Ce travail consiste en une confrontation systématique entre la théorie de la reconnaissance développée par Axel Honneth depuis une vingtaine d'années dans ses travaux et la Philosophie du droit (1820) de Hegel. Il propose de réfléchir aux problèmes que pose le statut, à la fois socio-ontologique, normatif et historique, des institutions. Trois questions en forment la trame : 1) Comment penser l'articulation entre reconnaissance interpersonnelle et institutions ? 2) Quels sont les critères normatifs définissant ce que sont de « bonnes » institutions ? 3) Quel est le diagnostic qu'il serait possible de poser sur l'évolution des sociétés modernes et de leurs principales institutions (la famille, le marché économique, l'ordre juridique, l'Etat) ?
Dans une première partie, nous exposons les grandes lignes de la théorie de la reconnaissance de Honneth. Nous y développons successivement sa « morale de la reconnaissance », la conception normative de la justice sociale qui en découle, ainsi que la manière dont Honneth appréhende l'articulation entre reconnaissance et institutions. Nous nous intéressons ensuite, dans une deuxième partie, à l'institutionnalisme éthique de Hegel dans sa Philosophie du droit. Partant d'une lecture non-métaphysique de l'œuvre berlinoise, nous défendons la thèse interprétative d'un « institutionnalisme faible » chez Hegel par opposition à un « institutionnalisme fort ». Cet « institutionnalisme faible » stipule que les principales institutions du monde éthique moderne doivent pouvoir permettre à l'ensemble des agents individuels qui les composent d'atteindre, à travers leur participation à une série de relations intersubjectives fondées sur la réciprocité de leurs droits et de leurs obligations, des formes croissantes d'autonomie rationnelle (autonomie affective dans la famille, autonomie socioprofessionnelle et juridique dans la société civile, autonomie civile et politique au sein de l'Etat constitutionnel).
Au final, il ressort de la confrontation entre théorie de la reconnaissance et institutionnalisme hégélien dans sa version « faible » que, contrairement au reproche de « surinstitutionnalisation » adressé par Honneth, la philosophie hégélienne du droit se montre toujours d'actualité s'agissant 1) de penser conjointement les deux dimensions éthiques du système objectif des institutions et des relations intersubjectives de reconnaissance, 2) de définir une série de critères normatifs concernant une « bonne » forme de vie dans les institutions, voire même 3), malgré le caractère parfois historiquement daté de son analyse institutionnelle, de poser à terme un diagnostic critique sur l'évolution « pathologique » des sociétés modernes.
Identifer | oai:union.ndltd.org:BICfB/oai:ulb.ac.be:ETDULB:ULBetd-02072011-202901 |
Date | 15 February 2011 |
Creators | Carré, Louis |
Contributors | Peeters, Christian, Timmermans, Benoit, Legros, Robert, Kervégan, Jean-François, Ferry, Jean-Marc, Honneth, Axel |
Publisher | Universite Libre de Bruxelles |
Source Sets | Bibliothèque interuniversitaire de la Communauté française de Belgique |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | text |
Format | application/pdf |
Source | http://theses.ulb.ac.be/ETD-db/collection/available/ULBetd-02072011-202901/ |
Rights | mixed, J'accepte que le texte de la thèse (ci-après l'oeuvre), sous réserve des parties couvertes par la confidentialité, soit publié dans le recueil électronique des thèses ULB. A cette fin, je donne licence à ULB : - le droit de fixer et de reproduire l'oeuvre sur support électronique : logiciel ETD/db - le droit de communiquer l'oeuvre au public Cette licence, gratuite et non exclusive, est valable pour toute la durée de la propriété littéraire et artistique, y compris ses éventuelles prolongations, et pour le monde entier. Je conserve tous les autres droits pour la reproduction et la communication de la thèse, ainsi que le droit de l'utiliser dans de futurs travaux. Je certifie avoir obtenu, conformément à la législation sur le droit d'auteur et aux exigences du droit à l'image, toutes les autorisations nécessaires à la reproduction dans ma thèse d'images, de textes, et/ou de toute oeuvre protégés par le droit d'auteur, et avoir obtenu les autorisations nécessaires à leur communication à des tiers. Au cas où un tiers est titulaire d'un droit de propriété intellectuelle sur tout ou partie de ma thèse, je certifie avoir obtenu son autorisation écrite pour l'exercice des droits mentionnés ci-dessus. |
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