Le Campaniforme, au sens strict, désigne un gobelet de poterie dont le profil en S lui donne une forme de cloche à l'envers. Ce type de gobelet est caractérisé à la fois par son décor d'un type très particulier et par le soin généralement apporté à sa réalisation. Par extension, le décor de ce type de gobe¬let a permis de qualifier de « campaniformes » d'autres formes céramiques et même d'autres décors relevant de la même tradition et probablement d'une évolution ou d'une reproduction des premiers. La reconnaissance de ces objets et leur définition datent du XIXe siècle. Au fur et à mesure des décou¬vertes, un assemblage mobilier « set » ou « package » s'est créé par ajouts successifs de certains objets caractéristiques découverts associés à la céramique campaniforme comme les boutons perforés en V, les plaquettes perforées appelées « brassards d'archer », les armatures de flèches à pédoncule et ailerons équarris, certains types de parure comme les pendeloques arciformes ainsi que certaines parures en or et des objets en cuivre comme les poignards à lan¬guette et les alênes bipointes de section carrée. Ces découvertes effectuées essentiellement en contexte funéraire ont conditionné pendant longtemps la réflexion sur ce phénomène interprété comme la diffusion de « biens de prestiges » liée à celle du rite de la sépulture individuelle et traduisant une hiérar¬chisation sociale en rupture avec les « images égalitaires » des sociétés du Néolithique dont il marque la fin.<br />A partir de la définition de ce « package » deux constats pouvaient être faits qui ont retenu l'attention de plusieurs générations d'archéologues. Il s'agis¬sait tout d'abord de l'apparition très rapide dans le temps au Ille millénaire et la très vaste répartition dans l'espace, du Maroc à la Pologne et d'Irlande en Sicile, de ces objets. Et ensuite de la découverte de ces objets le plus souvent dans des tombes, au moins dans les phases anciennes, les habitats, plus rares, étant quand même bien présents dans certaines régions et pour les phases récentes. Depuis plus d'un siècle la signification de ce phénomène d'ampleur conti¬nentale a été envisagée dans plusieurs régions d'Europe et sous des angles variés. Pourtant, aucun consensus n'a été trouvé à ce jour concernant la nature et l'origine même de la diffusion des gobelets.<br />Le sud-est de la France, avec plus de 300 sites inventoriés et sans doute plus de 1200 vases ornés, est l'une des régions les plus riches en vestiges campaniformes. L'analyse des assemblages et de leur contexte de découverte, fondée sur un important catalogue de données, permet de définir plusieurs ensembles campaniformes. Les modalités de l'apparition de ces ensembles, leurs relations avec les cultures locales du Néolithique final et leur développe¬ment au sein de la région sont envisagés afin d'établir leur articulation chronologique et fonctionnelle. Des comparaisons avec les autres régions d'Europe permettent de préciser les origines possibles des différents éléments qui composent ces ensembles campaniformes et d'entrevoir les grands mouvements culturels qui ont marqué l'Europe dans la seconde moitié du troisième millénaire avant notre ère. La nature de ces mouvements culturels est discutée dans son cadre chronologique qui peut être compris comme la fin du cycle néolithique ou les prémices de la Protohistoire.
Identifer | oai:union.ndltd.org:CCSD/oai:tel.archives-ouvertes.fr:tel-00087323 |
Date | 02 March 2002 |
Creators | Lemercier, Olivier |
Publisher | Université de Provence - Aix-Marseille I |
Source Sets | CCSD theses-EN-ligne, France |
Language | fra |
Detected Language | French |
Type | PhD thesis |
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