Après la tragédie de la Seconde Guerre mondiale, les mots semblent ne plus suffire pour désigner le réel. La littérature du XXe siècle invente alors un langage nouveau, qui tend vers le silence. C’est ainsi que, traumatisé par l’Histoire, Georges Perec se tourne vers une écriture du silence, manière pour lui de réfléchir au langage et à ses limites, et cette démarche est perceptible surtout dans Un homme qui dort, La Disparition et W ou le souvenir d’enfance. La première partie de cette thèse s’ouvre sur les définitions du silence, puis se propose d’examiner sa rhétorique et ses motivations, et enfin de traiter les divers aspects du blanc, l’équivalent visuel du silence. La deuxième partie se concentre quant à elle sur l’examen des techniques narratives servant à la mise en place d’une écriture du silence : les jeux de la narration liés à la présence ou l’absence du narrateur, le morcellement narratif où le silence réside à chaque arrêt, et le patchwork intertextuel dont les voix remplacent celle de l’auteur. La troisième partie aborde enfin la question de la quête autobiographique que Perec a menée de manière plus ou moins oblique. Les thèmes de l’étrangeté à soi et de l’oubli se présentent comme des éléments essentiels car c’est la perte de mémoire et d’identité qui entraîne une perte de la parole. Puisque l’écrivain ne peut pas témoigner de l’expérience concentrationnaire qu’il n’a pas vécue, il assimile cette histoire collective, écho de son histoire individuelle, à une histoire fictive. Enfin, l’écriture perecquienne est un travail de deuil : l’auteur se sert du silence comme thème et technique d’écriture pour parler de la disparition de la mère, victime de la Shoah. / After the tragedy of the Second World War, words seem insufficient to represent reality. The authors of the 20th century have invented a new language that tends towards silence. Traumatized by history, Georges Perec thus turns to writing about silence. Through writing about silence, Perec contemplates the language and its limits; this approach is noticed particularly in Un homme qui dort, La Disparition and W ou le souvenir d’enfance. The first part of this thesis deals with the definitions of silence, then examines the rhetoric and motivations of silence. The different aspects of “the blank”–visual equivalence of silence–are also taken into account. The second part focuses on the narrative techniques implemented for the writing of silence. These techniques include the dynamic of narrative voices connected to the narrator’s both presence and absence; a fragmented narrative where silence exists after certain breaks; and the replacement of the author’s voice by an intertextual patchwork. The third part investigates Perec’s autobiographical elements which are more or less obliquely presented. Perec’s own alienation and forgetfulness are employed as key factors contributing to the uniqueness of silence as loss of memory and identity undermines the ability to speak. Since the author could not testify the trauma in the concentration camp through first-hand experience, he transforms collective history, echoing his individual history, into fictional history. Finally, Perec’s writings can be regarded as a literature of mourning: the silence, deployed as themes and literary techniques, is an instrument for recounting the loss of Perec’s own mother—a Shoah victim.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2019SORUL058 |
Date | 03 July 2019 |
Creators | Dolparadorn, Suwanna |
Contributors | Sorbonne université, Reggiani, Christelle |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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