Ce mémoire vise à éclairer la conception bien particulière du cinema et de la spectature du cinéaste Raoul Ruiz, par le biais de l'analyse de l'art de la mémoire
(ou « mnémotechnique ») dans son film Trois vies et une seule mort, réalisé en 1995. En tant que réalisateur, scénariste et théoricien du cinéma, Ruiz propose une réflexion théorique originale sur son médium, réflexion qui fait appel à plusieurs champs du savoir et met en relief les relations entre diverses pratiques artistiques. Le caractère multidisciplinaire de sa démarche expliquerait en partie la difficulté qu'éprouvent les critiques à aborder l'ensemble de
l'oeuvre de Ruiz, qui paraît inclassable en termes d'écoles, de genres ou d'esthétiques cinématographiques. Trois vies et une seule mort, généralement ignoré dans les ouvrages consacrés à Ruiz, a pour particularité d'esquisser des liens entre l'art de la mémoire et le cinéma. Bien que les oeuvres Mémoires des apparences et Le Temps retrouvé, réalisées par le même cinéaste, témoignent également des possibilités qu'offre le médium cinématographique pour traduire la mémoire, Trois vies et une seule mort est le seul film de Ruiz axé sur la mémoire qui ne soit pas l'adaptation d'une oeuvre littéraire. Créée et scénarisée par Ruiz, l'oeuvre étudiée porte sur l'art de la mémoire, emprunte certaines de ses caractéristiques formelles et propose une expérience spectatorielle sollicitant un constant « travail de mémoire ». Trois vies et une seule mort établit ainsi de puissantes relations entre le caractère « défamiliarisant » (Victor Chklovski) de l'image cinématographique, le processus de réminiscence et les « traces d'oralité » (d'après la conception de l'oralité proposée par Walter J. Ong) au cinéma.
Multidisciplinaire par essence, notre hypothèse interprétative de l'art de la mémoire prend appui sur l'ouvrage The Art of Memory (Frances Yates), qui se consacre à l'évolution de la mnémotechnique depuis sa naissance jusqu'à la Renaissance. Par conséquent, notre analyse du film fait appel à des notions liées à l'art de la mémoire qui sont issues de plusieurs champs d'études, notamment du cinéma, de la peinture, de la photographie, des médias, de l'histoire de la philosophie, des mathématiques, de la littérature, du théâtre et de la théologie. À travers l'analyse des diverses manifestations de l'art de la mémoire dans le film (et des conceptions du monde et de l'art qu'elles sous-tendent), nous accordons une attention particulière à l'intermédialité qui caractérise Trois vies et une seule mort, c'est-à-dire sa façon d'incarner l'interpénétration de qualités médiatiques propres à divers médias. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Trois vies et une seule mort, Raoul Ruiz, Cinéma, Mnémotechnique, Mémoire, Intermédialité, Défamiliarisation.
Identifer | oai:union.ndltd.org:LACETR/oai:collectionscanada.gc.ca:QMUQ.2866 |
Date | January 2006 |
Creators | Mello, Marie-Hélène |
Source Sets | Library and Archives Canada ETDs Repository / Centre d'archives des thèses électroniques de Bibliothèque et Archives Canada |
Detected Language | French |
Type | Mémoire accepté, NonPeerReviewed |
Format | application/pdf |
Relation | http://www.archipel.uqam.ca/2866/ |
Page generated in 0.0016 seconds