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VIH : comment la recherche en épidémiologie s'est orientée de l'évaluation thérapeutique au dépistage et à la prévention

Dans les années qui ont suivi l'apparition de l'infection par le VIH, la priorité était donnée à la recherche thérapeutique. Depuis l'introduction des trithérapies antirétrovirales en 1996, la mortalité et la morbidité liées du VIH ont fortement chuté. Cependant, l'épidémie reste très active, notamment chez les hommes ayant des relations sexuelles avec d'autres hommes (HSH), signifiant la nécessité d'un changement de paradigmes en termes de dépistage et de prévention. Cette thèse suit l'évolution d'une partie de la recherche en épidémiologie du VIH dans les pays du Nord, en s'intéressant d'abord à l'efficacité des traitements pour ensuite s'orienter vers les limites et les nouvelles stratégies de dépistage du VIH et enfin aborder le thème de la prévention. Elle regroupe cinq études épidémiologiques conduites en France.La première étude, conduite chez 175 patients infectés par le VIH-1 et naïfs de traitement antirétroviral, a montré que le lopinavir/ritonavir était efficace quelques soient les polymorphismes portés par la protéase virale. La seconde étude, basée sur un modèle économique prenant en compte l'évolution des pratiques médicales et l'impact des nouveaux traitements a montré que le coût des soins relatifs au VIH est 535000€ par patient (coût actualisé : 320700€) pour une espérance de vie de 26,5 ans dans les conditions actuelles de prise en charge. Elle met en évidence que le coût annuel d'un patient est d'autant plus élevé qu'il débute la prise en charge à un stade avancé de la maladie (21600€/an s'il accède aux soins en stade sida ou avec un taux de CD4<200/mm3 vs. 19400€ avec un taux de CD4>500/mm3, coûts non actualisés). La troisième étude portant sur 1008 patients VIH nouvellement diagnostiqués, a montré que 93% des patients avaient consulté un médecin généraliste dans les trois années qui précèdent le diagnostic de VIH et que 82% des patients inclus qui consultaient pour des symptômes associés au VIH durant cette période avaient une opportunité manquée de proposition de dépistage du VIH. De même, 55% des HSH qui mentionnaient à une structure de soins leur appartenance à ce groupe à risque, avaient une opportunité manquée de dépistage. La quatrième étude a évalué un dépistage communautaire du VIH auprès des HSH (532 HSH ont été testés dans le cadre de l'étude). Ce dépistage a atteint des personnes à risque d'acquisition du VIH dont un tiers se dépistait peu dans les autres structures de dépistage. Parmi les 15 hommes testés positif (2,8%), 12 (80%) ont reçu la confirmation de leur séropositivité pour le VIH et ont été liés aux soins (médiane des CD4 =550/mm3). La cinquième étude, basée sur un design cas-témoins et menée chez les HSH dans le Nord (53 cas de syphilis précoce et 90 témoins) a mis en évidence la fellation réceptive sans préservatif et l'utilisation de jouets sexuels anaux comme principaux facteurs de risque de la syphilis. Nos résultats montrent les limites des stratégies actuelles de dépistage et sont en faveur d'un dépistage systématique du VIH en routine dans les structures de soins primaires, d'une extension de l'offre de dépistage pour les populations à risque spécifique et d'une prévention renforcée axée sur les mesures de réduction des risques du VIH mais aussi des IST. A l'ère des traitements antirétroviraux efficaces, bien tolérés, mais coûteux, le dépistage et la prévention sont des enjeux de poids dans la maitrise de l'épidémie.

Identiferoai:union.ndltd.org:CCSD/oai:tel.archives-ouvertes.fr:tel-00689884
Date19 December 2011
CreatorsChampenois, Karen
PublisherUniversité du Droit et de la Santé - Lille II
Source SetsCCSD theses-EN-ligne, France
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
TypePhD thesis

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