Cette dissertation doctorale entend contribuer au renouveau des sciences de l’information et de la communication (SIC) et plus particulièrement de la construction du « public » dans un contexte caractérisé par une remise en question des savoirs théoriques et méthodologiques associée à l’émergence d’internet.
Cette problématique est développée en trois temps. Dans un premier temps, nous effectuons une synthèse des constructions du public dans la recherche sur les médias classiques. Les multiples « publics » repérés dans la littérature scientifique en information et communication (infocom) sont organisés à deux niveaux. D’une part, nous distinguons les constructions du public comme « acteur collectif » et comme « acteur assistant ». D’autre part, à un niveau plus fin d’analyse, les concepts de public comme « groupe » et comme « collectivité » permettent de distinguer deux types de public comme « acteur collectif » tandis que les concepts de public comme « récepteur » et comme « coproducteur » renvoient à deux catégories différentes de public comme « acteur assistant ».
Dans un deuxième temps, nous examinons plusieurs ajustements des constructions du public apportés (ou à apporter) par la recherche en infocom à propos d’internet. En ce qui concerne la construction du public comme « groupe », celle-ci recouvre désormais une grande variété de groupes dont les processus de communication interne deviennent un objet d’étude à part entière. De plus, la construction comme « public exposé » (une catégorie de public comme « récepteur ») s’articule à la problématique de l’accès aux informations. Enfin, la construction du public comme « coproducteur » voit son champ d’application considérablement élargi.
Dans un troisième et dernier temps, nous réalisons une méta-analyse de la construction du public d’internet. Le corpus est composé de 186 articles issus de six revues scientifiques en infocom. Les variables examinées sont : l’origine culturelle des auteurs, l’orientation éditoriale des revues, les thématiques de recherche, les constructions du public, les constructions d’internet et les méthodes de recherche. Les résultats révèlent notamment que les ajustements nécessaires des constructions du public sont peu représentés dans le corpus. Si la construction comme « groupe » est plus fréquente que la construction comme « collectivité », la première est toutefois concentrée dans deux revues et semble peu diversifiée. De plus, le public comme « coproducteur » est rarement étudié alors qu’internet facilite la participation à la production des messages et favorise l’appropriation des contenus.
Par ailleurs, la construction du public d’internet est culturellement marquée : les chercheurs européens le construisent plutôt comme « acteur collectif » tandis que les chercheurs américains privilégient la construction comme « acteur assistant ». De plus, les constructions du public ne sont pas associées aux mêmes constructions d’internet : le public comme « acteur collectif » est associé à une construction d’internet comme « medium » tandis que le public comme « acteur assistant » est associé à une construction d’internet comme « support », « média » ou « contenu ». Enfin, les constructions du public d’internet donnent lieu à des méthodes de recherche distinctes, le public comme « acteur collectif » étant articulé aux méthodes qualitatives et le public comme « acteur assistant » aux méthodes quantitatives. /
This doctoral thesis aims to contribute to the revival of the information and communication sciences (ICS) whose theoretical and methodological tools are being called into question by the emergence of information and communication technologies. This study focuses on the construction of the “audience” in the age of internet and develops this issue through three chapters.
The first chapter synthesizes the constructions of the audience in the research on traditional media. The numerous “audiences” identified in scientific literature from ICS are organized at two levels. On the one hand, we distinguish the audience as “collective actor” from the audience as “attending actor”. On the other hand, and more precisely, the “group” and the “collectivity” are considered two different kinds of audience as “collective actor” while the construction of the audience as “attending actor” is broken up into two constructions: the “receiver” and the “co-producer”.
The second chapter discusses (some of) the alterations to the constructions of the audience that ICS have made (or should make) because of the properties of the internet. With regard to the audience as “group”, it covers henceforth a wide range of groups whose internal communication processes become an object of study. Moreover, the construction of the audience as “exposed audience” (a category of audience as “receiver”) is linked up with the issue of information access and the construction of audience as “co-producer” sees its sphere of validity considerably enlarged.
The third and last chapter develops a meta-analysis of the construction of the internet audience. The corpus is composed of 186 articles published in six scientific journals from ICS. The variables examined are: the cultural origin of the authors, the editorial influence of the journals, the research subjects, the constructions of the audience, the constructions of internet and the research methods. Among other results, it appears that the “new” constructions of the audience are not much studied in the corpus. The construction as “group” is more frequently encountered than the construction as “collectivity” but is restricted to two journals and is little diversified. Moreover, the audience as “co-producer” is rarely constructed whereas internet facilitates the participation in message production and the appropriation of contents. Furthermore, the construction of the internet audience is a culturally defined process: European researchers rather construct the internet audience as “collective actor” while American researchers tend towards a construction of the internet audience as “attending actor”. Those constructions are associated with different constructions of internet: the audience as “collective actor” is linked up with the construction of internet as “medium” while the audience as “attending actor” is associated with the constructions of internet as “device”, “channel” or “content”. Finally, the constructions of the internet audience are methodologically different: the audience as “collective actor” is studied through qualitative methods while the audience as “attending actor” tends towards quantitative methods.
Identifer | oai:union.ndltd.org:BICfB/oai:ulb.ac.be:ETDULB:ULBetd-01252005-141546 |
Date | 07 March 2005 |
Creators | Patriarche, Geoffroy |
Contributors | Heinderyckx, François, Eraly, Alain, Wilkin, Luc, Carpentier, Nico, Wolton, Dominique |
Publisher | Universite Libre de Bruxelles |
Source Sets | Bibliothèque interuniversitaire de la Communauté française de Belgique |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | text |
Format | application/pdf |
Source | http://theses.ulb.ac.be/ETD-db/collection/available/ULBetd-01252005-141546/ |
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