L’importance de la qualité des relations précoces parent-enfant pour le développement de l’individu n’est plus à démontrer. Le concept d’attachement se retrouve au cœur de plusieurs théories et de nombreuses recherches concernant l’adaptation affective et sociale de l’enfant, l’adolescent et l’adulte. Qui plus est, ce concept a été emprunté afin de décrire des entités diagnostiques faisant référence à des perturbations dans les relations sociales précoces. Récemment, les critères diagnostiques du trouble réactionnel de l’attachement (TRA) ont subi un remaniement dans la cinquième version du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-5; American Psychiatric Association; APA, 2013) après avoir était relativement stables dans les versions précédentes. En effet, le DSM-5 propose un seul type de TRA, qui correspond au type inhibé de la quatrième version révisée, au lieu de distinguer entre deux types, soit inhibé et désinhibé (DSM-IV-TR; APA, 2000). L’attachement est un domaine prolifique au niveau de la recherche et le développement de l’intérêt des chercheurs concernant le TRA est indéniable. Actuellement, depuis l’émergence des nouvelles technologies d’imagerie médicale, un courant de recherche tend à intégrer ces résultats aux nouvelles connaissances en neuroscience. Ce nouveau champ de recherche tente d’expliquer certains phénomènes par des changements, modifications ou perturbations des structures et connexions cérébrales. De nouvelles perspectives s’ouvraient donc quant à la compréhension de l’impact des troubles d’attachement, et plus particulièrement, du TRA, sur le développement de l’enfant. En effet, actuellement, les troubles d’attachement et le TRA ne représentent pas des entités diagnostiques comparables puisqu’aucune correspondance entre le TRA et les patrons d’attachement traditionnellement décrits en psychologie du développement n’a pu être établie jusqu’à présent (Coleman, 2003; Minnis, Marwick, Arthur, & McLaughlin, 2006; Newman & Mares, 2007; O’Connor & Zeanah, 2003). L’étude effectuée par Zeanah, Smyke, Koga et Carlson (2005) suggère que, dans une population d’enfants roumains institutionnalisés, le TRA est associé au degré de formation du lien d’attachement plutôt qu’à l’organisation d’un type particulier d’attachement. Peu de recherches décrivent cependant les représentations d’attachement caractérisant les enfants ayant reçu ce diagnostic. Dans ce contexte, avoir une perspective plus claire des impacts neurobiologiques possibles peut amener une vision plus précise et uniformisée de la compréhension des relations précoces d’attachement perturbées ainsi que des avenues d’intervention. La recherche actuelle suggère la présence de perturbations, pouvant devenir permanentes, des systèmes responsables de régulation des émotions, telles que la peur et l’anxiété, ainsi que des capacités d’attention, du contrôle comportemental, des capacités réflexives et des apprentissages. Dans un premier article, une synthèse des connaissances concernant l’impact des relations d’attachement perturbées sur le développement cérébral et la santé mentale de l’individu est présentée. Pour ce faire, une recension des études reliant les structures cérébrales et les fonctions dont elles sont responsables et décrivant l’impact du TRA au niveau neurobiologique a été effectuée. Cette recension des écrits a permis d’établir des liens potentiels entre le TRA et des altérations au niveau neurodéveloppemental. Dans le second article, l’analyse de trois cas d’enfants d’âge scolaire ayant reçu un diagnostic de TRA est présentée. Cette analyse a le but d’illustrer les prédictions des recherches en neuroscience et d’apporter un éclairage différent à la compréhension de cette pathologie. Les comportements et la symptomatologie des enfants ont été évalués par le biais d’un questionnaire et l’étude des dossiers pédopsychiatriques. La qualité de la relation parent-enfant a été abordée par l’entremise d’un outil permettant d’accéder à leurs représentations d’attachement. L’évaluation des représentations a permis de préciser le profil d’attachement de chaque enfant et de faire émerger plusieurs voies de réflexions concernant la population d’enfants présentant un TRA. En effet, l’analyse des résultats laisse entrevoir la possibilité d’un attachement insécurisé chez les enfants étudiés. Elle indique également la présence de difficultés de régulation du comportement et des émotions, des retards d’apprentissage, des problèmes dans les relations interpersonnelles et des déficits attentionnels chez les trois participants. Selon les résultats des études en neuroscience, ces difficultés peuvent être prédites à partir des relations d’attachement perturbées. Ces résultats relient la symptomatologie du TRA à des perturbations dans le développement et le fonctionnement de plusieurs structures cérébrales, dont l’axe HPA (axe hypothalamo-pituito-surrénal) et le cortex frontal. Cette étude permet donc de présenter une vision plus intégrée des éléments affectifs, relationnels et neurologiques qui caractérisent les enfants présentant des relations d’attachement perturbées.
Identifer | oai:union.ndltd.org:usherbrooke.ca/oai:savoirs.usherbrooke.ca:11143/11251 |
Date | January 2017 |
Creators | Neuville, Véronique |
Contributors | Puentes-Neuman, Guadalupe, Terradas Carrandi, Miguel |
Publisher | Université de Sherbrooke |
Source Sets | Université de Sherbrooke |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Thèse |
Rights | © Véronique Neuville |
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