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Santé cardiométabolique, paramètres inflammatoires et faisabilité d’une intervention nutritionnelle en oncologie pédiatrique

Grâce aux progrès médicaux, le taux de survie à 5 ans des enfants et des adolescents diagnostiqués d’un cancer est maintenant d’environ 85%. Malgré ces chiffres encourageants, à l’âge adulte, les survivants d’un cancer pédiatrique sont à risque de développer plusieurs problèmes de santé dont des maladies cardiovasculaires et des complications cardiométaboliques (CM) comme de l'hypertension, une résistance à l'insuline, de la dyslipidémie et de l'obésité abdominale. Devant cette réalité, il importe d’enrichir les connaissances quant à l’évolution et l’étiologie de ces séquelles tôt dans la trajectoire du cancer et de la survivance afin d’améliorer la prise en charge précoce des patients. Pourtant, à ce jour, seulement quelques études ont décrit la santé CM de patients à court terme après la fin des traitements et les facteurs associés au développement hâtif de ces complications demeurent méconnus.
Le cancer et ses traitements causent un état pro-inflammatoire & pro-oxydant susceptible d’entraîner le développement de complications CM. En parallèle, la période de traitement est caractérisée par des changements dans les habitudes alimentaires, un comportement sédentaire et une augmentation de l’indice de masse corporelle (IMC), qui peuvent persister après la fin des traitements. À long terme chez les survivants de cancers pédiatriques, le statut d’obésité à la fin des traitements ainsi que certains biomarqueurs inflammatoires ont été associés à la présence de complications CM. De plus, la composition des HDL est différente à long terme chez les survivants de la leucémie lymphoblastique aiguë comparativement à celle de contrôles sains. Étant donné l’importance de tous ces facteurs, il est primordial de les décrire à court terme, après la fin des traitements.
Par ailleurs, l’obésité au moment du diagnostic et l’augmentation de l’IMC pendant le traitement influencent négativement le pronostic et l’occurrence d’effets secondaires graves durant les traitements. Toutefois, la plupart des interventions nutritionnelles en oncologie pédiatrique ne tiennent pas en compte la problématique du gain de poids significatif durant les traitements. Ainsi, il semble important d’évaluer la possibilité d’implanter des stratégies misant sur la promotion d'habitudes de vie saines tôt après le diagnostic d’un cancer pédiatrique afin d’améliorer l'état nutritionnel, la qualité de vie et possiblement la santé CM des patients à court et à long terme.
Les travaux de cette thèse ont pour but de : i) décrire la santé CM de patients en oncologie pédiatrique peu de temps après les traitements, ii) élaborer, par une revue de littérature, sur le rôle de l’état inflammatoire et oxydant relié au cancer de l’enfant et ses traitements dans le développement des complications CM, iii) évaluer les associations entre l’évolution de l’IMC durant la trajectoire de soins d’un cancer pédiatrique et les complications CM ainsi que le statut inflammatoire; vi) détailler la composition lipidique et protéique des HDL des patients peu de temps après la fin des traitements du cancer pédiatrique et; v) déterminer la faisabilité d’une intervention nutritionnelle précoce chez des enfants et des adolescents nouvellement diagnostiqués d’un cancer.
Pour ce faire, deux cohortes de patients ont été recrutées dans le cadre de l’étude VIE (Valorisation, Implication, Éducation) au CHU Sainte-Justine. D’abord, 80 patients suivis en hémato-oncologie ont été rencontrés en moyenne 1,4 ± 0,8 an après la fin de leur traitement contre un cancer pédiatrique. De ce groupe, 56,3 % étaient des filles, 43,8% avaient été traités pour une leucémie. L'âge moyen lors de la rencontre était de 11,8 ans (min - max: 4,5 - 21,0). La proportion de complications CM observée était de 26,3 % pour la pression artérielle (PA) élevée, 8,1 % pour le prédiabète, 35,0 % pour la dyslipidémie et 11,5 % pour l’obésité. Les adolescents (≥ 10 ans au diagnostic) étaient plus susceptibles d'avoir une PA élevée, une dyslipidémie et de cumuler ≥ 2 complications CM que les enfants. Être en surpoids ou obèse après le traitement était associé à des niveaux plus élevés d'insuline, d’HOMA-IR, de leptine et du ratio leptine/adiponectine du plasma. Chez les patients en surpoids ou obèses à la fin du traitement, le changement de l’IMC a été relié au niveau d’adipokines (leptine et ratio leptine/adiponectine) après les traitements. De plus, les fractions de HDL3 étaient enrichies en triglycérides chez les patients présentant une dyslipidémie à l’évaluation par rapport aux normolipidiques et chez ceux ayant été traités avec des doses de doxorubicine ≥ 90 mg/m2 par rapport à des doses inférieures.
Parallèlement, une intervention nutritionnelle d'un an, comprenant une évaluation initiale et six visites de suivi tous les deux mois, a été effectuée auprès de 61 participants. De ceux-ci, 51,6% étaient des garçons, l’âge moyen était de 8,5 ans et le temps moyen entre le début de l’intervention et le diagnostic était de 13,2 semaines. Après 1 an d’intervention, le taux de rétention étaient de 72,6 %, 258 rencontres ont été menées sur 362 planifiées (taux de présence 71,6%) et la moitié des participants (50,8 %) avaient participé à au moins 4 rencontres de suivi.
En conclusion, peu après le traitement d’un cancer pédiatrique, la santé CM est influencée par l’âge au diagnostic et l’évolution de l’IMC pendant les traitements, et le métabolisme des HDL tant par l’âge que les doses de doxorubicine reçues. Les biomarqueurs du statut inflammatoire peuvent servir d’indicateur de la santé CM chez ces patients. Par ailleurs, l’implantation d’une intervention nutritionnelle impliquant les patients et leurs parents tôt après le diagnostic d’un cancer pédiatrique est faisable et constitue une stratégie à prioriser afin d’optimiser la santé CM de cette population à court et à long terme. Dans leur ensemble, nos travaux contribuent à améliorer la prise en charge et les méthodes d’interventions auprès des enfants et des adolescents diagnostiqués d’un cancer. / Due to medical advances, the 5-year survival rate for children and adolescents diagnosed with cancer is now approximately 85%. Despite these encouraging statistics, in adulthood, survivors of pediatric cancer are at risk of developing several health problems including cardiovascular disease and cardiometabolic complications (CM) such as hypertension, insulin resistance, dyslipidemia and abdominal obesity. In this context, it is important to increase the knowledge of the evolution and etiology of these sequelae to improve early management. However, to date, only a few studies have described the CM health of patients in the short term after the end of treatment and the factors associated with the early development of these complications remain unknown.
Cancer and its treatment cause a pro-inflammatory & pro-oxidative state that can lead to the development of CM complications. In parallel, the treatment period is characterized by changes in dietary habits, sedentary behavior, and increased body mass index (BMI), which may persist after treatment ends. In the long term in pediatric cancer survivors, obesity status at the end of treatment and some inflammatory biomarkers have been associated with the presence of CM complications. In addition, HDL composition is different in long-term survivors of acute lymphoblastic leukemia compared with healthy controls. Given the importance of these factors, it is critical to describe them in the short term, after the end of treatment.
In addition, obesity at diagnosis and increasing BMI during treatment negatively influence prognosis and the occurrence of serious side effects during treatment. However, most nutritional interventions in pediatric oncology do not address the issue of significant weight gain during treatment. Thus, it seems important to evaluate the possibility of implementing strategies focusing on the promotion of healthy lifestyle habits early after the diagnosis of pediatric cancer in order to improve the nutritional status, quality of life and possibly the CM health of patients in the short and long term.
The work in this thesis aims to: i) describe the CM health of pediatric oncology patients shortly after treatment, ii) elaborate, through a literature review, on the role of inflammatory and oxidative status related to pediatric cancer and its treatments in the development of CM complications, iii) evaluate the associations between changes in BMI during the pediatric cancer care trajectory and CM complications as well as inflammatory status; vi) detail the lipid and protein composition of patients' HDL shortly after completion of pediatric cancer treatments and; v) determine the feasibility of early nutritional intervention in children and adolescents newly diagnosed with cancer.
Two cohorts of patients were recruited as part of the VIE (Valorisation, Implication, Education) study at CHU Sainte-Justine. First, 80 patients followed in hemato-oncology were met on average 1.4 ± 0.8 year after the end of their treatment for pediatric cancer. Of this group, 56.3% were girls, 43.8% had been treated for leukemia. The mean age at encounter was 11.8 years (min - max: 4.5 - 21.0). The proportion of CM complications observed was 26.3% for high blood pressure (BP), 8.1% for prediabetes, 35.0% for dyslipidemia, and 11.5% for obesity. Adolescents (≥ 10 years of age at diagnosis) were more likely to have elevated BP, dyslipidemia, and ≥ 2 CM complications than children. Being overweight or obese after treatment was associated with higher levels of insulin, HOMA-IR, leptin, and plasma leptin/adiponectin ratio. In patients who were overweight or obese at the end of treatment, the change in BMI was related to the level of adipokines (leptin and leptin/adiponectin ratio) after treatments. In addition, HDL3 fractions were enriched in triglycerides in patients who were dyslipidemic at assessment compared with the normolipidics, and in those who had been treated with doxorubicin doses ≥90 mg/m2 compared to lower doses.
In parallel, a one-year nutrition intervention, including an initial assessment and six follow-up visits every two months, was conducted with 61 participants. Of these, 51.6% were boys, the mean age was 8.5 years, and the mean time from intervention initiation to diagnosis was 13.2 weeks. After 1 year of intervention, the retention rate was 72.6%, 258 visits were held out of the 362 planned (71.6% attendance rate) and half of the participants (50.8%) had attended at least 4 follow-up visits.
In conclusion, shortly after treatment of pediatric cancer, CM health is influenced by age at diagnosis and BMI changes during treatment, and HDL metabolism by both age and doses of doxorubicin received. Biomarkers of inflammatory status may serve as an indicator of CM health in these patients. Furthermore, implementation of a nutritional intervention involving patients and parents early after diagnosis of pediatric cancer is feasible and is a strategy to prioritize to optimize CM health in this population in the short and long term. Taken together, our work contributes to improve the management and intervention methods for children and adolescents diagnosed with cancer.

Identiferoai:union.ndltd.org:umontreal.ca/oai:papyrus.bib.umontreal.ca:1866/28690
Date01 1900
CreatorsBélanger, Véronique
ContributorsMarcil, Valérie
Source SetsUniversité de Montréal
Languagefra
Detected LanguageFrench
Typethesis, thèse
Formatapplication/pdf

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