Return to search

La théodicée de John Hick. Présentation et réflexions critiques

John Hick, théologien et philosophe de la religion anglais, est un auteur prolixe, peu connu cependant dans le monde francophone européen. Ces dernières décennies, il a dominé la pensée liée à la théologie traitant de la question du mal et de la justice de Dieu et cela plus spécifiquement dans le monde anglo-saxon. Alors que ses écrits récents concernent principalement le pluralisme religieux, J. Hick a d'abord travaillé la question de la théodicée en publiant Evil and the God of Love en 1966. C'est par cette monographie qu'il s'est fait connaître au monde académique anglophone. La théodicée traverse d'ailleurs l'œuvre entière de l'auteur.
La première partie de la dissertation est dévolue à la présentation de la théodicée qu'il propose. J. Hick choisit d'aborder ce thème à partir d'un long parcours historique où il s'intéresse tout spécialement à la pensée d'Augustin. Il montre ensuite les faiblesses de la théodicée augustinienne. Cette approche lui permet alors de s'inspirer de la pensée d'Irénée de Lyon et de F. Schleiermacher en vue de construire sa propre théodicée. Selon J. Hick, l'être humain a été créé à l'image de Dieu mais il n'a pas encore atteint la ressemblance. L'individu est donc un être inachevé dans un monde qui l'est tout autant. Afin d'accomplir sa destinée, l'être humain a reçu la liberté. Cette dernière lui permet d'entrer dans le « soul-making process » qui est inscrit en chaque individu. L'être humain ne s'étant toutefois pas « réalisé » lors de son parcours terrestre, la théorie hickienne présuppose non seulement une vie dans l'au-delà mais également la perspective d'un salut universel.
Au terme de cette présentation, cinq thèmes ont particulièrement retenu notre attention car ils représentent les fondements de la théodicée hickienne. Il s'agit de la dynamique « image-ressemblance », du silence de Dieu, de la christologie, de la liberté et de la grâce ainsi que de l'universalité du salut. Chacun de ces thèmes fera l'objet d'un chapitre de la seconde partie de la dissertation. Les réflexions et propositions de foi de J. Hick étant originales, éclectiques et assez dispersées tant elles balayent un large spectre d'idées, il a été nécessaire de le faire dialoguer avec plusieurs auteurs qui s'étaient également intéressés à ces diverses questions théologiques. En plus d'Irénée de Lyon et de F. Schleiermacher déjà mentionnés, il s'agit principalement, de Thomas d'Aquin, H.-U. von Balthasar, J. Dupuis, E. Gaziaux, A. Gesché, H. Jonas, J. Moltmann et A. Wénin. L'articulation de la pensée hickienne à la réflexion de ces auteurs nous a permis de démontrer certaines faiblesses de sa pensée mais également de renforcer quelques unes de ses intuitions théologiques et philosophiques. Au cours de cette recherche, nous avons constaté que, à plusieurs reprises, J. Hick s'éloignera de la tradition chrétienne. Cette prise de distance est due à son épistémologie qui se fonde sur le statut cognitif de l'expérience ainsi que sur une volonté de pluralisme religieux. J. Hick est par excellence un penseur pragmatico-empiriste soucieux du salut de chaque être humain. De plus, en rejetant la pensée augustinienne, la théodicée hickienne opère un changement d'accent en anthropologie théologique en passant d'une question des origines à la question des fins. Cette théodicée est donc téléologique et eschatologique car elle présuppose que l'être humain se réalisera au terme d'un long processus qui prendra le temps de plusieurs vies à vivre dans plusieurs univers. La vie terrestre est le commencement de ce long chemin de réalisation. L'approche hickienne de la question du mal a donc sa propre pertinence. Certaines faiblesses conceptuelles relevées au cours de la recherche peuvent être comblées lorsqu'elles sont articulées à la pensée d'autres auteurs. Sa pensée peut dès lors donner sens à la réalité souffrante des êtres humains sans pour autant prétendre résoudre la question du mal qui demeurera toujours un profond mystère qui ne se résoudra qu'en Dieu.

Identiferoai:union.ndltd.org:BICfB/oai:ucl.ac.be:ETDUCL:BelnUcetd-02132004-111801
Date27 February 2004
CreatorsCochinaux, Philippe
PublisherUniversite catholique de Louvain
Source SetsBibliothèque interuniversitaire de la Communauté française de Belgique
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
Typetext
Formatapplication/pdf
Sourcehttp://edoc.bib.ucl.ac.be:81/ETD-db/collection/available/BelnUcetd-02132004-111801/
Rightsunrestricted, J'accepte que le texte de la thèse (ci-après l'oeuvre), sous réserve des parties couvertes par la confidentialité, soit publié dans le recueil électronique des thèses UCL. A cette fin, je donne licence à l'UCL : - le droit de fixer et de reproduire l'oeuvre sur support électronique : logiciel ETD/db - le droit de communiquer l'oeuvre au public Cette licence, gratuite et non exclusive, est valable pour toute la durée de la propriété littéraire et artistique, y compris ses éventuelles prolongations, et pour le monde entier. Je conserve tous les autres droits pour la reproduction et la communication de la thèse, ainsi que le droit de l'utiliser dans de futurs travaux. Je certifie avoir obtenu, conformément à la législation sur le droit d'auteur et aux exigences du droit à l'image, toutes les autorisations nécessaires à la reproduction dans ma thèse d'images, de textes, et/ou de toute oeuvre protégés par le droit d'auteur, et avoir obtenu les autorisations nécessaires à leur communication à des tiers. Au cas où un tiers est titulaire d'un droit de propriété intellectuelle sur tout ou partie de ma thèse, je certifie avoir obtenu son autorisation écrite pour l'exercice des droits mentionnés ci-dessus.

Page generated in 0.0026 seconds