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La place des langues autochtones à l'adoption du projet de loi C-91 : analyse critique du discours à visée décoloniale

La majorité des langues autochtones au Canada est en grave situation de dévitalisation et plusieurs sont à risque de disparaitre. Elles portent pourtant avec elles des savoirs, des croyances et des traditions riches et uniques. Depuis longtemps les peuples et les communautés autochtones travaillent à la préservation et à la transmission de leurs langues. Elles revendiquent reconnaissance et soutien depuis les années 1970, mais il faudra attendre cinquante ans pour que le gouvernement fédéral tente une réponse. Adopté le 21 juin 2019, le projet de loi C-91 devenu la Loi sur les langues autochtones se veut un premier pas vers leur protection, promotion et maintien. Répondant à trois appels à l'action de la Commission de vérité et réconciliation, elle vise aussi à amender certaines injustices historiques. Cette recherche questionne et analyse la place des langues autochtones dans ce contexte où leur statut précaire s'arrime à une situation coloniale continuelle, à une hégémonie linguistique et à des « efforts » de réconciliation par l'État. Au carrefour de la sociolinguistique critique, de l'analyse critique du discours et des approches décoloniales, je propose une analyse linguistique des propos tenus à la Chambre des communes dans le cadre des débats portant sur le projet de loi C-91. L'analyse de la nomination et de l'utilisation des langues autochtones montre des avancées considérables quant à la place qu'elles y prennent, surtout en termes de visibilité, d'audibilisation et de valorisation des langues elles-mêmes, de leur diversité et de leur histoire. Or, les langues autochtones sont aussi instrumentalisées pour servir un « spectacle de réconciliation », lequel bénéficie surtout des intérêts allochtones et étatiques. En fin de compte, les langues et les revendications linguistiques autochtones sont aujourd'hui présentes au Parlement parce qu'elles sont nommées par des représentantes de l'État, mais elles n'y sont pas pour autant entendues réellement. / In Canada, most Indigenous languages are currently in danger of extinction, though they carry rich and unique knowledges, beliefs, and traditions. Indigenous peoples and communities have long worked for the preservation and transmission of their languages. Their claims for recognition and support date back to the 1970s, but the federal government only issued a legislative response fifty years later. Adopted on June 21th of 2019, Bill C-91, An Act respecting Indigenous Languages, represents a first step towards the protection, promotion and maintenance of Indigenous language in Canada, as well as a direct response to three of the 94 Truth and Reconciliation Commission's calls to action. This research aims to question and analyze the place of Indigenous languages in this context, where their precarious status is tied to ongoing colonialism, linguistic hegemony, and reconciliation « efforts » by the State. Mobilizing conceptual and methodological tools from critical sociolinguistics, critical discourse analysis, and decolonial approaches, I linguistically analyze parliamentary debates leading to the adoption of Bill C-91, focusing on the naming and the use of Indigenous languages. The analysis shows progress has been made in terms of making Indigenous languages —as well as their diversity and history— visible and valued in Parliament. It also shows Indigenous languages ultimately serve a « spectacle of reconciliation », which contributes to non-Indigenous and State interests. Finally, Indigenous languages and claims are present today at Parliament for they are named by representatives of the State, but they remain to be truly heard.

Identiferoai:union.ndltd.org:LAVAL/oai:https://corpus.ulaval.ca:20.500.11794/101386
Date29 September 2022
CreatorsBoily, Ann-Sophie
ContributorsTailleur, Sandrine, Del Fa, Sophie
Source SetsUniversité Laval
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
TypeCOAR1_1::Texte::Thèse::Mémoire de maîtrise
Format1 ressource en ligne (xiii, 119 pages), application/pdf
CoverageCanada., Canada

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