Cette recherche porte sur le rôle joué par la lecture de Montaigne dans la philosophie de Rousseau.Il convenait d’abord de repérer les traces de cette lecture et les différents témoignages qu’en donnent son œuvre publiée ainsi que ses manuscrits, d’établir les éditions dans lesquelles Rousseau lit les Essais et les perspectives dans lesquelles il le fait. Il fallait établir également les médiations qui ont joué un rôle dans la réception de Montaigne par Rousseau. Les Essais sont édités et lus au XVIIIe siècle selon des perspectives auxquelles il ne cesse de se confronter. Nombre d’auteurs du XVIIe siècle sur lesquels il s’appuie dialoguent avec Montaigne. L’étude de la relation que Rousseau entretient avec lui demande donc l’examen de toute une tradition philosophique qui s’appuie elle-même sur Montaigne.Cette dimension de l’héritage conduit à trianguler les références, implicites ou explicites, que Rousseau fait à Montaigne dans son œuvre philosophique. Il lui sert de point d’appui pour dialoguer avec Diderot traducteur de Shaftesbury et pour prendre parti, dès le premier Discours, en faveur de la religion naturelle. La lecture politique des Essais qu’il produit nourrit son opposition à toute forme de domination et lui permet de critiquer la position de Montesquieu sur le luxe. Cette lecture politique se développe dans le second Discours, pour dénoncer les effets de l’intérêt particulier, qui détruit le lien politique. Rousseau s’appuie encore sur les principes de La Boétie qu’il trouve dans les Essais pour penser la dépravation de l’homme en société. Le lien social ne demande pas de suivre une morale opposée à l’intérêt, mais de poursuivre l’intérêt universel qui nous lie aux autres hommes. Montaigne occupe aussi une place déterminante dans le dialogue que Rousseau entretient avec des auteurs comme Barbeyrac, Mandeville ou Locke.Cette thèse montre ainsi que la référence à Montaigne met en jeu les principes fondamentaux de la philosophie politique et morale de Rousseau. / The aim of this study is to analyze the role of Montaigne’s legacy in Rousseau’s philosophy.First, evidences and views of Rousseau’s reading of Montaigne have been examined in his published works and in his manuscripts. Editions in which Rousseau was reading Montaigne have also been identified.Then, mediations between Rousseau and Montaigne’s reception have been reviewed. Rousseau reads the Essais with the 18th century points of view. He relies on 17th century authors who judge Montaigne. Therefore, thanks to this philosophical tradition who deals with Montaigne, links between Montaigne and Rousseau are analysed.The implicit and explicit references to Montaigne in Rousseau’s work are triangulated. Rousseau quotes Montaigne to deal with Diderot, – translator of Shaftesbury, to defend natural religion as early as in his First Discourse on the Sciences and Arts.Rousseau has a political reading of the Essais. He denounces all kind of domination, and criticizes Montesquieu’s apology of luxury. The political reading of Montaigne increases in the second Discourse : the possessive individualism destroys the social link.Rousseau underlines the La Boétie’s principles in the Essais, which show the political depravation of society. The social link does not demand to follow moral rules against citizen’s interests. Humanity has to pursue a universal interest, which establishes a relationship between each human being and the whole humanity.Montaigne has a central position to understand the dialogues between Rousseau and Barbeyrac, Mandeville, and Locke. Rousseau refers to Montaigne when he defends his moral and politic fundamental principles.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2015ENSL1013 |
Date | 25 September 2015 |
Creators | Gittler, Bernard |
Contributors | Lyon, École normale supérieure, Bernardi, Bruno |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
Page generated in 0.0063 seconds