Cette thèse vise à interroger la façon dont les biennales internationales d’art contemporain, en tant qu’événements culturels et premiers temps d’historicisation des oeuvres et des artistes, contribuent à la fabrique des imaginaires de l’altérité. Le cadrage chronologique de notre recherche s’ancre à partir de 1989, date qui correspond à un « tournant global », un changement de paradigme qui aurait eu pour effet de repenser les rapports de domination et les logiques de centre/périphérie, notamment dans le champ de l’art contemporain. L’internationalisation de l’art contemporain et le renouvellement des cadres de pensées que l’on rattache au « tournant global » ont donné lieu à l’émergence d’un processus de labellisation de la différence, dont témoignent des catégories artistiques et esthétiques telles que « art non-occidental » ou « art global », porteuses d’imaginaires renouvelés que ce travail de recherche entend analyser. Notre démarche, qui s’appuie sur un corpus de six expositions ayant marqué le champ des événements culturels internationaux, est volontairement pluridisciplinaire et vise à considérer l’hétérogénéité du matériel qui compose ces expositions. En premier lieu, la mise en lumière des discours expographique résulte de l’analyse conjointe de trois composantes : les écrits, à partir desquels nous proposons une typologie spécifique qui considère la fois les intentions qui président à leur production et les usages qui en sont faits ; les pratiques artistiques, qui dans le cadre des biennales sont au service du discours expographique ; et les gestes de mise en exposition qui sont propres au dispositif médiatique spécifique des biennales. En deuxième lieu, la réalisation d’entretiens et la collecte d’archives ont permis de circonscrire le contexte d’énonciation et l’intentionnalité des événements. En tant que dispositif médiatique à part entière, le catalogue d’exposition a également donné lieu à une méthodologie adaptée à l’ensemble des éléments (discursifs et non discursifs) qui le caractérise. Plus particulièrement, les écrits de connaissances que l’on y trouve ont fait l’objet d’une analyse sémiolinguistique permettant de mettre en lumière les processus de concrétisation des concepts, et donc de saisir les imaginaires et valeurs qui sont attachés. L’approche privilégiée pour analyser ce corpus permet ainsi d’articuler à la fois les spécificités de chaque exposition (c'est-à-dire leur individuation à travers l’articulation de leur concept et de leur dispositif) et leur inscription dans un réseau (en tant que résultat d’un processus de réécriture), vis-à-vis du thème de l’altérité. / This research aims to examine how contemporary international art biennials, considered as cultural events and as first step in the historicization process of works and artists, contribute to the making of « otherness » as an imagined community. The chronologic frame of our research is anchored in 1989, which correspond to the « global turn », a shift of paradigm that would have led to the rethinking of domination relationship and the logic center/periphery, especially in the field of contemporary art. The internationalization of contemporary art and the renewal of the frameworks of thought that are often connected with the global turn have led to a process of labeling the difference, as evidenced by artistic and aesthetic categories such as « non-western art » or « global art » that carry renewed representations that this research intends to analyze. Our approach, which is based on a corpus of six exhibitions that have marked the field of international cultural events, is deliberately multidisciplinary and aims to consider the heterogeneity of the material that composes these exhibitions. First, we highlight the expographic discourses from the analysis of three components : the writings, from which we propose a specific typology that considers both the intentions that preside over their production and the uses that are made of them ; artistic practices, which in the context of biennials are at the service of the expographic discourse ; and the gestures of exhibitions which are characteristics of the specific media device of the biennials. Secondly, interviews and the collect of archival documents have led us to circumscribe the context of enunciation and the intentionality of the events. As a media device in its own right, the exhibition catalog also gave rise to a metholody adapted to all the elements (discursive and non-discursive) that characterize it. More particularly, the writings of knowledge have been the subject of semiolinguistic analysis to highlight the processes of concretization of concepts, and thus have led us to grasp the artistic values that are attached to the imagined otherness. The preferred approach to analyze this corpus thus makes it possible to articulate the specificities of each exhibition (i.e their individuation through the articulation of their concept and their device), and their inscription in a network (as a result of a process of rewriting) at the same time.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2019BOR30013 |
Date | 06 June 2019 |
Creators | Fetnan, Rime |
Contributors | Bordeaux 3, Lafargue, Bernard |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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