Ce mémoire porte sur le dualisme sujet/objet visible dans les représentations sociales du corps maternel véhiculées par les discours portant sur la gestation pour autrui. À travers une analyse des discours juridiques, gouvernementaux et de presse, nous montrerons de quelle manière une vision objectivante du corps maternel côtoie une vision subjectivante de celui-ci et comment ce double regard constitue une condition d’émergence de la pratique étudiée. Pour ceux qui s’opposent à la pratique, la subjectivité maternelle prend place dans le corps enceint et pour les tenants, elle se situe prioritairement dans l’intention, dans le projet parental. Le corps maternel ne peut être désigné comme tel seulement s’il accompagne l’intention, sinon, il n’est qu’enceint. La littérature en science sociale est abondante quant à la manière dont les acteurs directement concernés, comme les mères porteuses, les parents d’intention et les tiers reproducteurs et reproductrices conçoivent la pratique, mais peu de recherches s’intéressent aux représentations du corps maternel, et encore moins, à la place du dualisme sujet/objet en leur sein. Ainsi, suivant la conception du corps humain et du sujet moderne, le corps reproducteur féminin est appréhendé comme une entité séparée du sujet et de nature mécanique et pathologique que l’obstétrique moderne doit contrôlée afin de soigner plus facilement le nouveau patient, le fœtus. Toutefois, en parallèle se construit un discours psychologique concevant le corps maternel comme un lieu où la subjectivité de la future mère et du futur enfant se construisent. Le corps maternel pose problème à la figure hégémonique moderne d’un sujet masculin séparé du monde, de par ses potentialités reproductives et sa position face à l’altérité qui est vécue de manière interne et corporelle. Il est donc l’objet d’un recadrage technique et discursif vers cette hégémonie. Les techniques de reproduction assistée et la gestation pour autrui sont des exemples de ce recadrage et du double processus de subjectivation et d’objectivation. Ce mémoire démontrera comment les discours sociaux sur la pratique suggérant une vision de la subjectivité maternelle fluide (priorité à l’intention) se heurtent à une vision rigide (inscrite dans le corps maternel) de celle-ci. / This thesis focuses on the subject/object dualism visible in the social representations of the maternal body conveyed by the different speeches on surrogacy. Through an analysis of governmental, legal and media discourses, we will demonstrate how an objectivating conception of the maternal body stand alongside a subjectivating conception of it and how this double glance constitutes one of the emergence condition of the studied practice. For whom who disagree with surrogacy, the maternal subjectivity take place inside the pregnant body while for the upholder, it is located in priority in the intention, the parental project. The maternal body cannot be designated as such if it doesn’t come with the intention, if not, it is only pregnant. The social literature is abundant about the way the different actors, like surrogate mothers, intentional parents, and third parties perceive the practice but limited researches take a direct interest in the social representations of the maternal body, less again in the place of the subject/object dualism in them. In this way, following the modern conception of the human body and of the subject, the female reproductive body is seen as a entity separated of the subject and with a mechanical and pathological nature that the modern obstetrics should control so it can treat the real patient, the fetus. However, in parallel, a psychological discourse is being constructed in which the maternal body is seen like a place where subjectivity of the future mother and the future child are developing. The maternal body is problematic for the hegemonic modern figure of the masculine subject separated from the world, because of its reproductive potentialities and its position in front of the alterity whom is experience in an internal and a corporal way. It is then the object of a technical and a discursive reframing towards hegemony. The assisted reproduction technologies and surrogacy are examples of this reframing and of the double process of subjectification and objectification. This paper will show how the social discourses on surrogacy that suggest a vision of a flowing maternal subjectivity (intention is priority) collide with a inflexible vision of it, that is inscribed in the body.
Identifer | oai:union.ndltd.org:umontreal.ca/oai:papyrus.bib.umontreal.ca:1866/25636 |
Date | 02 1900 |
Creators | Blier-Langdeau, Caroline |
Contributors | Lafontaine, Céline |
Source Sets | Université de Montréal |
Language | fra |
Detected Language | French |
Type | thesis, thèse |
Format | application/pdf |
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