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Rhétorique du silence dans l'univers dramatique, poétique et cinématographique d'Harold Pinter / The rhetoric of silence in Harold Pinter's plays, poems and screenplays

Aborder la rhétorique du silence chez Pinter revient à examiner à la fois ce qui se passe sur scène, dans le texte poétique, et à jeter un regard sur les différents média dont son théâtre se sert pour aborder des thèmes liés à la guerre, à la menace, à l'existence, à la philosophie et à la métaphysique. Il y est aussi question de voir le rapport de cette modalité du langage à l'outil linguistique. L'ontologie du silence à permis de comprendre, qu'il s'agisse dans la communication ou dans la représentation, que cette réalité ne peut être compréhensible qu'à l'ombre de l'élément verbal. Le silence peut être perçu comme ce qui se dérobe à toute tentative de mise à mots. Pour nous imprégner du contenu de ce que Pinter cherche à nous faire parvenir, nous devons considérer ce sous-territoire verbal constitués de non-dits, d'allusions, de sous-entendus, mais également des espaces de l’indétermination. Et comme le langage n'est pas toujours téléologiquement motivé par l'expressivité, son caractère ambivalent, elliptique, fragmentaire, minimaliste et ésotérique constitue un défi pour le public. Cependant, l'étude étiologique (causes) du silence montre que tout ne peut s'expliquer par les limites, les failles et les impossibilités du langage et par le refus de l'engagement du locuteur ou de son capital cognitif et épistémologique. Le temps représente un obstacle majeur dans les efforts de l'homme d'expliquer des événements, faits antérieurs. S'il est difficile de parler précisément et objectivement du passé et du futur, nommer ou désigner ce qui se passe sous les yeux semble l'être également. En plus de la labilité et de l'oubli, la complexité des choses à dire peut aussi signifier l'arrêt définitif ou temporaire de tout discours. Avant l'échéance eschatologique, le silence n'est absolument pas un vide, un néant, même si des pesanteurs d'ordre encratique, idéologique et social rendent compte de la contrainte à laquelle sur tout sujet parlant est appelé à faire face. LE silence qui traverse le théâtre de Pinter est différent de cette absence de parole qu'impose la mort. Il n'est donc pas néontique, parce qu'il se justifie, d'une part, par une option artistique, et d'autre part, par le désir de nous rappeler qui nous sommes. Ce sont nos mots et nos silences qui font de nous ce que nous sommes dans ou sans interaction subjective : une entité sonore et une autre silencieuse. Tout être langagier est fait de ce qui s'énonce clairement et de ce qui ne cesse de s'échapper à toute expression verbale.Le choix porté sur l'adaptation cinématographique des pièces de Pinter obéit à l'effort de montrer que, quand les mots n'arrivent plus à dire, il faut se tourner vers des données sémiologiques, sémiotiques et somatico-gestuelles. Le genre poétique est un autre moyen par lequel les voix du silence nous parviennent à travers les allusions, les images et les symboles. Dans l’œuvre artistique de Pinter, le silence n'a pas qu'une signification mais aussi un rôle, une nature et des limites. Le silence n'est pas exclusivement dans le tacite ou le caché : il se trouve également dans ce qui se montre ou ce qui s'entend. Ce théâtre rappelle qu'à l'image du langage, le silence est une forme d'expression qui exige du spectateur une profonde attention pour comprendre le message qu'il entend lui faire passer. Par ailleurs, la protologie du silence révèle que d'autres arts de la scène tels que le praxis orchésale et la pratique musicale doivent leur existence à la réalité silencieuse. Vu que le silence sous-tend les moyens d'expression et de communication humaines, cela révèle du bon sens de lui reconnaître comme forme vivante. Le silence est à la fois une force centrifuge et centripète, car tout part de lui et retourne à son sein. Il est à l'origine de toute chose, et il survivra toute existence. / The main purpose of this research is not only to try to grasp the meaning of the unsaid and the hidden in the artistic work of Harold Pinter, but first and foresmost to show that language can neither have a meaning nor be made out if we do not consider what is lying underneath or if we disregard any reading between the lines. Even if it's obvious that the stage is more often than not under the yoke of words, the gist of any play is to be looked for in silence. In Pinter's dramatic world, silence can be understood as what cannot be said, what is not thoroughly said, what is not clearly expressed, what is not yet said, what will never be said. It can be due to many reasons, a silence may be observed under duress, as it may be made purposefully. The body language is more than important, for what is displayed through it can urge any shrewd spectator to muse upon what is beyond his eyes. Since words and images are not often reliable, the work of any spectator is to ponder over what is shown or said to him. And like any tool of communication, silence requires a text and a context to yield the substance emnodied in it. Any attempt to sever the language of words from that of silence is doomed to failure. Silence per se is the realm of silent words. Before being uttered, any word was first kept in silence. All discourses stem from silence, and whilst some can reach the listener, others need a particular attention, whence our interest in Pinter's early poems. The silence we'redealing with is not a void. It's pregnant with meaning and cannot be avoided as long as we're able to speak or we're potential locutors.

Identiferoai:union.ndltd.org:theses.fr/2015BESA1010
Date08 April 2015
CreatorsMbaye, Samba
ContributorsBesançon, Giroud, Vincent
Source SetsDépôt national des thèses électroniques françaises
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
TypeElectronic Thesis or Dissertation, Text

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