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Reconnaissance identitaire et mouvement coopératif dans l’expérience des Inuit du Nunavik

Les coopératives évoluent dans une multitude de régions et de cultures. Plus qu’un élément secondaire, l’aspect culturel et identitaire du développement coopératif est au cœur de ses enjeux de développement et de sa définition-même. En effet, historiquement, l’implantation et le développement des coopératives ont été associés à des réalités identitaires importantes, comme l’illustrent les expériences coopératives acadiennes, basques, québécoises et inuites.
Cette thèse étudie l’expérience des 14 coopératives du Nunavik et de leur fédération. Coopératives de consommateurs multiservices, dont les membres sont presque tous Inuit, elles sont l’initiative d’acteurs variés (État, religieux, gérant de magasins). Les premières coopératives ont été mises sur pied à partir de la fin des années 1950 et ont rapidement été gérées par les Inuit eux-mêmes. Venues briser le monopole qu’avait la Compagnie de la Baie-d’Hudson, l’établissement des coopératives au Nunavik correspond également à un changement fondamental dans l’économie et la politique du territoire et des communautés qui y vivent.
Grâce à une soixantaine d’entretiens semi-dirigés et plusieurs séjours sur place, cette étude de cas suggestif permet de comprendre la contribution des coopératives membres de la Fédération des coopératives du Nouveau-Québec (FCNQ) à la reconnaissance identitaire des personnes et des collectivités touchées par leurs activités. En mobilisant la théorie de la reconnaissance et de la liberté sociale d’Axel Honneth (2000, 2014) et l’approche du triple mouvement coopératif (Draperi, 2007), l’analyse de l’expérience des coopératives du Nunavik révèle des attentes et des effets de reconnaissance associés à la reconnaissance affective, juridique et de la contribution à la société. Ces effets agissent sur différents types de capitaux, par le biais de moyens mis en place par les coopératives. Certaines conditions internes spécifiques aux coopératives influencent également la reconnaissance identitaire des Inuit.
Cette thèse contribue à une meilleure compréhension des coopératives en matière de reconnaissance identitaire et culturelle. Elle rend compte de l’imbrication des besoins et aspirations des membres et offre des précisions de définitions quant à ces deux termes centraux aux théories coopératives. De l’expérience des coopératives du Nunavik, on peut dégager le constat que la prise en compte profonde et concomitante des trois mouvements coopératifs (mouvement de pensée, mouvement social et mouvement d’entreprise) produit une reconnaissance identitaire des personnes et des collectivités. Les coopératives constituent un moyen et un lieu de reconnaissance affective (par la réponse aux besoins de base et la mise en place d’un lieu de rencontre), de reconnaissance juridique (par le biais des principes démocratiques, de responsabilisation et des valeurs d’égalité et d’équité) et de reconnaissance des particularités et compétences (par la participation de chacun à la réalisation d’une mission commune et leurs activités d’éducation et de formation). Ultimement, elles permettent aux individus et aux collectivités d’exercer leur liberté sociale et d’assurer le respect de leur dignité. / Cooperatives operate in a multitude of regions and cultures. More than a secondary element, the cultural and identity aspect of cooperative development is at the heart of its development issues and its very definition. Indeed, historically, the establishment and development of cooperatives have been associated with important identity realities, as illustrated by the Acadian, Basque, Quebecois and Inuit cooperative experiences.
This thesis studies the experience of the 14 Nunavik cooperatives and their federation. Multiservice consumer cooperatives, whose members are almost all Inuit, they are the initiative of various actors (state, religious, store managers). The first cooperatives were established in the late 1950s and were quickly managed by the Inuit themselves. Coming to break the monopoly of the Hudson's Bay Company, the establishment of cooperatives in Nunavik also corresponds to a fundamental change in the economy and politics of the territory and the communities that live there.
Through some sixty semi-structured interviews and several on-site visits, this suggestive case study allows us to understand the contribution of the member cooperatives of the Fédération des coopératives du Nouveau-Québec (FCNQ) to the recognition of the persons’ and communities’ identities affected by their activities. By mobilizing Axel Honneth's theory of recognition and social freedom (2000. 2014) and the triple cooperative movement approach (Draperi, 2007), the analysis of the experience of Nunavik cooperatives reveals recognition expectations and effects associated with emotional recognition, legal recognition and the recognition of the contribution to society. These effects act on different types of capital, through means set up by cooperatives. Certain internal conditions specific to cooperatives also influence identity recognition of Inuit.
This thesis contributes to a better understanding of cooperatives in terms of identity and cultural recognition. It accounts for the interweaving of the needs and aspirations of members and provides clarification of the definitions of these two central terms of cooperative theories. From the experience of the Nunavik cooperatives, we can see that the profound and concomitant consideration of the three cooperative movements (thought movement, social movement and business movement) produces recognition of the identity of individuals and communities. Cooperatives are a mean and a place of emotional recognition (by responding to basic needs and setting up a meeting place), of legal recognition (by means of democratic principles, mutual responsability and values of equality and equity) and of recognition of particularities and skills (through everyone’s participation in the achievement of a common mission and their education and training activities). Ultimately, they enable individuals and communities to exercise their social freedom and ensure respect of their dignity.

Identiferoai:union.ndltd.org:umontreal.ca/oai:papyrus.bib.umontreal.ca:1866/26239
Date12 1900
CreatorsMerrien, Anne-Marie
ContributorsCouturier, Yves, Guillotte, Claude-André
Source SetsUniversité de Montréal
Languagefra
Detected LanguageFrench
Typethesis, thèse
Formatapplication/pdf

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