Influencée par un Quattrocento florentin ravivant l'héritage républicain romain, l'historiographie anglo-saxonne a souvent tenu pour acquise la soumission des idéaux communaux à la figure tutélaire de Cicéron. Cette lecture à rebours n'a pourtant suscité que très peu d'études relatives aux manifestations médiévales du personnage et de ses textes dans le cadre italien. Alors que le trivium l'a consacré magister eloquentiae dès l’Antiquité tardive, naîtrait au XIVe siècle la figure républicaine de Cicéron, symbole d’une élite culturelle investie dans la défense civique. Comment se produit cette transition entre moraliste christianisé et le sénateur romain ? Quel rôle tient le fil rouge rhétorique dans cette mutation? L'enquête mêle dictamina, libri de regimine, volgarizzamenti mais également poèmes historiques et traités moraux pour montrer à quelles conditions l’orateur romain a été présenté en promoteur de la vita activa et rénovateur de l’éloquence civique au sein des cités. Le portrait donné de Cicéron par les intellectuels communaux n’a, en effet, rien d’unanime. À la croisée de l’histoire culturelle et de l’histoire sociale, cette recherche entend, à travers la figure cicéronienne, interroger la spécificité de l’expérience civique communale et de ses expressions textuelles. La thèse questionne, dans le même temps, les modes de légitimation des élites citadines. Parallèlement, elle s’interroge sur le degré de conciliation permis entre les thèses cicéroniennes, une moralisation chrétienne de la parole et une redécouverte des œuvres d’Aristote en contexte communal au cours de la seconde moitié du XIIIe siècle. L’étude se clôt aux prémices de l’humanisme qui, grâce à la redécouverte de la correspondance cicéronienne, confronte pour la première fois l’individu aux portraits politiques qui en ont été faits et constitue une profonde désillusion pour ses admirateurs. Citoyen exemplaire d'une certaine commune populaire, Cicéron retourne à un statut plus contemplatif d’homme de lettres alors que se pérennisent les expériences seigneuriales. / Cicero’s writings on rhetoric (De inventione, Rhetorica ad Herennium) and on society (De officiis, De amicitia, De senectute) are well known in Italian city-states of Late Middle Ages. Lay intellectuals often use the character and his texts in order to give a model of perfect citizen and of successful political speech. Considered as an auctoritas, Cicero’s precepts on rhetoric are invested in ars concionandi, intended for the men in power, and transposed in written version in ars dictaminis, in practice in each chancery. Communal notaries and judges are then deeply involved in theoretical elaboration of the rules of an ethically and efficiently good discourse. It is not a surprise to find some of them as first translators of Ciceronian rhetoric in vernacular languages. At the same time, libri de regimine are profiling distinctive aspects of communal government. Promoter of the vita activa and defender of a shared power, Cicero seems to be the perfect spokesman of this project. Quoted in political treatises (sometimes mistakenly), his definitions of common good, of justice or of honestum contribute to the legitimation of a power promoting itself as recollection of Roman republic.Nevertheless, Cicero’s figure is transformed by communal ideals in return. The selection of a few passages of his work reveals a contextualized reading of Cicero’s texts: specific to communal spirit, or even to some urban groups. Using Cicero’s example is not neutral, politically and socially, as we could see exploring the disparate treatment made of his character and his texts in the sources.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2016GREAH036 |
Date | 06 December 2016 |
Creators | Mabboux, Carole |
Contributors | Grenoble Alpes, Università degli studi (Turin, Italie), Castelnuovo, Guido |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
Page generated in 0.0017 seconds