Titre de l'écran-titre (visionné le 6 novembre 2023) / Dans la région des Caraïbes, depuis la baie de Port-au-Prince, on peut encore observer le tracé d'une ancienne cité coloniale qui fut la capitale de la riche colonie française de Saint-Domingue (1770-1804), la partie occidentale de l'île d'Haïti. Elle est actuellement la capitale de la République d'Haïti et le siège du gouvernement. À première vue, ce lieu à forte charge historique et mémorielle est une impressionnante concentration urbaine confusément organisée et entretenue. Qu'y a-t-il dans le paysage urbain historique de la ville de Port-au-Prince à sauvegarder, à montrer et à transmettre aux générations futures du point de vue de l'histoire, de la mémoire et du patrimoine ? Cette ville-capitale qui se réinvente chaque jour, contre le gré de tous, se reproduit singulièrement en avalant tous les morceaux de territoires qui l'environnent. En admettant que les dysfonctionnements urbains en cours proviennent d'un passé très complexe, cette étude s'intéresse à la question suivante : qu'est-ce qui fait patrimoine, que ce soit pour les classes privilégiées ou les masses urbaines de Port-au-Prince ? Les politiques patrimoniales et mémorielles combinées et le processus de patrimonialisation sélective et inégale s'ajoutant aux modes d'appropriation conflictuelle des espaces publics offrent une belle perspective à l'ethnologie historique de cet espace social vécu. Sans pouvoir mobiliser avec exhaustivité le passé de cette ville, cette thèse examine les fondements du narratif de sa mémoire patrimoniale. Ceux qui discriminent ce qui est patrimoine de ce qui ne l'est pas. Par un examen de la circulation des notions de patrimoine et de la mémoire entre les fractions sociales urbaines de Port-au-Prince, cette recherche invite à réfléchir aux difficultés du processus de patrimonialisation dans cet espace. À l'aide d'une historiographie critique de l'évènement fondateur de 1492, cette dissertation doctorale interprète les usages du patrimoine héroïque et l'invisibilisation de figures historiques traitées comme « ordinaires » dans la scénographie du passé de la ville contemporaine de Port-au-Prince. Ce travail déploie son argumentaire à partir des dispositifs du mythe fondateur de la nouvelle nation haïtienne. Les points qu'il soulève interrogent les modes d'appropriation en cours de l'héritage précolonial, colonial et postcolonial. Les limites de ces représentations de l'histoire pour faire un « commun » partagé y sont discutées à l'épreuve d'une ville inventée en 1749 par la modernité coloniale mais qui poursuit cette expérience par la colonialité de son territoire. / In the Caribbean region, from the bay of Port-au-Prince you can still observe the layout of a former colonial city which was the capital of the rich French colony of Saint Domingue (1770-1804), the western part of the Island of Haiti. It is currently the capital of the Republic of Haiti and the seat of government. The first view of this place, charged with history and memory, reveals an impressive urban concentration that is confusedly organized and maintained. What is in the historic urban landscape of the city of Port-au-Prince to be safeguarded, shown, and transmitted to future generations from the point of view of history, memory, and heritage? This capital city which [re]invents itself every day, against everyone's wishes, [re]produces itself singularly by swallowing up all the pieces of territory that surround it. Admitting that the current urban dysfunctions come from a very complex past, this study focuses on the following question: what constitutes heritage for the privileged classes or the urban masses of Port-au-Prince? The combined heritage and memory policies, the process of selective and unequal heritagization added to the conflicting modes of appropriation of public spaces, offers an original perspective to the study of the historical ethnology of this singular social and lived space. Rather than providing an exhaustive account of the past of this city, this thesis examines the foundations of the narrative of its heritage memory. It examines that which discriminates between what is heritage and what is not. Through an examination of the circulation of the notions of heritage and memory between the urban social fractions of Port-au-Prince, this research invites us to reflect on the difficulties of the heritage process in this space. Using a critical historiography of the founding event that occurred in 1492, this doctoral dissertation interprets the uses of heroic heritage and the erasure of historical figures treated as "ordinary" in the scenography of the past of the contemporary city of Port-au-Prince. This work deploys its argument from the devices of the founding myth of the new Haitian nation. It raises questions about the current modes of appropriation of the [pre]colonial, colonial and postcolonial heritage. The limits of these representations of history to make a shared "common" are discussed against the test of a city invented in 1749 by colonial modernity but which continues this experience through the coloniality of its territory.
Identifer | oai:union.ndltd.org:LAVAL/oai:corpus.ulaval.ca:20.500.11794/128625 |
Date | 25 March 2024 |
Creators | Bien-Aimé, Kesler |
Contributors | Turgeon, Laurier |
Source Sets | Université Laval |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | COAR1_1::Texte::Thèse::Thèse de doctorat |
Format | 1 ressource en ligne (xvi, 412 pages), application/pdf |
Coverage | Haïti -- Port-au-Prince., Haïti., 1791-1804 (Révolution) |
Rights | http://purl.org/coar/access_right/c_abf2 |
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