Le second dix-huitième siècle est marqué par une profonde reconfiguration du cadre politique qui se traduit par un essor concomitant de la critique publique et du patriotisme. Le théâtre participe au mouvement. Dans le sillage de Voltaire, des auteurs très divers s’emparent de l’Histoire de France, renouvelant les genres théâtraux et le rapport au spectacle. Aux pièces épiques ou sentimentales du « genre troubadour » s’ajoutent bientôt les anecdotes biographiques consacrées aux Grands Hommes, puis les « apothéoses dramatiques » et les « faits historiques » contemporains de la Révolution. Cet ensemble hétéroclite de pièces jouées sur des théâtres officiels, en société ou seulement diffusées par écrit, constitue ce que nous appelons le théâtre national des Lumières et de la Révolution. À travers l’étude des textes et de leur réception, nous analysons comment la représentation de l’Histoire de France participe aux transformations des mentalités, selon un effet de miroir passé-présent plus ou moins explicite. Aux enjeux esthétiques et dramaturgiques emblématiques de cette période charnière entre classicisme et romantisme, le théâtre national mêle des enjeux politiques et mémoriels : plus qu’un divertissement moral, il est conçu comme un dispositif civique. Il construit un patrimoine historique collectif avec des mythes et des légendes, mais les intentions idéologiques divergentes des auteurs et la participation active des publics en font un lieu de dissensus. Le théâtre national médiatise également les tensions de la société et recherche des émotions qui oscillent entre l’admiration, l’attendrissement, la déploration indignée et l’horreur face aux blessures du passé. / The second half of the eighteenth-century is characterized by a thorough transformation of the political world, a change which reflected the simultaneous development of public criticism and patriotism. Theatre plays a key role in this process. Following Voltaire, a variety of playwrights use French history for their plots, and in so doing they update genres and audience expectations. Alongside epic or sentimental plays of the troubadour genre, bio-dramas of “Great Men” soon appeared, followed by dramatic apotheoses and the Revolution’s “faits historiques”. This varied corpus of plays – performed ¬ or not, on official or private stages – constitutes what we may call the national drama of the Enlightenment and the French Revolution.By studying these texts and their reception, I analyse how the theatrical representation of French history and its ability to act as a mirror between the past and the present contribute to the contemporary changes in thought. National drama not only showcases the esthetical and dramaturgic debates of this turning point between classicism and romanticism, but it additionally implicates issues of politics and memory: it is more than simple moral entertainment, it has civic value. These productions create a collective historical heritage with its own myths and legends, but the playwrights’ contradictory ideological intentions and the audiences’ active participation also make this theatre a site of dissent. National drama also expresses contemporary social strains and seeks to evoke specific emotions such as admiration, empathy, outrage and horror in the face of the past’s wounds.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2016PA040181 |
Date | 26 November 2016 |
Creators | Julian, Thibaut |
Contributors | Paris 4, Frantz, Pierre |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text, Image |
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