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Machiavel et le(s) machiavélisme(s) : l’esprit du droit / Machiavelli and Machiavellianism : the spirit of right

Le sens commun et la philosophie se disputent la signification qu’il convient de donner à l’œuvre de Machiavel. Le premier l’accuse d’être pire qu’un sophiste car son rôle historique serait d’avoir inoculé la perversité dans la théorie et la pratique politiques. La seconde prétend qu’il serait l’un des fondateurs de la science politique moderne qui aurait avec lucidité défini les conditions de la raison d’État. Nous essayons d’abord de rendre justice à ces interprétations qui mettent chacune en lumière un aspect fondamental de l’enseignement machiavélien : d’une part, la nécessité « d’entrer dans le mal » en politique pour sortir la société de l’anomie, et, d’autre part, l’impossibilité que le sujet qui s’y résout soit bien intentionné et bien avisé. Le sujet du machiavélisme, en effet, est dans un rapport d’étrangeté à l’institution objective de l’État et à l’universel ; il veut et pense son « stato », et non l’État. Pour autant, paradoxalement, c’est parce qu’il est doué de malignité qu’il peut participer à l’effectivité du droit. Nous essayons donc de montrer, ensuite, comment Machiavel s’est efforcé de résoudre ce paradoxe. Son originalité consiste à ne pas se fier aux réquisits idéalistes de la raison pratique : ni à ceux de la moralité sociale, ni à ceux de l’éthique conséquentialiste. Dans une perspective matérialiste, il opte au contraire pour un conseil équivoque adressé à une pluralité de destinataires ; des destinataires bornés, aux appétits opposés, mais capables de se réfréner et de se corriger mutuellement, malgré eux. Car notre thèse, enfin, est que la « république » performativement activée par ses conseils est un État non-hégélien, un régime d’équilibre écologique entre des puissances socio-politiques d’espèces différentes mais appariées. / Common sense and philosophy are arguing about the interpretation of Machiavelli’s works. The first one accuses him of being even worse than a sophist, because his historical part would have been to inoculate perversity in political practice and theory. Whereas the second one claims that he would be one of the first builders of modern political science, who would have thought with lucidity the conditions of reasons of State. At first, we try to defend the pertinency of those interpretations, which bring to light, both, a fundamental aspect of Machiavellian’s lessons: the necessity, on the one hand, of “getting into the evil” in politics, in order to rise the society out of anomie, and, on the other hand, the impossibility for the subject who resolves to do it of being well-intentioned and well-advised. The subject of Machiavellianism, indeed, is in a relation of strangeness to the objective institution of State and to universal; he wants and thinks his "stato", and not the State. Paradoxically, however, it is because he is endowed with malignity that he can take part in the effectiveness of right. We then try to show how Machiavelli strove to solve this paradox. His originality consists in not relying on the idealistic requisites of practical reason: neither those of social morality nor those of consequentialist ethics. From a materialistic perspective, he opts for an equivocal advice addressed to a plurality of recipients; narrow-minded recipients, with opposite appetites, but able to restrain and to enhance one another, in spite of themselves. Our thesis, finally, is that the "republic" performatively activated by his advice is a non-Hegelian state, an ecological balance order between socio-political powers of different but paired species.

Identiferoai:union.ndltd.org:theses.fr/2018PA100088
Date09 November 2018
CreatorsSinéty, Jocelyn de
ContributorsParis 10, Lazzeri, Christian
Source SetsDépôt national des thèses électroniques françaises
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
TypeElectronic Thesis or Dissertation, Text

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