Le vêtement s'inscrit dans une dynamique précise, répondant en cela à des questions qui se rapportent aux conditions et aux modes de vie de ses usagers, c'est-à-dire l'univers domestique. Inscrivant notre recherche dans une perspective d'ethnologie historique, nous partons avec l'hypothèse que le vêtement (la robe) féminin bourgeois de la fin du XIXe siècle fait partie intégrante d'un système vestimentaire et que, de ce fait, est le reflet de la culture d'une certaine bourgeoisie. Dans cette optique, nous avons entrepris l'analyse de 236 robes illustrées dans le corpus de photographies du fonds Notman pour en déterminer les tendances stylistiques et morphologiques, les avons confrontées avec celles retrouvées dans les planches de mode des hebdomadaires montréalais L'Opinion publique et le Canadian Illustrated News, et finalement situées dans un contexte plus large de consommation abordé par la lorgnette des annonces publicitaires publiées dans les deux hebdos. Notre avons démontré dans notre étude que la robe bourgeoise s'inscrit effectivement dans un système vestimentaire, balisé par une époque, un lieu et un contexte donnés. Si au niveau morphologique les mouvements sont plus aisés à identifier, au niveau décoratif les variances sont plus nombreuses, résultant de la capacité de s'identifier avec une marge de manœuvre et reflétant en cela toute la dynamique du fait vestimentaire qui positionne l'individuel vis-à-vis le collectif, le fait d'habillement vis-à-vis le fait de costume. En marge de ces constats morphologiques et décoratifs, nous avons démontré que les mouvements et les tendances répertoriés correspondent à ce qui était véhiculé par les planches de mode retrouvées dans les deux hebdomadaires, véritable étalon par lequel la femme pouvait affirmer son adhérence à la collectivité (fait de costume) ou confirmer sa volonté de se distinguer (fait d'habillement). La bourgeoise montréalaise est donc à la mode! Mais être à la mode ou faire partie de la classe "fashionnable" ne se limite pas au stricte apparat vestimentaire; cela correspond en fait à tout un rythme de vie dans le cadre duquel de nombreuses activités prennent place. Le magasinage s'inscrit dorénavant dans la liste des activités régulières, et le journal, fidèle compagnon, devient éclaireur attitré par l'entremise duquel on s'informe des nouveautés importées. En plus d'informer sur les produits disponibles, les annonceurs créent progressivement le désir de posséder, d'acheter, de consommer. Choix d'acheter, choix de porter ; la composition de la garderobe procède du premier, le paraître du second. Phares du bon ton et du bon goût, les grands magasins positionnent dorénavant la femme dans une nouvelle dynamique de consommation par laquelle elle achète davantage le statut que le produit. Et dans ce contexte, le choix redéfinit dans un certain sens la problématique de la mode, la notion de démocratisation et de l'impact de la production et de la distribution de masse. / Québec Université Laval, Bibliothèque 2013
Identifer | oai:union.ndltd.org:LAVAL/oai:corpus.ulaval.ca:20.500.11794/28516 |
Date | 25 April 2018 |
Creators | Vallières, Nicole |
Contributors | Mathieu, Jocelyne |
Source Sets | Université Laval |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | thèse de doctorat, COAR1_1::Texte::Thèse::Thèse de doctorat |
Format | xix, 437 f., application/pdf |
Coverage | Québec (Province), 19e siècle |
Rights | http://purl.org/coar/access_right/c_abf2 |
Page generated in 0.0019 seconds