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Logiques sociales de la pratique de la mendicité par des « mères de jumeaux » dans la ville de Ouagadougou (Burkina Faso)

Le Burkina Faso traverse actuellement une situation complexe dans un environnement dégradé marqué par la paupérisation, notamment en milieu rural. À cela s’ajoute le contexte de crise politique et économique qui a plongé les populations dans une situation de précarité plus sévère et dans une insécurité sociale sans précédent. La ville de Ouagadougou, au regard de ses atouts de capitale du pays, constitue un « refuge doré » pour de nombreuses populations en quête de meilleures conditions de vie. Cependant, Ouagadougou présente des possibilités très limitées en matière d’emplois et de logements, et le coût de la vie augmente progressivement, imposant aux citadins pauvres une recherche de stratégies d’adaptation pour la survie. Ceux qui n’arrivent pas à trouver un emploi stable exercent de petits métiers (artisans, vendeurs ambulants, réparateurs, charretiers, etc.) ou sont obligés d’exploiter d’une manière anarchique les ressources naturelles à leur portée : la coupe de bois de chauffe, le ramassage du sable, etc. D’autres encore s’adonnent aux activités illicites telles que la délinquance, la prostitution et la mendicité. Cette thèse traite de la pratique de la mendicité par des « mères de jumeaux » (MJ) à Ouagadougou. Elle s’appuie sur un relevé cartographique de trente-neuf (39) sites de mendicité, un recensement de cent-quatre-vingt-dix-huit (198) « mères de jumeaux » en situation de mendicité (MJM), des entretiens individuels menés auprès de trente-trois (33) d’entre elles, trois (3) époux de MJM et soixante-quatre (64) autres citadins. Les résultats révèlent que confrontés au sous-emploi, certains hommes dans Ouagadougou n’arrivent plus à subvenir aux besoins de leur ménage. Plusieurs d’entre eux choisissent de migrer sur des sites d’orpaillage ou vers des pays voisins, dans l’espoir de trouver du travail. Le sous-emploi des hommes ou leur absence prolongée entraîne un engagement accru des femmes dans la recherche des ressources nécessaires à la survie des membres du ménage. De plus, la difficile conciliation travail-informel, tâches ménagères et garde des enfants jumeaux rend difficile l’exercice des activités commerciales pour certaines MJ. À cela s’ajoute la fragilité du lien social en contexte urbain qui rend la précarité économique plus sévère, car elle n’est plus portée solidairement par la communauté, mais supportée par l’individu seul. Par ailleurs, l’étude révèle que la présentation des jumeaux est un fait culturel pour certains groupes socioculturels qui considèrent les jumeaux comme des enfants exceptionnels. Perçus comme des êtres divins, les jumeaux devaient être présentés à la communauté qui leur faisait alors des dons et recevait en retour leurs bénédictions. S’inspirant de cette coutume, et dans un contexte de précarité, des femmes instrumentalisent ces dispositions culturelles pour survivre. / Burkina Faso is currently facing a complex situation in a degraded environment, and with the impoverishment of the rural environment. In addition, the political and economic crisis has plunged people into a more severe situation of precariousness and unprecedented social insecurity. Ouagadougou, given its assets as the country's capital, constitutes a "golden refuge" for many populations in search of better living conditions. However, Ouagadougou has very limited employment and housing opportunities, and the cost of living is gradually rising, requiring the urban poor to seek coping strategies for survival. Those who cannot find a stable job either work in small trades (craftsmen, street vendors, repairers, cart drivers, etc.) or are forced to exploit in an uncontrolled way the natural resources within their reach: cutting firewood, collecting sand, etc. Still others are involved in illegal activities such as delinquency, prostitution and begging. This thesis deals precisely with the practice of begging by "mothers of twins" in the city of Ouagadougou. It is based on a mapping of thirty-nine begging sites, a census of one hundred and ninety-eight "mothers of twins" in begging situations, individual interviews conducted with thirty-three "mothers of twins" in begging situations, three spouses of "mothers of twins" in begging situations and sixty-four other urban residents. The results reveal that faced with underemployment, some men in the city of Ouagadougou are no longer able to provide for their households. Many of them choose to migrate to gold panning sites or to neighbouring countries in the hope of finding work. The underemployment of men or their prolonged absence leads to an increased involvement of women in the search for the resources necessary for the survival of household members. In addition, the difficult work-informal balance, household chores and childcare for twin children makes it difficult for some "mothers of twins" to carry out commercial activities. In addition, the fragility of the social bond in an urban context makes economic precariousness more severe, because it is no longer supported in solidarity by the community but supported by the individual alone. In addition, the study reveals that the presentation of twins is a cultural fact for some socio-cultural groups who consider twins to be exceptional children. Perceived as divine beings, the twins were to be introduced to the community, which then gave them gifts and received their blessings in return. Inspired by this custom, and in a context of precariousness, women use these cultural provisions to survive.

Identiferoai:union.ndltd.org:LAVAL/oai:corpus.ulaval.ca:20.500.11794/38300
Date13 March 2020
CreatorsOuedraogo Sawadogo, Honorine
ContributorsBadini-Kinda, Fatoumata, Marcoux, Richard
Source SetsUniversité Laval
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
Typethèse de doctorat, COAR1_1::Texte::Thèse::Thèse de doctorat
Format1 ressource en ligne (xii, 300 pages), application/pdf
CoverageBurkina Faso
Rightshttp://purl.org/coar/access_right/c_abf2

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