Dès lors qu’elle autorise une étude menée sur le long terme, embrassant aussi bien des textes qui relèvent de la documentation impériale que des glossaires contemporains, l’évocation d’une tentation encyclopédique vise à l’étude d’un continuum heuristique entre les ères coloniales et postcoloniales : elle conduit en effet à mettre en évidence l’évolution d’un discours érudit spécifique, caractérisé par une position de surplomb classificatrice ainsi que par une prédilection pour la collection et « l’inventaire culturel » de l’inconnu.Si l’encyclopédisme permet donc de nourrir l’analyse épistémologique d’un « africanisme » contesté et d’interroger les modalités de sa subversion potentiellement « indisciplinée », notre propos est avant tout de le considérer comme un outil d’analyse des formes plastiques et romanesques – et plus spécialement comme un point d’entrée pour évoquer des productions apparentées à ce que Bernard Mouralis nomme les « contre-littératures ». L’attention prêtée aux tentations encyclopédiques chez Paul Hazoumé, Georges Ngal et Frédéric Bruly Bouabré, mais aussi chez Théodore Monod, Alain Mabanckou ou Hassan Musa, permet de relire ces œuvres au prisme d’une porosité entre savoir et création.Combinant l’exercice de la citation érudite et l’élan d’une puissance spéculative tournée vers l’avenir, l’encyclopédie pose l’hypothèse d’une mise à plat qui autoriserait la juxtaposition libératrice d’éléments a priori hétérogènes. Dans un contexte de concurrence agonistique des savoirs postcoloniaux, elle offre un espace de rencontre arasé et pacifié, dont le revers douloureux s’incarne dans des figures encyclopédiques marginales et contestées. Mettant en scène un savoir labile et un individu hypertrophié, l’encyclopédisme est un phénomène romanesque de notre temps et il constitue à cet égard un terrain commun aux littératures françaises et francophones contemporaines. / As it induces a long-term study embracing both imperial literature and contemporary glossaries, the evocation of an encyclopaedic temptation aims to examine a heuristic continuum between colonial and postcolonial eras. It highlights the evolution of a specific scholarly discourse, characterized by an overarching position of classification as well as a predilection for the “cultural inventory” of the unknown. If encyclopaedism thus allows to nourish the epistemological analysis of "africanism" and to question the modalities of its “undisciplined” adaptations, we shall essentially consider it as a tool for the analysis of plastic and literary forms – especially as a point of entry to what Bernard Mouralis called “counter-literatures”. The attention paid to encyclopaedic temptations experienced by Paul Hazoumé, Georges Ngal and Frédéric Bruly Bouabré, but also by Théodore Monod, Alain Mabanckou or Hassan Musa, allows to re-read these works as the expression of a porosity between knowledge and creation. Combining the exercise of the scholarly quotation with a speculative impetus towards the future, the encyclopaedia sets the hypothesis of a flattening perspective allowing the free juxtaposition of heterogeneous elements. In a context of agonistic rivalry surrounding postcolonial knowledge, it offers a leveled and pacified encounter space, the painful setback of which is embodied by marginal and contested encyclopaedic figures. Staging a labile knowledge and a hypertrophied individual, encyclopaedism is indeed a phenomenon of our time and therefore offers a common ground for contemporary French and Francophone literatures.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2018USPCA090 |
Date | 10 November 2018 |
Creators | Chavoz, Ninon |
Contributors | Sorbonne Paris Cité, Garnier, Xavier |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
Page generated in 0.002 seconds