L’écrivain chinois Mo Yan a mis en scène dans son œuvre romanesque des avatars de l’auteur, identifiés à lui par le nom dans deux romans et par le rôle de créateur du récit dans plusieurs récits. Ces représentants ne sauraient être identifiés à l’auteur empirique, mais peuvent être interprétés à l’aune de ce que représente pour nous l’auteur, au sens large, ou dans une visée individuelle, lorsque nous analysons leur caractérisation en fonction d’autres textes, fictifs ou référentiels, construisant la figure biographique, théorique et fantasmatique de l’auteur. Outre qu’elle joue sur l’aporie de sa présence dans la fiction, cette représentation métafictionnelle a des fonctions diverses. Dans Le Pays de l’alcool, elle souligne l’allégorie tout en déjouant la censure ; dans La Dure Loi du karma, elle brosse un portrait comique du romancier, reflétant ses différents rôles pour le lecteur et la société. La suite de l’étude porte sur des narrateurs révélant un statut de créateur du récit, de sorte qu’ils provoquent une distanciation et un doute sur leur situation diégétique, en les associant à une tendance métafictionnelle présente dans l’œuvre de Mo Yan depuis son premier roman long, Le Clan du sorgho rouge, où elle est l’effet d’un narrateur omniscient et présent dans l’univers de la fiction. Ces figures d’autorité thématisent l’imagination à l’œuvre, tout en signalant l’altérité de la figure de l’auteur que le lecteur infère de ses indices supposés. Elles représentent l’auteur en une logique non référentielle, comme produit d’un ensemble mouvant d’hypothèses, issues d’une interprétation des récits comme éléments constitutifs de l’œuvre. / In his fictional works, Chinese novelist Mo Yan created avatars of the author, who are either identified by their name such as the characters Mo Yan in The Republic of Wine and in Life and Death Are Wearing Me Out or by a creative role they reveal, in other narratives. Both doubles, Mo Yan’s fictional homonyms, cannot be considered as the empirical author, and yet may be interpreted in the light of what the author means to us, whether in a broad or individual sense, when their characteristics are confronted with the biographical, theoretical and fantasmatic figure of Mo Yan which other texts create. Drawing attention to the aporetical presence of the author in a universe he created, metafictional author representations have various functions. In The Republic of Wine, it enlights the allegorical value of the novel and, to the real author, is a means to deter censorship. In Life and Death Are Wearing Me Out, Mo Yan is a parody of a novelist, where the role he plays for the reader and in society appear in a nutshell. Next, the sign of the author is to be extended to other narrators who reveal, more or less explicitly, that they create the narrative, thus inducing readers to suspend belief and reconsider their diegetic posture. Beginning with his first long novel Red Sorghum, metafiction has been an obsessive tendency in Mo Yan’s novels, making imagination a theme of the novel while suggesting the figure of the author a reader infers from the text is but a shifting body of hypotheses, which envision narratives a part of the whole works that make the author.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2017AIXM0356 |
Date | 01 December 2017 |
Creators | Dubois, François |
Contributors | Aix-Marseille, Dutrait, Noël |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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