Les enfants inuits du Nunavik ont une exposition prénatale à certaines substances organochlorées immunotoxiques plusieurs fois supérieures à celle d’enfants du sud du Québec. Cette exposition tend à diminuer dans le temps mais demeure significative et pourrait altérer certaines fonctions de leur système immunitaire. Nous avons calculé que la concentration moyenne de biphenyls polychlorés (BPC) dans le sang de cordon ombilical des nouveau- nés inuits a diminué de près de 8 % par année entre 1994 et 2001. Plusieurs substances peuvent moduler les fonctions du système immunitaire et il existe une grande variété de méthodes pour en mesurer l’effet. Parmi celles-ci, une variation de l’incidence d’infections aiguës dans une population donnée constitue une mesure valide et cliniquement significative. Afin de mesurer l’impact de cette exposition prénatale sur l’incidence d’infections respiratoires aiguës, nous avons révisé les dossiers médicaux de deux cohortes d’enfants du Nunavik (n = 199 et n = 354). Un calcul de l’incidence d’infections respiratoires à partir de la revue des dossiers pendant les cinq premières années de vie a montré une fréquence d’otites moyenne aiguës (OMA), d’infections des voies respiratoires inférieures (IVRI) et d’hospitalisations pour infections respiratoires plus élevée au Nunavik comparativement à la majorité des populations caucasiennes nord-américaines. Afin de déterminer l’effet d’une exposition prénatale aux organochlorés sur l’incidence d’infections, nous avons calculé l’association statistique entre la concentration du congénère de BPC 153 dans le sang de cordon ombilical ou le sang de la mère lors de l’accouchement et l’incidence de diagnostics d’infections respiratoires en utilisant la régression de Poisson. Les résultats tirés d’une première cohorte d’enfants suivie de 0 à 12 mois ont montré une association positive entre l’exposition aux organochlorés et l’incidence d’infections respiratoires aiguës. Cependant, l’association n’était observable que chez les enfants de moins de 6 mois et la puissance statistique n’était pas suffisante pour obtenir une association significative. Les résultats de la deuxième cohorte ont quant à eux montré une association positive statistiquement significative entre l’exposition prénatale aux organochlorés et l’incidence d’OMA et d’IVRI. Une relation dose-réponse était observable pour les OMA. Globalement, les résultats de ces études montrent qu’une proportion significative d’infections respiratoires chez les enfants ii du Nunavik d’age préscolaire pourrait être due à leur exposition prénatale à des substances organochlorées. / Inuit children from Nunavik are prenatally exposed to immunotoxic organochlorine substances (OCs) and display plasma concentrations several times higher than their counterparts from Southern Québec. This exposure tends to decrease over time but remains significantly high and could potentially alter certain immune functions. We calculated that the plasma concentration of polychlorinated biphenyls (PCB) decreased by almost 8% annually between 1994 and 2001 in Nunavik newborns. Several substances can modulate immune system functions and a wide variety of methods are available to evaluate their effects. Among them, variation in the incidence of acute respiratory infections in a given exposed population is a valid and clinically significant endpoint. To estimate the impact of exposure to OCs on the incidence of respiratory infections, we reviewed the medical charts of two cohorts of Nunavik children (n = 199 and n = 354). The calculated incidence of respiratory infections from the medical chart review during the first 5 years of life underlined a higher frequency of acute otitis media (AOM), of lower respiratory tract infections (LRTIs), and of admissions for respiratory infections, compared to most non- Inuit North-American populations. In order to determine the effect of prenatal exposure to OCs on the incidence of respiratory infections, we calculated the statistic association between plasma concentration of PCB congener 153 in umbilical cord blood or maternal blood at delivery and the incidence of diagnosed respiratory infections using Poisson regression. Results from the first cohort of children followed from 0 to 12 month of age showed a positive association between exposure to OCs and respiratory infections. However, the association was present only for children under 6 months of age and the statistical power was insufficient to reach statistical significance. Nevertheless, results from the second cohort showed a positive, statistically significant association between prenatal exposure to OCs and incidence of AOM and LRTIs. A dose-response relationship was present for AOM. Globally, these results support the hypothesis of a significant portion of respiratory infections in preschool children from Nunavik being due to prenatal exposure to OCs.
Identifer | oai:union.ndltd.org:LAVAL/oai:corpus.ulaval.ca:20.500.11794/18668 |
Date | 12 April 2018 |
Creators | Dallaire, Frédéric |
Contributors | De Serres, Gaston, Dewailly, Éric |
Source Sets | Université Laval |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | thèse de doctorat, COAR1_1::Texte::Thèse::Thèse de doctorat |
Format | 181 p., application/pdf |
Coverage | Québec (Province) |
Rights | http://purl.org/coar/access_right/c_abf2 |
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