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Le pouvoir du mot : le performatif, l'événement et la traduction dans quelques textes de Jacques Derrida

Pour exprimer ou définir une idée nouvelle, Derrida détourne souvent le sens d’un mot en
se l’appropriant. La relation de Derrida avec les idées est telle que leur transmission passe
par un vocabulaire spécifique, notamment l’analyse de l’étymologie (vraie et fausse). Mais
quelle est sa conception du mot ? Quelles en sont les implications et les conséquences ?
Pour répondre à ces questions, l’approche la plus féconde consiste à suivre au plus près
celle que Derrida utilise en abordant la langue par rapport à la grammaire au sens large
(c’est-à-dire tout ce qui fait événement dans la langue). En effet, la relation entre le mot et
l’idée prend tout son sens dans l’analyse de certaines scènes bibliques, telles celles de la
Genèse ou encore du mythe de Babel. Le fameux énoncé inaugural de l’Évangile de Jean,
« Au commencement était la parole... », fait retour dans l’œuvre de Derrida, où il connaît
plusieurs variations : il mérite examen, dans la perspective d’une déconstruction du logos
et des origines de la langue. Le corpus de notre étude porte principalement sur trois textes
de Jacques Derrida : « Des tours de Babel » (L’art des confins, PUF, 1979), Schibboleth –
Pour Paul Celan (Galilée, 1986) et Donner la mort (Galilée, 1999), ces textes permettant
tous une interrogation de l’« intention » divine dans le langage. Notre visée, en privilégiant
dans l’œuvre derridienne ces « exemples » bibliques, est d’étudier la démarche de Derrida
dans la « création » d’une langue, aspect qui a toujours été inséparable de l’élaboration de
sa philosophie et auquel il a accordé la plus grande attention. À terme, ce travail se veut
une contribution à la pensée du philosophe, portant sur un aspect capital de son travail et
battant en brèche l’idée que son écriture est « absconse » ou « hermétique », alors qu’il y
va pour lui de la mise en œuvre de sa manière même de concevoir la langue. / In order to express or define a new idea, Derrida often alters the meaning of a word in
order to make it his own. Derrida’s relationship with ideas mostly expresses itself through
a specific vocabulary which finds its roots in an etymological analysis (whether true or
false). How does Derrida conceive the word? What are its implications and consequences?
In order to answer these questions, one ought to follow closely Derrida’s approach of
language through grammar in its broader sense (meaning anything which produces an
event in language). It is by the examination of biblical episodes such as Genesis or Babel’s
myth that the relationship between a word and the idea it represents is better conceived.
The inaugural sentence in the gospel of John, “In the beginning was the Word…”, is often
present in Derrida’s work, where its numerous occurrences undergo various
transformations: this requires a closer inspection, especially in retrospect of logos’s
deconstruction and the origin of language. This analysis will be based upon, amongst other
texts, Shibboleth: for Paul Celan, The Gift of Death and “Des Tours de Babel” since they
allow the possibility of a “divine intention” within language. Our objective, through a
preferential study of those biblical “examples” in Derrida’s work, is to study his creation
process pertaining to language. This aspect has always been intertwined with the
elaboration of his philosophy and he has given it the utmost attention. In the end, this
analysis presents itself as a contribution to the philosopher’s thinking, addressing a
paramount aspect of his work while disproving the idea that his writing is “unreachable”,
whereas it is, in fact, a question of how Derrida conceives language.

Identiferoai:union.ndltd.org:umontreal.ca/oai:papyrus.bib.umontreal.ca:1866/11659
Date04 1900
CreatorsBernard, Matthieu A. R.
ContributorsMichaud, Ginette
Source SetsUniversité de Montréal
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
TypeThèse ou Mémoire numérique / Electronic Thesis or Dissertation

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