Aux confluences historiques et conceptuelles de la modernité, de la technologie, et del’« humain », les textes de notre corpus négocient et interrogent de façon critique lespossibilités matérielles et symboliques de la prothèse, ses aspects phénoménologiques etspéculatifs : du côté subjectiviste et conceptualiste avec une philosophie de laconscience, avec Merleau-Ponty ; et de l’autre avec les épistémologues du corps ethistoriens de la connaissance Canguilhem et Foucault. Le trope prometteur de laprothèse impacte sur les formations discursives et non-discursives concernant lareconstruction des corps, là où la technologie devient le corrélat de l’identité. Latechnologie s’humanise au contact de l’homme, et, en révélant une hybridité supérieure,elle phagocyte l’humain du même coup.Ce travail d’anthropologie bioculturelle (Andrieu, 1993; Andrieu, 2006; Andrieu,2007a), au croisement d’une sociologie des sciences (Latour, 1989), ou encore d’uneanthropologie des sciences (Hakken, 2001), se propose en tant qu’exemple de lacontribution potentielle que l’anthropologie biologique et culturelle peut rendre à lamédecine reconstructrice et que la médecine reconstructrice peut rendre à la plastique del’homme ; l’anthropologie biologique nous concerne dans la transformation biologiquedu corps humain, par l’outil de la technologie, tant dans son histoire de la reconstructionmécanique et plastique, que dans son projet d’augmentation bionique. Nous établironsune continuité archéologique, d’une terminologie foucaldienne, entre les deux pratiques.Nous questionnons les postulats au sujet des relations nature/culture, biologie/contextesocial, et nous présentons une approche définitionnelle de la technologie, pierreangulaire de notre travail théorique. Le trope de la technologie, en tant qu’outil adaptatifde la culture au service de la nature, opère un glissement sémantique en se plaçant auservice d’une biologie à améliorer. Une des clés de notre recherche sur l’augmentationdes fonctions et de l’esthétique du corps humain réside dans la redéfinition même de cesrelations ; et dans l’impact de l’interpénétration entre réalité et imaginaire dans laconstruction de l’objet scientifique, dans la transformation du corps humain.Afin de cerner les enjeux du discours au sujet de l’« autoévolution » des corps, lesthéories évolutionnistes sont abordées, bien que ne représentant pas notre spécialité.Dans le cadre de l’autoévolution, et de l’augmentation bionique de l’homme, la7somation culturelle du corps s’exerce par l’usage des biotechnologies, en ruptureépistémologique de la pensée darwinienne, bien que l’acte d’hybridation évolutionnistesoit toujours inscrit dans un dessein de maximisation bionique/génétique du corpshumain. Nous explorons les courants de la pensée cybernétique dans leurs actions detransformation biologique du corps humain, de la performativité des mutilations. Ainsitechnologie et techniques apparaissent-elles indissociables de la science, et de sonconstructionnisme social. / Situated at the historical and conceptual crossroads of modernity, technology and the“human”, this thesis will negotiate and critique the material and symbolic possibilities ofthe prosthesis, together with its phenomenological and speculative aspects. This workwill be undertaken on the one hand from a subjectivist point of view, using Merleau-Ponty and his conceptualist philosophy of consciousness; and on the another from aviewpoint based on epistemologists of the body and historians of knowledge such asCanguilhem, and Foucault. The promising trope of the prosthesis has an impact ondiscursive and non-discursive structures related to the reconstruction of the body, wheretechnology becomes the correlate of identity.This work in Biological Anthropology (Andrieu, 1993, 2006, 2007), interwining withSociology of Sciences (Latour, 1989) and Anthropology of Sciences (Hakken, 2001), isproposed as an example of the potential contribution which biological and culturalanthropology can make to reconstructive medicine and which reconstructive medecinecan make to human corporeality ; Biological Anthropology allows us to study theprocess of the human body’s biological modification, via technology and theincorporation of biomaterial into the body, through the medical history of mechanicaland plastic reconstruction, and through the cybernetic project of bionic augmentation.An archeological continuity, to use Foucault’s terminology, will be established betweenboth practices.We will question the postulates at stake in the relationships between nature and culture,biology and social context, and will present as a cornerstone of our theoretical work awide range of definitional approaches. The trope of technology as an evolutionaryadaptative tool of culture in the service of nature allows a semantic slide whereby itbecomes a tool to improve one’s biology. One of the keys of our research into thetransformation of the human body in medical practices is the very redefinition of thoserelationships; another is the impact of the interpenetration of reality and imaginary in theconstruction of the scientific object and the transformation of the human body.8In order to locate what is at stake in the discourse on “auto-evolution”, evolutionarytheories are tackled, albeit from a non-specialist outlook. In the context of autoevolutionand bionic augmentation of the human, the cultural somatic modification ofthe body
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2010AIX20678 |
Date | 10 September 2010 |
Creators | Nicogossian, Judith |
Contributors | Aix-Marseille 2, Boetsch, Gilles |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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