Alors que le nombre de personnes sans-domicile n’a cessé d’augmenter depuis les années 1980, la « question SDF » a fait l’objet d’une réponse sociopolitique de plus en plus spécialisée. Afin d’analyser cette réponse, la thèse étudie la professionnalisation de la prise en charge des personnes sans-domicile en France. Elle s’appuie sur une enquête ethnographique et par entretiens (n=77) réalisée dans divers dispositifs d’accompagnement et de soins : accueil de jour, centre de santé, dispositifs de veille sociale et sanitaire, hébergements médicalisés ou non, réunions et commissions partenariales. Des analyses statistiques et archivistiques complètent l’analyse. L’étude restitue d’abord le rôle déterminant des professionnels de santé dans la formation d’un espace pluridisciplinaire et spécialisé de prise en charge. Elle se focalise ensuite sur le quotidien du travail d’accompagnement et de soin : à travers une division du travail originale, travailleurs sociaux et professionnels de santé sont engagés dans des relations de coopération et de concurrence pour répondre aux problèmes qu’ils ont à traiter. L’analyse se concentre finalement sur les modalités de régulation et d’harmonisation des pratiques et des représentations professionnelles. La formation d’une culture professionnelle commune facilite les échanges et les passages de relais entre professionnels, tout en réaffirmant les domaines de compétences de chacun. Inscrite au croisement de la sociologie des groupes professionnels et de la sociologie des politiques sociales, la thèse montre la multiplicité des mécanismes et des processus à l’œuvre dans la professionnalisation de la prise en charge des sans-domicile. Celle-ci forme une juridiction partagée entre les professionnels du travail social et de la santé qui luttent, coopèrent et se coordonnent selon des modalités et des temporalités diverses pour prendre en charge la question SDF. / While the number of homeless people keeps rising, homelessness has been tackled as a specific issue since the 1980’s. In order to study the political response that has been drawn to solve it, this dissertation analyses the professionalization of health and social care to the homeless in France. It relies on an ethnographical inquiry within various medical and social institutions, which is completed with statistical and archival materials as well as interviews (n=77). The dissertation first details the making of a multidisciplinary field addressing the issue of homelessness. It highlights the specific role of health professionals in the making and development of such a field. The study then focuses on the day-to-day medical and social work that takes place within dedicated institutions. Through a specific division of labor, medical and social workers are involved in relations of both cooperation and competition in order to solve the problems that they face. Eventually, the study addresses the issue of regulation and harmonization of professional practices and representations. Such processes depend on the making and diffusion of a common professional culture which both facilitates the exchanges between professionals and reminds them of the limits of their own expertise. Drawing on the sociology of professional groups and the sociology of social policies, this dissertation highlights the various mechanisms and processes that participate in the professionalization of health and social care to the homeless. Homelessness forms a shared jurisdiction within which social and medical workers cooperate, coordinate and compete through various ways and temporalities.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2019LIL1A014 |
Date | 30 September 2019 |
Creators | Schlegel, Vianney |
Contributors | Lille 1, Tillard, Bernadette, Duprez, Dominique |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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