La théorie de la paix démocratique d’inspiration kantienne postule que les démocraties entretiennent des rapports pacifiques. Nolens volens, force est de constater que depuis 1945, deux régimes dits démocratiques ne se sont pas affrontés militairement de manière frontale. Nonobstant, les arguments avancés pour expliquer cette paix (la nature irénique des démocraties, les valeurs du libéralisme politique et économique, etc.) sont discutables ; a fortiori lorsque des vertus pacifiques sont prêtées aux démocraties et des vices belligènes aux autocraties. Cette étude, qui tente d’éprouver les postulats de ce modèle théorique libéral, suggère l’hypothèse d’une « paix autoritaire ». Il affleure que la nature d’un régime n’a pas d’incidence notable sur son comportement extérieur. Les régimes autoritaires, à l’instar de leurs pairs démocratiques, se trouvent aussi généralement en état de paix séparée entre eux. Cette hypothèse souffre toutefois quelques réserves. Si l’autoritarisme ne constitue pas un facteur aggravant de conflictualité internationale, il en va tout autrement sur un plan domestique. C’est par exemple une cause et un catalyseur des dynamiques de belligérance interne en Afrique. Il fragilise le corps social et favorise l’autolyse de ses cellules i.e. les citoyens. Plusieurs autres facteurs expliquent la prévalence élevée des guerres civiles au sein du continent africain tels que la monopolisation du pouvoir politique et sa gestion néopatrimoniale, les carences de gouvernance, l’ethnicité etc. La variable identitaire apparaît toutefois moins importante que ne le suggère la littérature. En effet, en dépit de leur pluricausalité, ces conflits surviennent essentiellement en raison de l’absence de partage équitable du pouvoir politique et des ressources économiques. Ils ont aussi partie liée avec l’insuffisante reconnaissance symbolique des communautés ethniques. L’ethnicité n’intervient qu’incidemment et notamment lorsqu’elle est manipulée à dessein par des entrepreneurs politiques à des fins politiciennes. Ces causes de conflictualité doivent être associées à l’impéritie de l’État postcolonial qui se révèle structurellement inadéquat, et partant inapte à enrayer la fratricide spirale guerrière qui a transformé l’Afrique en vaste sépulcre. Un tel constat suscite la quête théorique d’un modèle d’État et d’un système de gouvernance propices à une paix durable, pouvant seoir aux pays africains et prenant en considération leurs réalités endogènes ainsi que leurs caractéristiques culturelles et sociologiques propres. / The theory of democratic peace derived from Kantianism posits that democratic states maintain peaceful relationships amongst them. However, one cannot fail to observe nolens volens that since 1945 there has been no direct military confrontation between two regimes considered as democratic. Notwithstanding the arguments that have been put forward to explain this state of peace—the peaceful nature of democracies, the values of economic and political liberalism, etc.—are questionable, especially when some virtues of peacefulness are attributed to democracies and warmongering vices to autocracies. This study attempts to put to the test the premises of this theoretical liberal model while introducing the hypothesis of an “authoritarian peace”. It transpires that the nature of a regime does not affect the way it handles its external affairs. The authoritarian regimes like their democratic counterparts generally exist peacefully side by side. Yet, this hypothesis is not without its own limitations. While authoritarianism does not represent an aggravating factor of conflictuality internationally, it can have an adverse effect domestically. It is for instance a cause and a catalyst of the dynamics of internal warfare in African states. It weakens the social body and causes the autolysis of its cells, ie. the citizens. Other factors such as the monopolization of political power, neo-property management, lack of effective governance, ethnicity, etc. can explain the high prevalence of civil wars in Africa. The identity factor is not as important as the current literature suggests. In fact, despite the plurality of their causes, these conflicts generally occur due to the lack of equitable sharing of political power and economic resources. There is also the fact that the power-holders often fail to pay proper regard to some ethnic communities. Ethnicity is therefore simply the by-product of these main causes, stoked up by some political entrepreneurs in pursuit of their political ends. These causes of conflictuality should not be divorced from the failure of the post-colonial African state, structurally inadequate and therefore incapable of bringing to a halt the fratricidal spiral of warfare which has transformed Africa into a large sepulchre. In view of this fact, there is a need to find a theory for a model of state and governance that could guarantee a lasting peace; that would be suitable for the African countries; and that would take into account their endogenous realities and their own cultural and sociological characteristics.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2019TOU10022 |
Date | 17 July 2019 |
Creators | Akemakou Njinga, Nessan |
Contributors | Toulouse 1, Martin, Michel Louis |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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