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Réfugiés et personnes déplacées internes, pareils pas pareils? : ethnographie au cœur du régime humanitaire au Cameroun

Déjà, à la fin du XXe siècle, le nombre de personnes déplacées internes (PDI) dans le monde était plus de deux fois supérieur à celui des personnes réfugiées - rapport qui s'est maintenu jusqu'à aujourd'hui mais dans des proportions toujours plus démesurées (36 millions de personnes réfugiées pour 71 millions de PDI en 2022). Pourtant, l'importance de considérer les deux populations dans les politiques humanitaires, historiquement réfugié-centriques, s'observe difficilement en pratique. Dans ce mémoire, j'explore les enjeux relatifs à ces deux catégories à partir de l'ensemble flou des personnes en situation de migration forcée qu'elles constituent. Plus précisément, j'entends cerner les différents processus de catégorisation qui mènent à leur étiquetage, puis à leur prise en charge humanitaire. Bien qu'en continuité des études anthropologiques portant sur les réfugiés ou les PDI, ma recherche propose d'intégrer ces deux groupes dans une même perspective afin d'illuminer de nouvelles nuances quant à leur place, pouvoir et valeur au sein de l'ordre humanitaire international. Pour ce faire, j'ai réalisé un terrain ethnographique au Cameroun, pays d'Afrique centrale, impacté par trois conflits simultanés ayant provoqué des déplacements forcés massifs. Un million de PDI et des centaines de milliers de réfugiés sont aujourd'hui réunis dans le même espace humanitaire dans lequel les acteurs humanitaires doivent conjuguer avec les particularités de chaque catégorie pour élaborer l'assistance. À partir de récits de vie de personnes en situation de migration forcée, d'entretiens avec des humanitaires et d'observations ethnographiques au sein d'organisations humanitaires, mon enquête anthropologique montre en quoi les concepts de réfugiés et de PDI ne vont pas de soi, sont modulés en regard des contextes, de la temporalité et des acteurs qui les mobilisent, ce qui produit toujours plus de sous-catégories impactant à la fois le travail humanitaire et l'expérience des personnes étiquetées. Malgré cet éclatement conjoncturel, une constante ressort : la marginalisation systématique des PDI, au Cameroun comme à l'international. / At the end of the twentieth century, the number of internally displaced persons (IDPs) in the world was already more than twice that of refugees, a ratio that has continued to increase excessively to this day (more than 36 million refugees for more than 71 million IDPs in 2022). However, the importance of considering both populations in humanitarian policies, which have historically been refugee-centric, is difficult to observe in practice. In this thesis, I explore the issues surrounding these two categories, which together constitute the blurred set of 'forced migrants'. More specifically, my aim is to identify the different processes of categorisation that lead to labelling IDPs and refugees differently, with different provision of humanitarian assistance. My research goes further than existing anthropological studies on IDPs and refugees, and reveals new nuances regarding the place, power and value of IDPs and refugees within the international humanitarian order. I carried out ethnographic fieldwork in Cameroon, which has been affected by three simultaneous conflicts that have led to massive forced displacement. Humanitarian actors have to assess the specific characteristics of one million IDPs and hundreds of thousands of refugees who share the same humanitarian space in order to provide assistance. Based on the life stories of forced migrants, interviews with humanitarian actors and ethnographic observations within humanitarian organisations, my research shows how the concepts of refugee and IDP are not self-evident, and are modulated according to context, temporality and the actors who use them. This produces an increasing number of sub-categories which have an impact on both humanitarian work and the experience of those labelled as IDPs or refugees. Despite this fragmentation, one constant stands out: the systematic marginalisation of IDPs, both in Cameroon and internationally.

Identiferoai:union.ndltd.org:LAVAL/oai:corpus.ulaval.ca:20.500.11794/149425
Date05 September 2024
CreatorsArsenault, Élisabeth
ContributorsLarouche, Catherine
Source SetsUniversité Laval
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
TypeCOAR1_1::Texte::Thèse::Mémoire de maîtrise
Format1 ressource en ligne (xi, 244 pages), application/pdf
CoverageCameroun.
Rightshttp://purl.org/coar/access_right/c_abf2

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