Depuis les années 1990, les formations à visée professionnelle, comme l’enseignement, adoptent le paradigme du praticien réflexif. Au Québec, le référentiel de compétences proposé par le ministère de l’Éducation introduit l’idée que tout futur enseignant doit apprendre à « réfléchir sur sa pratique » (MEQ, 2001). Malgré de nombreuses études sur la réflexion, le concept reste flou et polysémique. Comment, dans ces conditions, « faire réfléchir » ? Des chercheurs contemporains, dans la mouvance éducative, humaniste et pragmatique de Dewey (1933), aboutissent à des conceptions convergentes de l’apprentissage par réflexion sur l’expérience (Osterman et Kottkamp, 2004; Brouwer et Korthagen, 2005; Loughran, 2006; Brockbank et McGill, 2007; Donnay et Charlier, 2008, entre autres). De leurs points communs est synthétisée une définition de la réflexion qui peut aider à clarifier son rôle en formation. La recherche se donne comme objectif de « saisir » des événements réflexifs pour élucider comment des formations universitaires contribuent à développer des mécanismes de réflexion favorables à un autorenouvellement professionnel à long terme.
La démarche est qualitative, l’approche interprétative-compréhensive. Des entrevues semi-structurées ont permis de recueillir des données auprès de finissants en enseignement du français langue seconde (FLS), en coopération internationale, à l’Université de Montréal, ainsi que d’enseignants de FLS expérimentés d’une université québécoise. Du corpus d’« occurrences de réflexion » ont émergé les significations que les acteurs donnaient à leur expérience d’apprentissage ou de travail.
Les résultats sont présentés en trois articles. Le premier décrit la méthodologie construite pour repérer des occurrences de réflexion. Le second révèle deux grandes caractéristiques de dispositifs qui la stimulent particulièrement: 1) l’agir en situation de travail authentique ou vraisemblable; 2) la confrontation interactive à l’altérité (pairs, clientèle). Le troisième article aborde les représentations plus riches, nuancées et critiques de la profession, l’Autre et soi-même sur lesquelles débouche la réflexion. L’étude documente aussi les effets de ces reconceptualisations sur l’acteur et l’action, et produit des typologies des préoccupations des (futurs) professionnels et des objets réfléchis
Des pistes de recherche et d’application sont dégagées pour les formations professionnalisantes et le développement professionnel en milieu de travail. / Since the 1990’s, the paradigm of the reflective practitioner entered higher education curricula. In Quebec, the Ministry of Education introduced in its list of skills required to become a teacher the idea that one should learn ‘to reflect on one’s practice’ (MEQ, 2001). Despite many studies about reflection, the concept of ‘reflection’ itself remains vague. So the effectiveness of the pedagogical and organizational tools used to “make people reflect” is highly questionable. Nevertheless, some researchers, following the seminal educative humanistic and pragmatic ideas of Dewey (1933) come to similar conceptualizations of what learning is through the reflection on practice (Osterman & Kottkamp, 2004; Brouwer & Korthagen, 2005; Loughran, 2006; Brockbank & McGill, 2007; Donnay & Charlier, 2008, among others). An operational definition of reflection is synthetized. It can help clarify the role of reflection in professional curricula. Going beyond the challenge of ‘capturing’ reflection events, this research aims at understanding how higher education programs contribute to develop long term professional self-renewal mecanisms.
This study is based on qualitative interviews, within an interpretive approach. Data came from prospective teachers in French as a second language (FSL) and in international co-operation at Université de Montréal, as well as experienced FSL teachers working in a Quebec university. The method first isolated ‘occurrences of reflection’, then extracted the meanings emerging from what the interviewees had said about their experience of learning or working.
Results provide insights into the process and outcomes of reflection. Two characteristics of the higher education programs appear to stimulate it the most : 1) ‘doing’ things in an authentic workplace or in simulated situations in the classroom; 2) interactive confrontation to others (peers and clients). Different types of ‘triggers’, conditions, concerns and objects of reflection are also brought to light. It appears that reflection stimulates changes in perspective in the mind of learners or workers, which makes them see things ‘differently’, that is, in a richer, more precise, more critical way, about their work, their colleagues or clients, and themselves as professionals.
The study proposes some ways of improving teacher education programs and professional development in the workplace.
Identifer | oai:union.ndltd.org:LACETR/oai:collectionscanada.gc.ca:QMU.1866/4553 |
Date | 11 1900 |
Creators | Chaubet, Philippe |
Contributors | Gervais, Colette |
Source Sets | Library and Archives Canada ETDs Repository / Centre d'archives des thèses électroniques de Bibliothèque et Archives Canada |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Thèse ou Mémoire numérique / Electronic Thesis or Dissertation |
Page generated in 0.003 seconds