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Terres-rompues : marches et démarches d'un film en devenir

Ce mémoire raconte le parcours d'un film, de la tête qui l'a vu naître jusqu'au corps qui l'a porté. En fait, pour moi un film se situe toujours quelque part entre les deux, à michemin entre le rêve et la raison, entre le concret et l'abstrait, entre l'esprit et la chair. Il n'est jamais complètement ce que j'en ai pensé ni ce que j'en ai fait. Pourtant, il est bel et bien là, sur l'écran devant moi, transparent jusqu'à la gêne, comme la radiographie d'un temps irradié par la volonté d'un cinéaste à communiquer quelque chose d'intime, quelque chose qui ne se dit qu'en images et en sons, comme un puissant désir de cinéma.

Ce film intitulé Terres-Rompues, présenté ici comme l'achèvement de mes recherches à la maîtrise en art, est né de ma volonté de réaliser un premier long métrage de manière complètement artisanale. Disposant seulement de moyens modestes mais de beaucoup d'ambition, je me suis demandé si aujourd'hui, avec toute la quincaillerie propre au cinéma numérique (équipement de tournage léger et portable, système de montage par ordinateur, sortie sur DVD), il était possible de tourner un film comme un écrivain écrit un livre ou comme un peintre peint une toile, c'est-à-dire au fur et à mesure, au gré de l'inspiration et des circonstances. Le cinéma comme moyen d'expression d'une pensée vivante, qui ne peut être dissociée d'un terreau où se fondent le sentiment, la volonté, les expériences personnelles et des combinaisons d'idées qui ne parviennent à leur pleine maturité qu'au regard d'une situation intérieure donnée. Ce mémoire est l'occasion pour moi de revoir mes méthodes de création cinématographiques à la lumière du work-in-progress, du film en train de se faire et des possibilités offertes par les nouveaux outils numériques.

Au cours d'une remise en question des étapes de production (préproduction, production et postproduction), je partirai à la recherche de mon propre langage esthétique afin de créer un cinéma qui entre en résonnance avec l'époque actuelle. Un cinéma qui, loin de se complaire dans la reproduction d'une totalité hors d'atteinte, invente à chaque fois de nouvelles modalités du regard à travers un état de voyance toujours renouvelé par les expériences de la vie. Pour moi un film se fait nécessairement au gré d'un lent cheminement qui se métamorphose en cours de route. Alors dans le contexte actuel, c'est-àdire dans un contexte où le versant industriel du cinéma reste en hégémonie face au côté plus artisanal, comment puis-je faire un cinéma de l'intime, un cinéma fait main, fait maison, qui au lieu de miser sur la sacralisation de l'objet scénario, des dialogues, des situations, du récit linéaire, de la chronique donc, se construit tranquillement au gré de l'espace et du temps comme une errance du regard à travers les formes du monde? C'est-àdire comme un objet hétérogène, elliptique, fragmentaire, qui ne se visualise pas nécessairement à l'avance, mais qui n'en demeure pas moins pertinent et digne de mention.

Je vous invite donc cordialement à faire un bout de chemin avec moi dans ce voyage qui nous mènera essentiellement vers l'inconnu. Mais certainement au cours de ce périple, au travers des endroits visités et des gens rencontrés, se dessinera la carte d'un territoire aussi grand que la folie d'un cinéaste, qui au départ ne voulait que raconter une petite histoire à partir de rien.

Identiferoai:union.ndltd.org:LACETR/oai:collectionscanada.gc.ca:QCU.2158
Date January 2011
CreatorsBoudreault, Martin
Source SetsLibrary and Archives Canada ETDs Repository / Centre d'archives des thèses électroniques de Bibliothèque et Archives Canada
Detected LanguageFrench
TypeThèse ou mémoire de l'UQAC, NonPeerReviewed
Formatapplication/pdf
Relationhttp://constellation.uqac.ca/2158/

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