Dans la plupart des pays francophones de l’Afrique de l’Ouest et centrale, les politiques de lutte contre le sida semblent davantage avoir été suscitées par des financeurs internationaux qu’elles ne sont le fruit de mobilisations collectives. Le Bénin est sur ce point emblématique. Les conditions d’émergence des acteurs associatifs béninois conduisent à leur implication dans l’action publique de lutte contre le sida selon une logique de « professionnalisation ». L’idée développée est que ce processus résulte d’une adaptation aux contraintes imposées par les bailleurs et qu’il n’est pas neutre. Il a des effets politiques et contribue à la redéfinition de relations de pouvoir, tant au sein de l’espace de la lutte contre le sida que dans les arènes locales dans lesquelles les acteurs associatifs sont implantés. Ces effets sont masqués par un phénomène de neutralisation politique entretenu par la focalisation des acteurs sur des enjeux techniques. Ils sont pourtant bien réels. Les mobilisations collectives sont mises à distance. Des groupes sociaux favorisés (les akowé), en investissant les ONG et les associations locales, acquièrent de nouvelles positions de pouvoir. Leur maîtrise des instruments promus par les bailleurs, indicateur majeur de leur professionnalisation, participe grandement à la construction de leur légitimité à occuper ces positions. Enfin, l’usage des instruments en question peut avoir des effets en termes de gouvernement des corps, les acteurs associatifs renforçant alors leur contrôle sur les séropositifs et participant à la construction de la population comme objet de connaissance et de gestion à distance. / In most of West and Central African French speaking countries, HIV/AIDS policies seem to have been generated more by international donors than as the result of collective mobilizations. On this matter, Benin is representative. The conditions for the emergence of the Beninese associative actors lead to their involvement in HIV/AIDS public action following a professionalization process. The central idea is that this process is non-neutral and that it results from an adaptation to the donors demands. It has political impacts and it contributes to redefine the relations of power both in the “HIV/AIDS space” and in the local arenas in which the associative actors are established. Despite their reality, those political impacts are hidden by a political neutralization effect maintained by the actors’ focusing on technical issues. Collective mobilizations are distanced. Favored social groups (the akowé) gain new positions of power by involving themselves in local NGOs and associations. The knowledge of the tools promoted by the donors, a major indicator of their professionalization, seriously helps to forge their legitimacy to occupy these positions. Eventually, the use of these former tools can have an impact in terms of government of bodies. The associative actors strengthen here their control over HIV-positive people and are part of the establishment of the population as a subject of knowledge and of remote management.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2014LIL20016 |
Date | 26 May 2014 |
Creators | Soriat, Clément |
Contributors | Lille 2, Nay, Olivier, Eboko, Fred |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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