine dans lequel Byzance pouvait encore prétendre prévaloir contre lOccident. Les campagnes franques déradication de la doctrine adoptianiste dans le Sud de lEurope furent brutalement interrompues à la suite des tractations diplomatiques menées, à la cour franque, par les ambassades du roi des Asturies en vue denrayer les ambitions expansionnistes carolingiennes dans la péninsule ibérique. Ces événements offrent une autre preuve de la récupération des questions doctrinales à des fins politiques. Ces querelles contribuèrent au renouvellement et au développement de la pensée théologique en Occident. Elles dynamisèrent le processus de formation des prêtres et encouragèrent lenseignement et la mémorisation du Credo trinitaire en gage dadhésion à la foi chrétienne, premier critère dappartenance à lEmpire franc et chrétien, né le 25 décembre 800.

Identiferoai:union.ndltd.org:BICfB/oai:ETDULg:ULgetd-06252007-163231
Date04 June 2007
CreatorsClose, Florence
ContributorsGeorge, Philippe, Dierkens, Alain, Depreux, Philippe, Boespflug, François, Kupper, Jean-Louis
PublisherUniversite de Liege
Source SetsBibliothèque interuniversitaire de la Communauté française de Belgique
Detected LanguageFrench
Typetext
Formatapplication/pdf, application/msword
Sourcehttp://bictel.ulg.ac.be/ETD-db/collection/available/ULgetd-06252007-163231/
Rightsunrestricted, Je certifie avoir complété et signé le contrat BICTEL/e remis par le gestionnaire facultaire.

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