Cette thèse s’appuie sur les poétiques de la lecture pour étudier le lecteur tel qu’il s’inscrit dans la littérature franco‑canadienne (de l’Acadie, de l’Ontario français et de l’Ouest francophone). Comme toutes les littératures minoritaires, celle‑ci se caractérise par un public lecteur réduit. Dans les circonstances, à qui les œuvres franco‑canadiennes s’adressent-elles? Quelles stratégies d’écriture déploient-elles pour rejoindre leur cible? Ces stratégies servent-elles à interpeller ou à repousser les lecteurs? S’il est vrai que les littératures minoritaires ont accès à un petit nombre de lecteurs, elles ont cependant conscience d’avoir à leur disposition un grand nombre de lectorats, auxquels elles ne cessent de songer. Dans leur ensemble, les quatre chapitres proposent une typologie des différents lectorats auxquels s’adresse la littérature franco-canadienne tout en analysant les stratégies d’écriture mises au point pour en inclure ou en exclure. Ils montrent combien la question du lecteur, pourtant abordée sporadiquement par les chercheurs jusqu’à maintenant, occupe une place centrale dans cette littérature. En effet, le lecteur oriente sans cesse la construction des textes littéraires. Le premier chapitre examine deux œuvres qui ciblent le lecteur endogène (qui provient de la communauté de l’auteur) : la pièce Moé j’viens du Nord, ’stie d’André Paiement et de la Troupe universitaire de l’Université Laurentienne ainsi que le roman Bloupe de Jean Babineau. Dans le chapitre suivant, il est question du lecteur exogène (qui provient d’une autre communauté que celle de l’auteur, le plus souvent du Québec), auxquels s’adressent le paratexte des nombreuses éditions de La Sagouine, monologues d’Antonine Maillet, ainsi que le texte des Trois exils de Christian E., pièce de Philippe Soldevila et de Christian Essiambre. Le troisième chapitre s’appuie sur les romans Pour sûr de France Daigle et La belle ordure de Simone Chaput pour montrer que certaines œuvres minoritaires refusent de trancher entre les publics endogène et exogène. Elles travaillent plutôt à les rejoindre simultanément, en les plaçant sur un pied d’égalité. Deux cas de figure supplémentaires occupent le dernier chapitre. Il porte d’abord sur le lecteur du roman Frog Moon de Lola Lemire Tostevin, qui se situe à la frontière de deux communautés linguistiques. Il s’attarde ensuite aux difficultés que pose le recueil de poésie Péristaltisme. Clystère poétique d’Éric Charlebois, qui propose une lecture indigeste à partir d’une thématique pourtant universelle, la digestion. Le recours aux poétiques de la lecture pour examiner le corpus franco‑canadien contribue à résoudre une importante aporie du discours critique sur les petites littératures, qui tend à privilégier les analyses thématiques. Or tenir compte à la fois de la représentation et de l’énonciation des œuvres – c’est-à-dire de ce qu’elles disent, mais aussi de comment et à qui elles le disent – permet de faire véritablement ressortir toutes les possibilités à la disposition des écrivains minoritaires de même que la richesse de leur travail.
Identifer | oai:union.ndltd.org:uottawa.ca/oai:ruor.uottawa.ca:10393/39137 |
Date | 03 May 2019 |
Creators | Brun del Re, Ariane |
Contributors | Hotte, Lucie |
Publisher | Université d'Ottawa / University of Ottawa |
Source Sets | Université d’Ottawa |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Thesis |
Format | application/pdf |
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